Soutenez

Île-du-Prince-Édouard: Une ado de 13 ans étudie à l’université

HO / La Presse Canadienne Photo: HO / La Presse Canadienne

CHARLOTTETOWN — L’école élémentaire était une véritable torture pour Vivian Xie. À l’âge de 7 ans, Vivian savait déjà additionner, soustraire et multiplier des nombres impairs et des décimales, pendant que ses camarades commençaient à peine à maîtriser les formes géométriques de base.

«Je les surpassais au chapitre de la quantité de savoir que je possédais», a expliqué l’adolescente lors d’un entretien téléphonique.

Vivian a appris à lire et à écrire en mandarin à l’âge de 2 ans, avant que sa famille ne quitte la Chine à destination de Charlottetown. Aujourd’hui âgée de 13 ans, elle vient de compléter sa première année à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UPEI).

Cette adolescente amicale et mature n’avait que 12 ans lorsqu’elle a entamé ses études universitaires, et si la tendance se maintient, elle pourrait obtenir son diplôme en biologie avant d’avoir le droit de conduire une voiture.

Jusqu’à présent, l’université n’a rien pour lui faire peur: elle a complété son premier semestre avec des notes supérieures à 91 pour cent dans toutes les matières.

«Je m’attendais à un peu plus de stress qu’au secondaire, a-t-elle confié. Des fois, j’ai eu l’impression (qu’à l’université), je n’avais pas assez de travail.»

Quand elle n’étudiait pas pour ses examens, Vivian lisait pour prendre de l’avance. Elle a engrangé quelques crédits avec une mineure en anthropologie. Et elle s’est fait quelques amis en chemin.

Larry Hale, qui enseigne la biologie à l’UPEI et qui a été son professeur au dernier semestre, estime qu’elle n’est en rien différente des autres nouveaux étudiants.

«J’ai un peu été pris par surprise quand je l’ai rencontrée, a-t-il admis. Elle était vraiment comme quelqu’un qui arrive du secondaire. Elle se comporte de manière très mature.»

Même si elle est incroyablement douée pour son âge, Vivian assure que son enfance n’a pas été tellement différente de celle des autres enfants.

Mais au lieu de faire du sport comme ses camarades, Vivian passait ses après-midi à la bibliothèque. Elle aime lire, peindre et dessiner, et aussi jouer au ping-pong. Elle a assisté à des fêtes d’anniversaire et à des événements de financement avec ses amis plus âgés.

Vivian affirme que son amour de l’apprentissage lui vient de sa grand-mère, qui enseignait la biologie au secondaire.

«Elle m’enseignait, quand j’étais très jeune, de la matière de niveau secondaire, a-t-elle dit. Et elle faisait ça à mon insu. On allait au parc et elle inventait un jeu et je ne savais même pas que j’étais en train d’apprendre.»

Elle assure que ses parents n’ont jamais fait pression sur elle pour accélérer ses études.

«Tant qu’elle suit la bonne voie, le reste ne m’intéresse pas. Je veux qu’elle soit en santé, qu’elle soit heureuse et qu’elle contribue à la société», a expliqué sa mère, Hai Yan Jiang, lors d’un entretien téléphonique pendant lequel Vivian a servi d’interprète.

La difficulté de sauter des années scolaires

Ses parents ont toujours appuyé sa quête de savoir. Son seul obstacle: le système d’écoles publiques de l’Île-du-Prince-Édouard.

Même si elle excellait dans toutes les matières, elle explique que les responsables scolaires s’inquiétaient de sa socialisation avec des élèves plus âgés si on lui permettait de sauter plus d’une année.

C’était l’idée de Vivian de sauter des années, mais le directeur de l’école préférait en discuter avec ses parents plutôt qu’avec elle.

«Le directeur préférait vraiment la voix de mes parents à la mienne», a-t-elle expliqué.

Sa frustration demeure palpable. En décembre, elle a écrit au quotidien «Charlottetown Guardian» pour réclamer un système plus flexible.

«Imaginez que vous jouez à un jeu vidéo excitant. Vous avez battu le champion et vous êtes prêts pour l’étape suivante, mais vous découvrez que vous devez d’abord attendre que tous les joueurs aient complété ce niveau. Imaginez l’ennui que vous ressentiriez et la perte de motivation à continuer à jouer, a-t-elle écrit. C’est comme ça que ça fonctionne dans notre système d’éducation actuel.»

Si on veut que les enfants croient qu’ils peuvent décrocher la Lune, poursuit-elle, on doit leur permettre de s’envoler dès qu’ils sont prêts. Le système scolaire, ajoute Vivian, devrait être plus ouvert à la possibilité de faire sauter une ou plusieurs années aux élèves doués.

«Je m’ennuyais profondément pendant mes premières années au primaire, dit-elle dans sa lettre. Je saisissais les concepts plutôt facilement et j’attendais que l’année soit finie au lieu d’apprendre. Même s’il était simple de sauter une classe, aller encore plus loin était pratiquement impossible. Au bout d’un moment, mon intérêt a fondu de manière exponentielle.»

Au moment d’entrer en première année du primaire à Charlottetown, Vivian affirme qu’elle avait une meilleure connaissance d’elle-même que ses camarades et qu’elle comprenait les mathématiques avancées. À la fin de l’année, elle a appris l’anglais à l’école. Elle a commencé à exceller dans tous ses cours et, en deuxième année, elle avait l’impression d’en savoir plus que tous ses camarades.

En quatrième année, elle a décidé qu’elle avait besoin d’accélérer sa scolarité.

Sa famille et elle ont alors déménagé à Halifax pour qu’elle fréquente une école privée où elle pourrait sauter sa quatrième année. Après plusieurs tests, dit Vivian, on l’a classée en deuxième secondaire.

Après un bref passage dans une école secondaire de la Colombie-Britannique, où elle habitait avec sa soeur aînée, Vivian est revenue à l’Île-du-Prince-Édouard pour fréquenter l’université. Elle espère devenir vétérinaire avant l’âge de 20 ans.

Elle a refusé une offre de l’Université de Victoria en raison de la «réputation extraordinaire du programme de médecine vétérinaire» de l’UPEI, explique-t-elle.

Vivian s’accroche encore à quelques souvenirs de son enfance — comme son livre préféré, «Alice au pays des merveilles», et quelques peluches —, mais elle assure n’avoir eu aucune difficulté à s’adapter à ses camarades de classe plus âgés.

Elle a réussi à se faire quelques amis après avoir assisté à des cours avec des jeunes de 18 à 22 ans.

«La plupart d’entre eux ont obtenu leur diplôme et se sont trouvé un emploi, a-t-elle dit. Et ils ne font pas beaucoup la fête, alors je ne me sens pas trop exclue.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.