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Tarifs: Les entreprises craignent une guerre commerciale

PATRICK DOYLE / La Presse Canadienne Photo: PATRICK DOYLE / La Presse Canadienne
Armina Ligaya - La Presse Canadienne

La décision du gouvernement Trudeau d’imposer des nouveaux droits sur plusieurs produits américains pourrait convaincre les consommateurs canadiens à acheter des produits fabriqués au pays, mais les acteurs économiques craignent plutôt une hausse des coûts d’intrant et des représailles américaines.

Le président de la société alimentaire Crofter’s Food, Gerhard Latka, convient que son entreprise pourrait en profiter, mais il s’inquiète que l’industrie se retrouve dans la ligne de mire de Donald Trump.

«On a provoqué l’ours. Il y a un côté positif, mais cela ne fait pas le poids devant les risques», dit-il en faisant valoir que son entreprise exporte 80 pour cent de ses produits aux États-Unis.

Le milieu des affaires canadien pèse encore les conséquences de la nouvelle guerre commerciale déclenchée par les États-Unis qui ont décidé d’imposer des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier d’ici. Le gouvernement canadien a annoncé qu’il imposerait des surtaxes dont le montant pourrait atteindre 16,6 milliards $ sur une myriade de produits américains. Ces mesures prendront effet le 1er juillet 2018 et resteront en vigueur tant que Washington n’aura pas éliminé ses tarifs.

Les entreprises canadiennes pourraient en tirer profit, estime une professeure associée de la faculté de gestion de l’Université Ryerson, Joanne McNeish. Non seulement le prix de certains produits canadiens sera inférieur aux produits américains, mais aussi des consommateurs ou des entreprises pourraient juger opportun de faire preuve de nationalisme au moment de faire leurs achats en guise de protestation contre la décision américaine.

«Les gens vont commencer à regarder plus attentivement les étiquettes», dit-elle.

Mais la guerre commerciale nuira aussi aux entreprises canadiennes, car certains produits ne peuvent pas être remplacés facilement, croit le président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Dan Kelly.

«Cela offre peu de réconfort aux entreprises dont les chaînes d’approvisionnement ont besoin de ces produits», commente-t-il.

Plusieurs articles assujettis à la surtaxe canadienne semblent avoir été choisis pour des raisons politiques plutôt qu’économiques, souligne Mike Von Massow, un professeur associé de l’Université de Guelph.

Par exemple, les importations de yogourts, qui provienennt majoritairement du Wisconsin, l’État du président de la Chambre des représentants Paul Ryan, s’élèvent à 3 millions $. Le whisky, fabriqué au Tennessee et au Kentucky — ce dernier État étant le lieu d’élection du leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, figure aussi sur la liste des produits touchés par la mesure canadienne.

«Imposer un produit dont les importations ne dépassent pas 3 millions $ n’aura que peu d’impacts pour les consommateurs canadiens, mais il est vraisemblable que cela entraînera des conséquences pour quelqu’un ayant le numéro de téléphone de Paul Ryan. C’est une façon d’exercer des pressions sur la Maison-Blanche.»

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