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Manon Massé: Le droit à la différence

Photo: Mario Beauregard/Métro

QUÉBEC — La co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, profitera de la campagne électorale pour répandre ses idées, en assumant complètement sa propre différence et celle de son parti.

L’espoir est d’élargir la députation solidaire à l’Assemblée nationale, qui ne compte actuellement que trois élus. QS n’est toujours pas reconnu officiellement comme parti au parlement.

Le défi est de taille pour celle qui représentera la formation de gauche aux débats des chefs: QS fait du surplace dans les sondages, ne récoltant qu’environ 10 pour cent des appuis, derrière la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti québécois (PQ).

Mais à 55 ans, la politicienne atypique, co-porte-parole de QS avec Gabriel Nadeau-Dubois, compte bien gagner la confiance d’un plus grand nombre de Québécois, des jeunes, aux plus démunis et aux minorités ethniques, en passant par les péquistes déçus qu’on ne parle plus de souveraineté.

Militante féministe de la première heure, ancienne organisatrice communautaire, diplômée en théologie et fière lesbienne, Manon Massé a tenté à quatre reprises (aux élections générales de 2003, 2007, 2008 et 2012) de se faire élire dans la circonscription montréalaise de Sainte-Marie_Saint-Jacques, pour enfin être élue en 2014.

Tenace, celle qui a déjà voulu être prêtre défend les droits des femmes, des communautés LGBTQ, des personnes réfugiées et des immigrants.

En 1995, elle aide à organiser la marche «Du pain et des roses» et, cinq ans plus tard, la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, évènement qui rassemble aujourd’hui des milliers de personnes dans une cinquantaine de pays.

Après la marche des femmes, elle travaille avec Françoise David pour mettre sur pied Option citoyenne, qui fusionnera en février 2006 avec l’Union des forces progressistes pour devenir le parti Québec solidaire.

En 2011, Mme Massé prend part à la mission humanitaire «Un bateau pour Gaza», qui vise à briser le blocus par Israël et l’Égypte de la Bande de Gaza, initiative lancée par son collègue Amir Khadir, iranien d’origine et pro-palestinien.

Les questions de transport collectif, d’environnement, de santé ainsi que la souveraineté du Québec sont également au cœur de ses priorités politiques.

Le pari de l’authenticité
À l’Assemblée nationale, l’aspirante première ministre porte plusieurs dossiers, y compris celui du salaire minimum à 15 $, de la lutte aux hydrocarbures, de la parité homme-femme en politique, de la défense des femmes autochtones et des enfants transgenres.

Elle invite les Québécois à rêver «en dehors de la case» proposée par les «vieux partis», c’est-à-dire à «dépasser» le capitalisme, à s’attaquer à la surconsommation et à nationaliser les banques.

Elle se dit victime en 2014 d’intimidation physique de la part du député libéral André Drolet, qui l’aurait tenu fermement par le bras. «Viens pas jouer dans mes plates-bandes!», lui aurait-il sifflé. Le président de l’Assemblée nationale a condamné le geste de M. Drolet.

Depuis quelques mois, l’auteure du livre «Parler vrai» fait une véritable obsession de l’assurance dentaire publique et gratuite pour tous. Cet enjeu sera d’ailleurs pleinement exploité par QS en campagne électorale.

À la sortie de son livre, elle raconte qu’elle a été rejetée par sa mère en raison de son homosexualité et dit vouloir abattre les préjugés la concernant.

Elle dresse le bilan d’une carrière essentiellement passée à lutter contre les inégalités et l’injustice, en proposant sa vision pour le Québec, qui comprend notamment une «révolution» énergétique pour réduire les gaz à effet de serre (GES).

À ce sujet, en 2015, elle représente seule son parti à la COP21 de Paris, avant de se rendre, quelques années plus tard, en Catalogne pour soutenir la cause indépendantiste.

Au chapitre des mauvais coups, elle appuie en 2017 une proposition voulant que le terme «patrimoine», jugé trop machiste, soit remplacé par «héritage culturel».

Elle remporte plus tard une grande victoire lorsqu’elle convainc le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) d’abandonner son plan de reconfiguration de sa circonscription.

Marginale, se remettant ces jours-ci d’un accident de ski, elle jouit d’une popularité grandissante à l’Assemblée nationale, avec son langage coloré, sa célèbre moustache et sa tignasse blanche, qu’elle assume pleinement.

Manon Massé fait le pari de l’authenticité, et clame que son parti, qui compte aujourd’hui quelque 20 000 membres, est le véritable parti de l’avenir.

QS souhaite améliorer la qualité de vie des Québécois, notamment en faisant passer la semaine de travail à 35 heures puis à 32, en fixant l’âge de la retraite à 60 ans, et en rendant gratuits tous les transports publics d’ici 10 ans.

Le parti écarte les hausses d’impôt, tout en se disant prêt à faire un déficit, car la priorité pour Manon Massé n’est pas «d’équilibrer des colonnes de chiffres».

En cas de gouvernement minoritaire, Mme Massé pourrait avoir un rôle important à jouer au parlement, en choisissant d’appuyer ou non les propositions gouvernementales.

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Manon Massé en bref:

Née le 22 mai 1963 à Windsor, Québec

Âge: 55 ans

Conjointe de Ghislaine Goulet. Elle a deux enfants.

Militante féministe et travailleuse communautaire, diplômée en théologie de l’Université de Montréal

Élue pour la première fois le 7 avril 2014

Co-porte-parole de Québec solidaire depuis 2017

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