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Le Canada intéressé par un drone qui ne vole pas

FILE-- In this Thursday, July 21, 2011 photo a recce drone 'Euro Hawk' is moved at the air base in Manching, Germany. Germany wants to sell a second-hand drone that’s cost the country over 700 million euros ($823 million) to Canada, without many core components it needs to fly. (Armin Weigel/dpa via AP, file) Photo: The Associated Press

BERLIN — Le Canada souhaiterait acheter à l’Allemagne un drone de surveillance d’occasion auquel il manquerait plusieurs pièces nécessaires à le faire voler.

Une réponse du ministère allemand de la Défense aux législateurs du parti de l’opposition indique que Berlin a décidé de «commencer des négociations concrètes avec le Canada pour la vente des avions Euro Hawk, deux stations au sol et peut-être certaines pièces de rechange». Le tout aurait initialement été payé plus de 700 millions d’euros (plus d’un milliard de dollars canadiens).

La réponse du gouvernement allemand, datée du 19 septembre et obtenue par l’Associated Press, ajoute que le pays européen n’est pas actuellement en pourparlers avec d’autres nations ou organisations au sujet de la vente de ce drone.

Dans un communiqué publié lundi, le ministère allemand de la Défense a confirmé que des pourparlers avec le Canada étaient prévus, mais a refusé de commenter un éventuel prix ou date de vente. Les fonctionnaires de l’ambassade du Canada à Berlin n’ont pas été en mesure de commenter immédiatement.

«La question est de savoir ce qu’un acheteur ferait avec un tel avion vidé, s’est interrogé Thomas Wiegold, un journaliste allemand qui dirige le site de défense Augen Geradeaus. Sans la navigation GPS et en particulier sans systèmes de contrôle de vol, le drone serait difficilement capable de voler.»

L’Allemagne a commandé en 2000 la variante Northrop Grumman Global Hawk pour la reconnaissance longue distance, mais a ensuite annulé la commande en raison de la flambée des coûts et des révélations selon lesquelles le prototype ne serait pas certifié pour voler en Europe. Thomas de Maiziere, alors ministre de la Défense, a reconnu en 2013 que le drone avait été annulé, disant aux législateurs qu’il valait mieux avoir «une fin horrible qu’une horreur sans fin».

L’année dernière, le gouvernement a reconnu que le développement et l’acquisition du prototype, d’un capteur d’intelligence appelé «ISIS» et de pièces de rechange, et la réalisation de sept vols d’essai avaient coûté environ 681 millions d’euros depuis 2007. Vingt-quatre millions d’euros supplémentaires ont été dépensés pour préparer une reprise des vols d’essai temporaires.

Selon la dernière réponse de Berlin aux législateurs du parti de gauche, qui n’a pas encore été publiée, le drone a déjà été «démilitarisé». Cela implique le retrait de l’équipement radio de fabrication américaine, du récepteur GPS et des antennes, ainsi que de tous les systèmes de cryptage et de contrôle de vol. Plutôt que de supprimer péniblement les composants logiciels individuels, les techniciens ont choisi de procéder à une «désinstallation du matériel» en supprimant tous les disques durs contenant des logiciels sensibles aux États-Unis.

Andrej Hunko, l’un des législateurs du parti de gauche allemand qui a posé des questions au gouvernement, a déclaré que le drone n’a plus que de la «valeur de rebut».

En 1998, le Canada avait racheté au Royaume-Uni, pour 750 millions $, quatre sous-marins usagés qui ont ensuite pris l’eau et en feu. En plus de coûter la vie au lieutenant Chris Saunders, plus de 2 milliards $ ont été engloutis pour leur réparation et entretien.

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