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Les migrations climatiques: un enjeu mondial à nos portes

People survey the damage following a massive earthquake and tsunami in Palu, Central Sulawesi, Indonesia, Sunday, Sept. 30, 2018. Rescuers were scrambling Sunday to try to find trapped victims in collapsed buildings where voices could be heard screaming for help after a massive earthquake in Indonesia spawned a deadly tsunami two days ago. (AP Photo/Rifki) Photo: The Associated Press

Il existe de nombreux excellents rapports sur les effets des changements climatiques sur les migrations. Si rien n’est fait, selon un rapport de la Banque Mondiale, ce sont des millions de personnes qui devront se déplacer à cause des changements climatiques d’ici 2050. La Banque Mondiale a voulu montrer les migrants comme la face humaine des changements climatiques.

J’ai délibérément choisi le dernier rapport de la Banque Mondiale, non seulement parce que c’est le plus récent (mars 2018), mais parce que l’on ne peut certainement pas taxer la Banque Mondiale de gauchiste, d’extrémiste ou d’alarmiste.

Le rapport se concentre sur trois régions: l’Afrique sub-saharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine. Ces trois régions représentent 55% de la population des pays en développement. Juste dans ces régions, les projections de la Banque Mondiale estiment à plus de 140 millions le nombre de personnes qui devront migrer pour des causes environnementales d’ici 2050: 86 millions en Afrique (surtout de l’Ouest et Centrale), 40 millions en Asie du Sud et 17 millions en Amérique Latine. Le rapport conclut également qu’après 2050, si rien n’est fait, les migrations climatiques vont s’accélérer.

On peut penser qu’il s’agit d’estimations minimalistes dans la mesure où le rapport ne couvre que 55% de la population des régions en développement. Si on ajoutait les autres régions en développement et les régions développées où les populations vivent près des mers, le nombre de migrants climatiques serait encore plus élevé. L’étude de l’Organisation des migrations internationales (2015) suggère le chiffre de 200 millions de migrants «environnementaux» d’ici 2050.

Les trois facteurs des migrations identifiés dans le rapport de la Banque Mondiale sont la baisse de la productivité agricole, le manque d’eau et l’augmentation du niveau des eaux. Seules des actions significatives en matière de réduction des gaz à effets de serre pourraient diminuer la pression aux déplacements massifs de population. Les trois scénarios de projections adoptés dans le rapport donnent une idée de ce qui résulterait si des actions vigoureuses en matière d’environnement étaient entreprises.

Le premier scénario est qualifié de «pessimiste» et constitue le scénario de référence dans le document. C’est ce scénario qui produirait plus de 140 millions de migrants climatiques. Le deuxième scénario fait intervenir des actions de développement tout en maintenant des niveaux élevés d’émissions de gaz à effets de serre: ce scénario produirait d’ici 2050 100 millions de migrants. Si par ailleurs on combine à la fois des actions de développement et des actions visant à réduire les émissions de gaz à effets de serre, le nombre de migrants projetés diminuerait à 50 millions.

Le rapport parle surtout de migrations internes, mais on peut prévoir des débordements importants qui produiront un nombre considérable de migrations de refuge internationales.

Il devient urgent d’élargir la définition de réfugié pour inclure d’ores et déjà les réfugiés climatiques.

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