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Apparence de Fêtes

Je viens de finir mon arbre de Noël. Presque par obligation, vraiment pas par enthousiasme. Cette année, plus que jamais, cet arbre-là, je l’ai décoré pour me mettre dans l’ambiance. Peut-être pour m’enfermer de force dans un simili-temps des Fêtes qui ne s’annonce pas pour en être un. Pas de quoi célébrer cette année. Au mieux, on fera semblant de le faire, ça nous aidera peut-être à oublier. Et encore…

Pour être honnête, c’est la deuxième chronique que j’écris cette semaine. La première, fait rarissime, était prête dès vendredi midi. Juste avant que je n’ouvre la télé pour prendre une autre plonge dans l’horreur. Encore une fois, c’est un malade – très malade celui-là – qui nous a ramenés dans la réalité en faisant basculer l’Amérique tout entière dans un épouvantable cauchemar. Oui, je sais, les mots «cauchemar» et «réalité» ne devraient jamais se retrouver dans la même phrase. Mais, vu ce qui est arrivé à Newtown, je sollicite une dispense.

En cette fin d’année, ma première chronique portait sur la gentillesse. Le titre en était «Soyons fins». Pas bonasses ni sans dessein, juste fins dans le sens d’attentionnés les uns avec les autres. Pour faire un contrepoids à tout ce qui alourdit l’ambiance depuis un bout de temps. Pour freiner la poussée de colère provoquée par la libération de Guy Turcotte ou par le semblant de mère qui a noyé ses trois enfants de deux, quatre et cinq ans. Pour rayer de nos pensées, l’espace d’un moment, les témoignages insultants de candeur de certains témoins entendus à la Commission Charbonneau. Pour essayer de recoudre le tissu social qui a été déchiré lors des contestations du printemps dernier, qui ont donné lieu à des manifestations d’intolérance inédites de part et d’autre. Pour croire qu’un jour, on n’aura plus à dealer avec des Matricules 728 qui abusent de leur pouvoir et qui doivent faire les manchettes pour que leurs patrons se décident à agir. Pareil pour les officiers de toutes les religions qui s’en permettent parfois des laides et des encore plus laides.

Être assez fins pour croire qu’un citoyen qui se lance en politique est autre chose qu’un fraudeur en puissance ou un naïf qui laisse tout passer sans poser de question. Être assez fins aussi pour croire qu’il reste autre chose que l’humour trash pour nous faire rigoler. Être juste assez fins pour croire que le code légal n’a pas bouffé le code moral tout entier, qu’il reste encore un peu de place pour ce qui a de l’allure, et pas uniquement pour ce qui n’a aucun maudit bon sens. Être fins pour être fins. Rien que ça, juste assez…

Juste assez pour arrêter de se promener avec la tête rentrée dans les épaules en se demandant sans cesse quand la prochaine tuile va nous tomber dessus. Pour arrêter de se méfier de tout un chacun. Pour retrouver un semblant de paix. Vous savez, la sainte paix qu’ils nous souhaitent chaque année dans les publicités bouche-trou du temps des Fêtes. Cette paix qui ne vient pas, malgré les appels répétés.

C’est maintenant clair : l’an 2012 est loin d’avoir été génial. Tout le monde a eu droit, à différents degrés, à son service de baffes personnalisé. Ne reste plus qu’à voir arriver 2013 en se rappelant que, même dans les pires moments, il n’y a qu’une chose qui compte, et c’est la solidarité. Tiens, j’aurais dû y penser avant. De la solidarité. C’est ça qu’on se souhaite pour la prochaine année.

En tout cas, vous savez que vous pouvez compter sur moi. Juste l’écrire, je me sens déjà moins seul.

Merci d’être là…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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