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Parler pour parler

Sylvain Ménard

Comme l’aurait dit Madame Hamelin, ma voisine d’enfance qui était aussi ma voisine d’en face: «Vient qu’on sait pu quoi penser…» Parmi tous ses dons, Madame Hamelin en possédait un indiscutable pour utiliser des formules passe-partout. Et elle y faisait appel sans la moindre réserve, soit pour commencer une phrase, soit pour la finir. Ainsi, elle pouvait aborder les sujets les plus légers et les confidences les plus lourdes exactement de la même manière. Ses conversations, toujours à voix basse, étaient pimentées de «Toujours que…», de «M’a dire comme qu’on dit…» et se terminaient habituellement par l’inévitable «En tout cas, j’me comprends…» Sans le savoir, Madame Hamelin aurait pu donner des leçons de remplissage de temps aux plus grandes firmes de relations publiques. 

Madame Hamelin était aussi une femme très pieuse qui avait une opinion sur tout. Elle aurait vraisemblablement été atterrée par la décision unanime de sortir le crucifix hors de l’Assemblée nationale. «Non, mais ça se peut-tu, faire des affaires de même…» qu’elle aurait chuchoté dans la douleur, toute pâmée, en se mettant la main sur le cœur. Bien oui, ça se peut.

Dans le même ordre d’idées, après avoir entendu le message diffusé par François Legault dimanche soir, peut-être qu’elle aurait trouvé, elle aussi, que son adresse à la nation avait plutôt l’air d’une infopub cheap faite par une compagnie d’assurance vie. Digne d’un sketch du Bye Bye.

Peut-être que le sempiternel débat sur la laïcité aurait fini par avoir raison de la patience de Madame Hamelin.

Dix ans. Dix longues années à répéter les mêmes affaires en demeurant les pieds vissés sur la même case…

Dix ans, dix longues années à endurer un dialogue de sourds. Dix ans à répéter les mêmes affaires de part et d’autre, à faire du surplace, à donner des leçons sans même avoir fait ses devoirs. Dix ans à gueuler dans le vent. «C’est ben effrayant…» qu’elle aurait dit, du haut de sa grande sagesse.

De mon côté, je me contenterai d’ajouter «J’cré ben que c’est ça qui est ça…»

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Vue: la pièce ICI, une proposition fort intéressante qui est à l’affiche à l’Espace Libre jusqu’à samedi prochain. Dans notre dramaturgie, rares sont les spectacles construits autour de faits contemporains. En voici un. L’auteure Gabrielle Lessard nous offre une pièce en poupées russes (l’histoire dans l’histoire dans l’histoire…) de ce que fut et de ce que deviendra notre société d’État. Du Faubourg à m’lasse jusqu’aux condos de demain, son récit est fort bien tourné et le propos porte à réflexion. Faites vite, il ne vous reste que quelques jours pour bien faire.

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Claire Samson est la députée caquiste du comté d’Iberville. C’est elle qui, en beau maudit, avait viré les talons au beau milieu de la cérémonie lors de la présentation du premier cabinet Legault en octobre dernier. La dame croyait que le poste de ministre de la Culture et des Communications lui revenait de plein droit vu sa longue feuille de route dans le domaine. Sauf qu’à plusieurs endroits, elle a laissé un souvenir que l’on pourrait qualifier de «relativement périssable» à ses collègues. Pas tout le monde qui a trippé à son contact, disons…

Il y a une dizaine de jours, la députée Samson est allée rencontrer des parents de son comté dans une garderie de Saint-Césaire. Sur place, plutôt que de se montrer empathique face aux difficultés de ses concitoyens à joindre les deux bouts, elle aurait tenu un discours méprisant envers ceux-ci et aurait plutôt fait étalage de ses goûts pour le luxe et les belles voitures. En guise de crémage sur le gâteau, elle aurait aussi qualifié les éducatrices de l’établissement de «gardiennes». Vous voyez le genre? En politique, ils appellent ça un impair. Dans la vie courante, on dit simplement que c’est un manque flagrant de savoir-vivre le plus élémentaire.

Si la députée Samson se demande toujours comment on n’a pas su lui faire une place au sein du Conseil des ministres, nous, on devine aisément pourquoi. 

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Suis allé au baseball la semaine passée. Et deux fois plutôt qu’une, à part ça. J’ai adoré chaque minute de mes deux soirées. Dans le pire stade de balle au monde, j’irais même jusqu’à dire qu’on a fini par avoir beaucoup de plaisir, ce qui n’est quand même pas rien. Ben hâte de voir pour la suite des choses… 

Du pain et des jeux, voilà ce que nous voulons. Avec de la moutarde et un soupçon de relish.

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