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Agriculture: le Canada doit suivre les recommandations du GIEC, selon des expertes

Agriculture: une femme dans une ferme de vaches
Photo: IStock Photos

Inspirés par le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), des organismes invitent les gouvernements du Canada à repenser l’agriculture pour ralentir la crise climatique.

Dans un rapport accablant livré jeudi matin, le GIEC relève l’impact important de l’agriculture sur l’émission de gaz à effets de serre (GES). Selon le document sur lequel une centaine d’experts ont oeuvré, «jusqu’à 37%» des émissions générées par l’humain proviennent de l’industrie alimentaire.

«On entend souvent parler de transports, on entend souvent parler du secteur des énergies. Nous, notre message c’est qu’on n’y arrivera pas sans l’agriculture», avance la chercheuse Caroline Brouillette, qui travaille pour l’organisme Équiterre.

«L’agriculture a non seulement un impact climatique, mais peut faire partie de la solution. Mais ça c’est si on fait une gestion des terres intelligentes» – Caroline Brouillette, chercheuse sénior chez Équiterre

Selon une étude de la revue scientifique Nature publiée en octobre 2018, les produits animaux comptent pour 72% à 78% de l’ensemble de la production agricole mondiale.

«Ça nous montre à quel point la consommation de viande a vraiment un impact sur la question climatique», observe la chargée de campagne chez Greenpeace Canada Marie-Josée Béliveau.

Le GIEC relève qu’une diminution de la production animale en agriculture pourrait éviter «l’émission de 700M à 8G de tonnes de GES» d’ici 2050.

Le pays des prairies

Au Canada, l’effort doit être fait «à la fois sur le plan individuel que sur le plan politique» pour répondre aux préoccupations du GIEC en agriculture. C’est ce qu’avance Mme Béliveau, qui se spécialise dans l’alimentation et la nature.

«Au Canada, il y a beaucoup de régions qui perdent de plus en plus de carbone. On peut considérer 11% des sols comme gravement dégradés», ajoute Caroline Brouillette.

Elle appelle à une «agriculture régénératrice» dans les fermes à travers le pays.

«Il faut nourrir les gens de manière efficace. La meilleure façon, c’est par une alimentation principalement basée sur les plantes», constate l’experte.

«C’est sûr que, quand on y pense, nourrir un animal pour ensuite se nourrir, c’est moins efficace que se nourrir directement à base de plantes» – Caroline Brouillette

Les deux chercheuses invitent les gouvernements à mieux compenser les agriculteurs.

«Il y a des agriculteurs qui doivent modifier leur production, mais qui ont besoin d’appuis, remarque Mme Béliveau. Changer ses modes de production, ça peut engendrer des pertes économiques.»

L’experte de Greenpeace suggère aussi la mise en place de programmes plus localement.

«Est-ce que les cantines des écoles servent des repas végétariens, végétaliens? […] Une ville comme Montréal pourrait pourrait multiplier les initiatives de réutilisation de la nourriture», propose Mme Béliveau.

À quelques mois des élections fédérales, Équiterre ajoute des objectifs de recherche à ses demandes pour compenser les producteurs.

Greenpeace Canada exige pour sa part que «le Canada appuie un objectif mondial de protection d’au moins 30% des terres, des plans d’eau douce et des océans d’ici 2030».

Le Guide alimentaire, un pas en avant?

Les deux expertes interrogées s’entendent pour dire que le nouveau Guide alimentaire canadien s’avère «un pas dans la bonne direction».

«Le Guide va en lien avec la science, qui nous dit qu’une alimentation saine pour l’humain est saine pour la planète», explique Mme Brouillette.

«Plus les gens demandent une alimentation végétarienne, plus l’industrie va augmenter son offre», poursuit-elle.

Mme Béliveau réitère pour sa part le besoin que le Guide «soit accompagné d’engagements concrets».

«Mais c’est un gain qui faut qu’on conserve et qu’on encourage», affirme-t-elle.

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