Bloqué d’accès, Carles Puigdemont envisage de poursuivre le Canada
L’ancien président catalan Carles Puigdemont a envoyé une mise en demeure au ministre de l’Immigration du Canada, Ahmed Hussen, mardi. Le ministre dispose de trois jours pour lui répondre, sans quoi M. Puigdemont envisage une poursuite.
Dans la mise en demeure, dont Métro a obtenu copie, l’avocat de M. Puigdemont, Me Stéphane Handfield, affirme que si une décision d’Ottawa n’est pas rendue d’ici vendredi, «des procédures judiciaires pourront être intentés […] sans autre avis ni délai».
L’avocat soutient que ce blocage administratif cause préjudice à Carles Puigdemont, «mais également aux organisations qui souhaitent accueillir notre client au Québec». Il condamne que le dossier soit au beau fixe malgré la tenue de plusieurs échanges de correspondances entre les deux parties, entre mai et septembre dernier.
«À plusieurs reprises, le voyage au Québec de monsieur Puigdemont a dû être reporté», avance aussi Me Handfield.
Appui de la SSJB
Carles Puigdemont a l’appui de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) dans ses démarches contre le Canada. «Le Canada s’est comporté de manière exécrable dans ce dossier», martèle le président de la SSJB, Maxime Laporte.
«Depuis plus de six mois, M. Puigdemont attend que le gouvernement lui octroie son Autorisation de voyage électronique (AVE), une procédure qui prend normalement quelques jours par Internet», s’indigne-t-il aussi en entrevue à Métro.
Il dit y voir une obstruction des autorités canadiennes, témoignant d’une «complaisance» à l’égard de l’autoritarisme espagnol. L’attitude du gouvernement canadien est aberrante, soutient Maxim Laporte. Surtout quand on considère le message que cela envoie à la population.
«C’est un peu comme si on créditait manifestement l’idée saugrenue que le rôle joué par M. Puigdemont et ses collègues dans l’organisation du référendum de 2017 en Catalogne constituerait un acte criminel», dit-il.
«Au-delà de la question catalane, le Canada conteste en ce moment les droits fondamentaux du peuple québécois à disposer de lui-même». -Maxime Laporte, président de la SSJB
Si la situation est «très absurde» selon le porte-parole, elle est aussi «éminemment politique». Alors que la campagne électorale tire à sa fin, la SSJB demande aux deux aspirants premier ministres, Andrew Scheer et Justin Trudeau, de se positionner rapidement sur cet enjeu. «On les exhorte à crever l’abcès quant à leurs intentions et surtout à dissiper tout doute quant à leur position en ce qui a trait au respect du droit à l’autodétermination des peuples», renchérit M. Laporte.
Un sujet électoral
Lundi, la condamnation de neuf dirigeants indépendantistes catalans avait fait réagir le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. Il avait entre autres invité les autres chefs fédéraux à «dénoncer cette dérive autoritaire» du gouvernement espagnol. Le premier ministre Justin Trudeau, lui, avait refusé de commenter, tout comme Andrew Scheer et Jagmeet Singh.
«Je demande à tous les partis de de dénoncer l’emprisonnement politique de gens qui n’ont posé aucun geste criminel, aucun geste violent.» -Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois
Jeudi, le chef bloquiste en rajouté, parlant d’une question «de respect des droits». «Il n’y a aucune raison pour que le gouvernement n’accepte pas l’entrée à M. Puigdemont», a-t-il renchéri.
L’Espagnol s’était exilé en Belgique à l’automne 2017, après la déclaration d’indépendance de la Catalogne. Celle-ci a été jugée illégale par le gouvernement espagnol, qui a mis la Catalogne sous tutelle.
M. Puigdemont a été initialement accusé de rébellion, de sédition, de détournement de fonds publics et de désobéissance à l’autorité.