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Aide juridique: 2,6 M$ pour les victimes de violences sexuelles, un «premier pas»

La ministre Sonia LeBel, troisième à partir de la gauche, est accompagnée de trois autres femmes élues à l'Assemblée nationale.
La ministre Sonia LeBel, troisième à partir de la gauche, est accompagnée de trois autres femmes élues à l'Assemblée nationale. Photo: Josie Desmarais/Métro

Québec s’entend avec la clinique juridique Juripop pour lancer un projet pilote d’accompagnement juridique auprès des victimes de violences sexuelles sur une durée de 15 mois, jusqu’en mars 2021. Une somme de 2,6 M$ a été accordée lundi à l’organisme, qui s’affaire déjà à constituer un réseau d’avocats-partenaires «outillés pour mieux répondre aux besoins» dès le printemps.

«Il y a eu des dénonciations massives avec le mouvement #MoiAussi, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Malheureusement, pour plusieurs raisons, une majorité de personnes sont encore réticentes à dénoncer», a martelé la ministre de la Justice, Sonia Lebel.

D’après elle, c’est surtout «la méconnaissance et la complexité du système» qui en seraient la cause. «Outre le passage dans le système criminel, qui est difficile, ça peut devenir très compliqué de s’orienter dans le processus judiciaire. Ça frêne et ça empêche la dénonciation», analyse-t-elle.

Mme Lebel s’est dite «fière» d’avoir aussi pensé aux régions, «là où les besoins sont les plus criants». Des avocats seront déployés dans plusieurs municipalités à l’extérieur des grands centres.

Non-partisan

Les trois autres députées libérales, péquistes et solidaires, qui font partie du comité non-partisan sur cette question, abondent dans le même sens. «Depuis l’an dernier, on a senti les attentes augmenter de la part des milliers de victimes qui ont de grands besoins, tranche la députée de Sherbrooke, Christine Labrie. Les gens voulaient qu’il y ait une suite à nos travaux, que ce ne soit pas un rapport de plus sur les tablettes.»

Tiré d’une enveloppe dédiée aux violences sexuelles de 50 M$ annoncée dans le dernier budget provincial, cet investissement «est précieux», juge-t-elle.

«Ce sera certainement utile pour garantir un accès égal aux conseils juridiques partout au Québec. C’est un excellent premier pas.» -Christine Labrie, députée de Sherbrooke

Même son de cloche pour la députée de Joliette, Véronique Hivon, pour qui le système de justice doit commencer à «s’adapter à la réalité des victimes». «J’ai été animée d’un très grand sentiment d’urgence comme élue après la démonstration de courage extraordinaire de ces femmes. Il fallait avoir une petite parcelle de ce courage pour tout mettre en place, être à la hauteur, faire une différence», a-t-elle insisté.

«C’est un premier geste», a-t-elle aussi reconnu, appelant à la multiplication des actions gouvernementales.

Au-delà du juridique

Chez les libéraux, l’ancienne ministre de la Condition féminine Hélène David affirme que l’aide fournie «ne sera pas que juridique».

«L’accompagnement psychologique ne sera pas loin derrière. Le comité, il est multidimensionnel», a-t-elle plaidé. C’est extraordinaire que nous soyons ici, à en parler encore, à vouloir travailler.»

À la clinique Juripop, la coordonnatrice Sophie Gagnon s’est dite «émue et enthousiaste» de pouvoir continuer le combat contre les violences sexuelles.

«Dès le début de MoiAussi, on a été sur le terrain. Et ce qu’on a constaté, c’est que les besoins étaient immenses […]. La victime est souvent dans une profonde noirceur quant à ce qui s’en vient.» -Sophie Gagnon, coordonnatrice chez Juripop

Son organisme aura aussi le mandat de développer un réseau d’aide pour les victimes de violence conjugale. Depuis octobre 2018, Juripop est venue en aide à près d’une centaine de personnes dans le milieu de l’industrie culturelle.


La FMHF demande plus

Appelée à réagir, la directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), Manon Monastesse, accueille favorablement la nouvelle. Mais elle espère voir des changements tangibles dans les délais d’attente, entre autres.

«Les femmes veulent bien être soutenues et encouragées, mais si ça prend 30 mois avant d’aller en Cour, on ne règle pas le problème, déplore-t-elle. C’est extrêmement anxiogène d’attendre aussi longtemps, quand il y a constamment des reports. Il faut transformer le processus.»

Son organisme espère aussi que des fonds seront réservés à l’interprétariat pour les femmes immigrantes.

«Pour plusieurs d’entre elles qui ne parlent ni le français ni l’anglais, l’accès est encore plus ardu pour porter plainte. Ce ne sont pas des aménagements qui sont difficiles, mais ça prend de la volonté politique», conclut Mme Monastesse.

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