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Placée six fois, elle s’attaque maintenant au système de protection de la jeunesse

Melanie Maxine Doucet
Melanie Maxine Doucet Photo: François Carabin/Métro

Placée à six reprises lors de son adolescence au Nouveau-Brunswick, Melanie Maxine Doucet poursuit maintenant un doctorat sur la protection de la jeunesse au Canada. Elle souhaite voir plus de chercheurs avec des expériences similaires afin de «réinsérer l’humanité» dans le milieu.

La chargée de cours en travail social à McGill et à Concordia a grandi dans la Péninsule acadienne. Fait rare, elle «voulait être placée dans le système».

«Je me suis signalée aux services», raconte-t-elle. Après six placements différents, Mme Doucet a vécu une transition «pas facile» vers la vie adulte.

«Mais j’ai toujours eu un réseau de soutien, relativise-t-elle. […] J’aurais pu me trouver à la rue plusieurs fois, mais grâce à des amis qui me laissaient crasher sur le divan, je n’ai pas été obligée de le subir.»

«Réussite»

À l’automne 2017, la chercheuse a entamé son projet de recherche doctoral auprès de jeunes placés en Colombie-Britannique. Projet qu’elle présentait mercredi devant la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.

Sa «réussite», elle l’attribue à son réseau d’amis et de connaissances.

«C’est pour ça que ce sujet me fascine. Je suis un exemple de réussite du système. Il y a des gens qui me soutenaient peu importe, pas uniquement des travailleurs sociaux.» – Melanie Maxine Doucet, chercheuse en travail social

Continuité scolaire

À la fin de 2018, un rapport longitudinal concluait que moins de 20% des jeunes de 17 ans étaient inscrits en secondaire 5. Au contraire, 75% des jeunes de la population générale le seraient.

Melanie Doucet est consciente qu’elle fait partie d’une infime minorité. «Cest 2% et moins des jeunes placés qui se rendent au postsecondaire. Ça doit être infime au niveau doctoral», observe l’experte.

«Je suis une anomalie et ça ne devrait pas être le cas», ajoute-t-elle.

Mais la spécialiste souhaite voir plus de chercheurs comme elle. «C’est bizarre d’entendre parler des problématiques que tu as vécu avec des termes très scientifiques», constate Mme Doucet.

«Les universités ont une obligations d’engager des personnes avec des expériences de vie. Ça apporte une richesse en éducation qui n’est pas toujours là. Ça ramène toujours à cet aspect d’humanité.» – Melanie Maxine Doucet

En 2015, l’experte a mis sur pied un groupe qui rassemble des ex-placés montréalais qui ont poursuivi leurs études après le secondaire, l’Association étudiante des ancien(ne)s jeunes placés de Montréal (AEAJPM). Ils sont aujourd’hui une douzaine.

Des retards au Québec

Celle qui a visité plusieurs provinces convient que la Belle Province présente des retards en protection de la jeunesse.

«Il n’y a pas de réseau de pairs officiel et provincial. Le gouvernement du Québec devrait vraiment investir pour connecter tous les jeunes de la province à un réseau», propose Mme Doucet.

«Le Nouveau-Brunswick a une organisation du genre, poursuit-elle. La Colombie-Britannique aussi. La plupart des provinces en ont une qui reçoit du financement gouvernemental.»

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