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Les tribunaux publics

violences sexuelles

Qu’ont en commun Gilbert Rozon, Harvey Weinstein et Gabriel Matzneff?

Ils sont influents, blancs et ont tous été accusés d’agression sexuelle.

Le modus operandi qui les rassemble? User de leur pouvoir et de leur prestige. Je précise leur origine et leur statut, car le système judiciaire semble favoriser les puissants. Non pas de manière intentionnelle, mais bien parce qu’ils ont les ressources pour se payer l’accès à la justice et qu’ils n’ont pas à se heurter aux biais systémiques des acteurs du système.

La roue tourne, parfois.

Un article de l’universitaire Marc Galanter paru en 1974 avait déjà mis en évidence l’importance des ressources des «dominants» face au système judiciaire.

De par leur position sociale et leur réseau, ils connaissent mieux les rouages du système et sont mieux défendus.

Ils ont un avantage de taille face à leurs victimes, qui, elles, doivent se démener pour se faire représenter tout en ayant à combattre le poids de la culpabilité sociale et la honte.

Ces cas d’agression viennent aussi mettre en perspective la fascination de notre société pour les figures d’autorité et de pouvoir.

Plusieurs études montrent clairement les privilèges que les «Big Money People» tirent du système judiciaire: ces «riches» auraient davantage accès aux cours d’appel et suprême.

Galanter, dans son étude, a fait la démonstration que, si la justice n’était pas juste dans bien des cas et que les riches gagnaient en grande majorité, c’était en grande partie parce qu’ils savaient comment jouer devant la justice pour atteindre leurs objectifs.

Est-ce que c’est ce qu’on observe dans le cas de Rozon, qui vient de gagner une manche en faisant annuler la demande de recours collectif des Courageuses? La question se pose!

Est-ce que Jian Ghomeshi a su comment jouer la game et profiter du système à son avantage?

Est-ce qu’au final, il vaut mieux être riche et coupable que pauvre et innocent?

Ces cas d’agression viennent aussi mettre en perspective la fascination de notre société pour les figures d’autorité et de pouvoir.

Il y a quelque chose de fondamental à étudier dans nos relations et des comportements à changer afin d’éradiquer les agressions sexuelles.

Avec la montée du mouvement #moiaussi, beaucoup ont disserté sur la notion de présomption d’innocence, du droit de l’accusé et de l’importance de laisser la justice suivre son cours. Quand on voit les résultats, lorsqu’on est témoin de la réalité de toutes ces femmes que le système abandonne, on doit se résoudre à croire que la seule justice qu’il leur reste, c’est celle du tribunal de la place publique.

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