Un appel aux hommes pour freiner les violences conjugales et sexuelles
En pleine deuxième vague de la COVID-19, des organismes peinent toujours à rejoindre et à soutenir les femmes victimes de violences. Pour lutter contre ce fléau exacerbé par la crise sanitaire, Québec et le milieu communautaire lancent un appel d’urgence «à la collaboration des hommes».
«Nous faisons tous partie de la solution. Nous avons besoin de l’appui de tout le monde, y compris celui des hommes», a martelé lundi la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, qui participait au lancement d’une campagne de sensibilisation élaborée par la Fédération des maisons d’hébergement pour femme (FMHF).
L’organisme continue d’observer une forte baisse de ses taux d’occupation depuis le début de la pandémie de COVID-19. La situation est encore loin de la normale, a souligné lundi sa directrice générale, Manon Monastesse.
«Autrefois, on pouvait parler directement avec les femmes. Mais là, puisqu’elles sont avec leurs conjoints violents 24 heures sur 24, ça leur donne très peu de moments de répit pour entrer en contact avec nos services», a-t-elle lancé.
«Dans la deuxième vague, les taux d’occupation ont augmenté à nouveau, mais on n’arrive pas au même niveau [qu’avant]», a ajouté la DG de la FMHF.
Dans le contexte, la FMHF incite les hommes à «dénoncer et à sensibiliser» tout geste et tout propos violent. L’organisme a donc lancé un manifeste en ligne dans le but de fédérer les appuis à la cause. Au moment d’écrire ces lignes, près de 300 hommes l’avaient signé.
Une large campagne d’affichage dans les réseaux de transport en commun du Grand Montréal est également en cours.
Éducation
Isabelle Charest convient que le cadre éducatif actuel au Québec ne joue pas parfaitement son rôle dans la prévention des violences faites aux femmes.
«On a vraiment une augmentation des cas de violence chez les jeunes, malgré le fait qu’il y ait des cours, que des choses se fassent», indique-t-elle. La révision à venir du cours d’éthique et culture religieuse sera, croit-elle, une belle occasion d’inclure des notions sur le sujet au sein même du curriculum québécois.
«Plutôt que de traiter la pointe de l’iceberg, quand on est rendu que la femme est dans une situation de violence, il faut plutôt travailler en prévention», précise la ministre. Son gouvernement y «travaille», dit-elle.
Selon la FMHF, près de 300 femmes québécoises ont fait l’objet de tentatives de meurtre de la part de leur conjoint ou ex-conjoint dans la dernière année.