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CHSLD: des problèmes de longue date

Une ambulance devant le CHSLD Maimonides, à Côte Saint-Luc
Une ambulance arrive au Centre Hospitalier Gériatrique Maimonides, à Côte-Saint-Luc. Photo: Josie Desmarais/Métro

Dans les prochains mois, la commissaire à la santé et au bien-être dressera un portrait exhaustif de la gestion de crise sanitaire lors de la première vague de la pandémie. Mais déjà, après quelques mois d’étude, un constat est clair dans sa tête: Québec connaissait déjà les enjeux du réseau.

«Les problèmes que la crise a exacerbé étaient connus», a signifié mardi la commissaire Joanne Castonguay, qui s’est vue confier l’an dernier le mandat de faire le diagnostic de la crise dans les centres de soins de longue durée.

La commissaire présentait devant les journalistes les premiers constats de son enquête, qui doit donner naissance à un rapport final en septembre. Déjà, les coupables de la première vague sont connus: le manque de ressources, l’accès difficile à l’information et l’inefficience du système, a-t-elle évoqué lors d’un breffage technique en ligne, mardi.

Depuis le lancement de son enquête, à la fin 2020, Mme Castonguay a eu accès aux témoignages d’une centaine de travailleurs de la santé et d’usagers du réseau. Leur propos viennent la conforter dans ses premières conclusions, affirme-elle.

«Ils disent eux-mêmes que ça fait longtemps que les solutions sont connues. Comment ça qu’il n’y a pas d’imputabilité?», s’est-elle interrogée à voix haute.

«Manque»

L’appel au témoignage lancé l’automne dernier par Mme Castonguay a donné un court dossier préliminaire, publié mardi sur les plateformes de son organisme.

En compilant les propos de cette centaines de «lanceurs d’alerte», l’automne dernier, les équipes de la commissaire ont constaté qu’un mot apparaissait fréquemment dans le discours: «manque». Manque, comme dans manque de personnel.

«Le problème numéro un au Québec dans le réseau de la santé est le manque de personnel», signifie un témoin dans le rapport déposé mardi. Et ce n’est pas que de cela que les préposés en CHSLD ont manqué. Toujours selon les témoignages récoltés, l’approvisionnement en équipement de protection a longtemps fait défaut.

«L’utilisation d’EPI a été autorisée dans les CHSLD uniquement après le 8 avril! C’était déjà trop tard, le virus circulait déjà beaucoup», peut-on lire.

« Que dire de l’isolement? Les patients sont laissés à eux-mêmes dans leur chambre entre les repas, abandonnés, sans visite et avec peu d’activités. Et c’est pire l’été lorsqu’il fait chaud. Puisque les chambres ne sont pas climatisées, on ferme la toile et les rideaux. La noirceur totale. » – Témoignage issu du rapport préliminaire de la commissaire

Les résultats de la réforme?

Joanne Castonguay pointe aussi du doigt la structure organisationnelle du réseau de soins au Québec. Un de ses témoins évoque notamment la structure «incroyablement complexe et lourde» des CISSS et des CIUSSS.

Mardi, la commissaire n’a pas voulu jeter le blâme sur un seul gouvernement, quoique c’est le précédent gouvernement libéral de Philippe Couillard qui a mis sur pied la structure actuelle.

«C’est plutôt que les gouvernements qui se sont succédés n’ont pas eu le courage d’investir, a-t-elle signifié. [Réparer le système de santé], ça prend des investissements qui sont considérables, mais ça génère surtout des résultats à long terme. D’un point de vue politique, ce n’est pas tellement rentable.»

L’automne dernier, se disant prêt à opérer un virage important dans les CHSLD, Québec avait notamment nommé un gestionnaire imputable dans tous les établissements. Or, ce n’est pas la panacée, a souligné mardi Mme Castonguay.

«Ça s’imposait, mais ça ne doit pas s’arrêter là. Il y a des problèmes beaucoup plus profonds.» – Joanne Castonguay, commissaire à la santé et au bien-être

CHSLD: de nombreuses enquêtes

Un décès sur deux depuis le début de la pandémie a été constaté dans un CHSLD, au Québec. Les audits et les enquêtes les concernant sont par ailleurs multiples.

La semaine dernière s’amorçaient à Joliette les audiences de la coroner Géhane Kamel sur les décès survenus au CHSLD des Moulins de Terrebonne au cours de la pandémie. Dans les prochains mois, elle doit se pencher sur la gestion des cas de COVID-19 dans six autres établissements, dont le CHSLD Herron, qui avait fait couler énormément d’encre le printemps dernier.

Me Kamel a affiché ses couleurs en ouverture des audiences, lundi dernier, alors qu’elle a affirmé que des résidents de CHSLD au Québec avaient perdu la vie en raison d’un manque d’eau et de nourriture. Le manque de personnel est à blâmer, ont évoqué des témoins.

Dans un rapport rendu en décembre, la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, avait blâmé Québec d’avoir fait des soins de longue durée l’«angle mort» de la lutte à la crise sanitaire. La menace a été «nettement sous-évaluée», avait-elle martelé.

Le rapport déposé est la première ébauche d’un examen plus complet que doit mener dans les prochains mois le Protecteur du citoyen.

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