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Changements climatiques: des coûts exorbitants à prévoir

Photo: iStock

Les coûts aux infrastructures du Canada pourraient devenir exorbitants en raison des changements climatiques, constate l’Institut canadien pour des choix climatiques dans son rapport SUBMERGÉS : les coûts des changements climatiques sur l’infrastructure au Canada, publié hier. «Mais des mesures d’adaptation peuvent éliminer la plupart des risques et sauver des milliards de dollars», a précisé l’associé de recherche, Julien Bourque.

Le directeur de l’institut, Ryan Ness, a précisé que SUBMERGÉS est le troisième rapport d’une série portant sur les changements climatiques. Ceux-ci visent à «quantifier les plus grands coûts monétaires potentiels pour le Canada, ainsi qu’à présenter des occasions pour les gouvernements de prendre des mesures afin d’éviter ou réduire ces coûts».

Les coûts des infrastructures du Canada comme les routes, les voies ferrées, les bâtiments ou le réseau électrique pourraient augmenter de façon drastique à cause des changements climatiques. «Les coûts engendrés par les phénomènes météorologiques continuent d’augmenter, […] les infrastructures sont déjà en mauvais état et les investissements dans ces infrastructures sont au niveau le plus bas du dernier siècle. Il faudrait des centaines de milliards pour les réparer et assurer un fonctionnement optimal de l’économie canadienne», a expliqué M. Ness.

Le rapport met en évidence la nécessité pour les gouvernements de mettre des cadres normatifs pour les infrastructures. «On continue de bâtir dans des zones à risques», a expliqué M. Bourque. Par exemple, il a indiqué que 25% des propriétés du gouvernement du Canada se retrouvent dans des zones inondables centenaires et que 11% des permis récemment délivrés par la Ville de Vancouver se situent dans des zones inondables.

Le rapport prévoit que les coûts annuels de la submersion côtière vont grimper en flèche d’ici la fin du siècle atteignant 490 M$ dans un scénario d’émissions de GES élevées, 260 M$ dans le cas d’un scénario d’émissions modérées. Actuellement, le coût est évalué à 60 M$. «À l’échelle nationale, nos modèles prévoient que ces risques se traduisent par des dommages d’environ 1,3 milliard de dollars chaque année» – Extrait du rapport

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il faut établir un cadre pour opérationnaliser les bonnes mesures. Il y a trop de libertés données [aux constructions et choix de matériau], il y a beaucoup d’opportunités manquées alors que ces infrastructures vont rester pendant des dizaines voire des centaines d’années.

Julien Bourque, associé de recherche

«Les gouvernements et les autres propriétaires d’infrastructures majeures continuent de concevoir et de construire en fonction de l’environnement d’hier». Le rapport SUBMERGÉS recommande aux gouvernements de faire davantage pour s’assurer que toutes les dépenses relatives aux infrastructures s’articulent autour des objectifs de résilience et d’adaptation aux changements climatiques. Pour gagner en longévité, en résistance et réduire les réparations récurrentes, les infrastructures doivent s’adapter à leur environnement comme avec des composants plus résistants pour le réseau électrique ou d’autres mélanges de bitume pour les routes.

Selon les projections de l’institut, l’entretien et la réfection des dommages aux routes causés par les changements climatiques pourraient représenter 3,1 G$ par année d’ici 2050, soit une hausse de près de 20% par rapport aux dépenses actuelles. Ce qui se répercutera sur les résidents avec des augmentations de taxes par exemple.

Même dans le scénario d’une société carboneutre, les coûts reliés aux infrastructures devraient continuer d’augmenter jusqu’au milieu du siècle, d’après le rapport. «Les investissement dans la carboneutralité doivent s’associer avec des mesures d’adaptation et de résilience. Les optiques actuelles des gouvernements ne conjuguent pas les deux», a mentionné M. Bourque.

Déficit d’information

Le rapport met en évidence de nombreux «coûts cachés». Ceux-ci vont au-delà des «réparations de nids-de-poule ou de la reconstruction de résidences inondées», puisque cela peut affecter les évaluations foncières, la valeur des biens, les prêts hypothécaires et les primes d’assurances. Avec des risques qui augmentent, les prêteurs et les investisseurs seront moins enclins à fournir des capitaux ou exigeront des taux d’intérêt plus élevés dans les zones à risque.

En effet, selon nos estimations, d’ici 30 ans, les changements climatiques feront vraisemblablement passer le coût des dommages causés aux résidences et aux bâtiments par les inondations côtières et intérieures à 4,5 ou 5,5 G$ par année – des coûts de trois à quatre fois plus élevés qu’aujourd’hui.

Rapport SUBMERGÉS

Par exemple, environ 45 % des propriétaires au pays croient que leur compagnie d’assurance paiera pour les réparations et les travaux de reconstruction à la suite d’une inondation de surface, mais seulement 10% à 15% des ménages bénéficient réellement d’une telle couverture, est-il précisé dans le rapport.

Pour que tous les propriétaires et investisseurs comprennent les risques climatiques et en tiennent compte dans leurs décisions, les administrations doivent produire des données pratiques et cohérentes et les rendre accessibles à tous.

Rapport SUBMERGÉS

Pour que les différentes parties prenantes prennent les décisions les plus éclairées possibles, l’institut recommande que les risques climatiques liés aux infrastructures soient divulgués.

En même temps, la transition climatique va être positive dans l’ensemble mais certaines catégories de personnes ou de quartiers (zones à risque avec dépréciation de valeur immobilière) seront plus vulnérables. «Pour éviter d’alourdir le fardeau de ceux qui ont déjà peu de moyens, les administrations devraient veiller à ce que les personnes, les entreprises et les collectivités défavorisées sur le plan économique soient une cible prioritaire pour les investissements dans l’adaptation et les programmes garantissant l’accès aux assurances et au crédit.» –

Recommandation 4

Le prochain rapport, Macroéconomie, sera déposé en 2022 et il décrira les conséquences des changements climatiques sur la productivité économique et le bien-être.

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