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Pas de comprimés d’iode au Québec? Pas de panique, disent les experts

Des comprimés d'iodure de potassium Photo: Hidesy/iStock

Inquiets face au risque d’une attaque nucléaire russe ou d’un accident touchant une centrale nucléaire en Ukraine, les Européens ont été nombreux à se ruer dans les pharmacies pour se procurer des comprimés d’iode. Or, une telle ruée serait inutile au Québec, rappellent des pharmaciens. Ils mettent en garde la population contre la vente en ligne de ce médicament, qui ne se trouve pas sur le marché québécois dans les canaux habituels. 

En cas d’accident nucléaire, les comprimés d’iodure de potassium peuvent être ingérés dans le but de prévenir un cancer de la thyroïde. «Notre glande thyroïde utilise de l’iode pour fonctionner. Quand on inhale des radiations, on inhale de l’iode radioactif qui va être capturé par notre thyroïde en premier», explique le pharmacien et président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Benoit Morin.

Avec le comprimé, on s’assure que la glande thyroïde ne capte pas d’iode radioactif. «Elle est rendue trop pleine pour intégrer de l’iode radioactif et développer des cancers ou se faire irradier», poursuit-il. 

Ce «mécanisme de protection» est toutefois inutile à ingérer de manière préventive, prévient le conseiller en relations publiques de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Paul Cérat. «Ce produit ne serait à ingérer qu’en cas d’accident nucléaire, et selon certains paramètres», écrit-il par courriel.

Or, dans les dernières semaines, les pharmaciens affirment avoir reçu quelques demandes au sujet du médicament. Paul Cérat mentionne qu’il est toutefois impossible de les quantifier. Même son de cloche du côté de Benoit Morin. «Il y a eu quelques cas de pharmaciens qui ont été consultés par des patients qui voulaient en acheter», dit-il en précisant que ce sont «des cas isolés». «Ce n’est pas comme les tests rapides au mois de janvier», blague-t-il. 

Aucune vente au Québec

Or, il n’y a aucun comprimé d’iodure de potassium sur le marché au Québec. En effet, ce médicament n’est pas tenu en stock dans les pharmacies, font savoir MM. Cérat et Morin. 

De toute façon, il n’est pas nécessaire de s’en procurer pour le moment, indique le pharmacien Benoit Morin. «Il faut garder la tête froide. Il n’y a pas lieu de se procurer des comprimés», déclare-t-il.

M. Morin met d’ailleurs la population en garde contre la vente des comprimés en ligne. «Ça ne donne rien de l’acheter sur internet. On n’a aucune garantie que c’est bien de l’iodure de potassium. Ça prend des normes réglementées. Ça prend quelque chose de contrôlé et pas n’importe qui qui vend ça en prétendant que c’est de l’iodure de potassium, ou n’importe quel produit naturel qui dit que ça contient de l’iode. Ça ne marche pas comme ça», insiste-t-il. 

En cas de crise, c’est le gouvernement et les autorités sanitaires qui s’assureraient de rendre le médicament accessible aux Québécois. «Est-ce qu’il va utiliser le réseau des pharmacies ou une autre solution? Ça va dépendre de l’urgence de la situation et de la rapidité, mais la population va être avertie. Habituellement, malgré la guerre en Ukraine et les centrales, il n’y a pas lieu d’avoir une distribution en ce moment», souligne Benoit Morin. 

S’il y avait un nuage radioactif qui arrivait d’Europe, cela prendrait plusieurs jours, voire semaines, avant qu’il y ait une possibilité de contamination au Canada. «On verrait venir les choses et on aurait un temps suffisant de réaction», assure-t-il. 

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