Corps autochtones: un an après les découvertes et les chandails orange
La fête du Canada de l’année dernière a été marquée par des manifestations d’appui aux peuples autochtones, chandails orange bien visibles. La découverte de centaines de tombes d’enfants sur les sites d’anciens pensionnats avait terni la fête. Un an plus tard, le Québec vient à peine de lancer sa première fouille. Où en est le processus de réconciliation dans la Belle Province?
Au Québec, le projet de loi 79 adopté en juin 2021 permet de soutenir les familles d’enfants autochtones disparus ou décédés dans leur recherche d’informations, mais où en sommes-nous depuis un an?
Le printemps et l’été 2021 avaient été marqués par les macabres découvertes des restes de 215 enfants en Colombie-Britannique et de 751 tombes anonymes en Saskatchewan aux abords d’anciens pensionnats pour autochtones. Au Québec, une première fouille a été annoncée le 21 juin dernier. En effet, la Nation crie de Chisasibi a été la première nation a annoncé vouloir effectuer des fouilles sur les vestiges des pensionnats pour autochtones de l’île de Fort George. Ces derniers ont été les premiers à avoir été construits au Québec dans les années 1930 par les églises anglicane et catholique.
«Nous mènerons cette recherche sur le terrain, armés de la connaissance que les réponses seront difficiles pour beaucoup à l’intérieur et à l’extérieur d’Eeyou Istchee», a déclaré dans un communiqué la cheffe de la Première Nation de Chisasibi, Daisy House. «Nos enfants disparus ne sont jamais rentrés à la maison. Là où ils reposent est une terre sacrée – c’est à nous de bénir leur mémoire.»
Selon le directeur des affaires publiques et communications stratégiques de l’entreprise de consultation autochtone Acosys Services Conseils, Eric Duguay, beaucoup de communautés sont encore en réflexion quant à la tenue de potentielles fouilles. «[Les communautés] prennent le temps pour éviter d’ouvrir des plaies pour les survivants [des pensionnats]», dit-il.
Peut-être des réponses pour les familles
Depuis l’adoption de la loi 79 l’an passé, le ministère responsable des Affaires autochtones explique avoir ouvert des dossiers pour 62 familles. Ces dossiers visent à rechercher des informations au sujet de 84 enfants disparus avant le 31 décembre 1992.
Par cette loi, le gouvernement du Québec souhaite aider les familles et leurs communautés à lever le voile sur le sort de leurs enfants.
Cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière
En avril dernier, un rapport d’étape a été déposé à l’Assemblée nationale pour rendre compte des demandes effectuées. Sur les 35 premières demandes déposées à cette date, plus de la moitié (51,4%) venaient de familles innues, suivies de 28% de demandes venant de familles atikamekw.
Près de 51% des demandes concernaient des jeunes filles et 38% visaient des jeunes garçons. Pour 11% des demandes, le sexe de l’enfant disparu était incertain.
«Tous et toutes espèrent ainsi comprendre les circonstances de la disparition ou du décès des enfants, savoir où ceux-ci se trouvent, s’ils sont toujours vivants, ou connaître leur lieu de sépulture», explique le cabinet du ministre Lafrenière.
Une injonction qui prend du temps au Nouveau Vic
En mars dernier, une demande d’injonction a été déposée en Cour supérieure du Québec par six mères mohawks de Kahnawake. Elles allèguent que des vestiges archéologiques ainsi que des sépultures anonymes pourraient se trouver sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria et de l’Institut Allan Memorial.
Le juge Gregory Moore a finalement été choisi le 28 juin dernier, mais les dates d’une audience restent à déterminer. Une des craintes des Mères mohawks est que les travaux du projet Nouveau Vic commencent avant qu’une telle audience ait lieu.
«Ça pourrait aller jusqu’à la fin de l’été, voire à l’automne. […] Les Mères mohawks sont prêtes et déterminées à ce que ça se passe», explique le responsable média des Mères mohawks, Okwaraken.
Selon lui, McGill et les partenaires du projet Nouveau Vic font preuve d’un «manque de clarté» quant aux échéanciers du projet. Contactée par Métro, l’Université McGill a expliqué être «[prête] à collaborer avec les représentants des gouvernements et des communautés autochtones pour que les recherches nécessaires soient réalisées». L’université ne s’est pas avancée sur la date de début des travaux.