Sous la glace, dans le noir: les 25 ans de la crise du verglas
Lundi 5 janvier 1998. La pluie verglaçante s’abat sur Montréal et le sud du Québec. Sans s’en douter, les Québécois qui s’apprêtent à retourner au travail après les Fêtes affronteront plutôt la plus grande catastrophe naturelle de l’histoire de la province: la crise du verglas.
Le Québec recevra près de 100 mm de pluie verglaçante entre le 5 et le 10 janvier 1998. Plus du double de ce qui tombe en moyenne en une année complète.
Le bilan est catastrophique: 30 morts, 945 blessés et plus de 600 000 personnes qui doivent être relogées temporairement. Les dommages matériels avoisinent le milliard de dollars.
Le Québec dans le noir
Le réseau d’Hydro-Québec est durement malmené par la succession de tempêtes; 900 pylônes et 24 000 poteaux électriques s’effondrent sous le poids de la glace. Des transformateurs explosent et 3000 km de lignes de réseau sont à reconstruire.
Au plus fort de la crise, presque 1,4 million de foyers se retrouvent sans courant et sans chauffage. Dans le «triangle noir» situé entre Saint-Jean-sur-Richelieu, Granby et Saint-Hyacinthe, certains attendront plus d’un mois avant que le courant soit rétabli.
Dans la journée du 9 janvier, surnommée le «vendredi noir», Montréal se voit particulièrement mise à mal alors que le centre-ville est plongé dans l’obscurité. Il ne restait qu’un seul fil pour alimenter la Ville en électricité, avouera plus tard le premier ministre du Québec de l’époque, Lucien Bouchard.
Tous les ponts reliant l’île à la Rive-Sud, à l’exception du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, sont fermés le 9 janvier puisque des plaques de glace menacent de tomber de la structure. Dans une tournure dramatique des événements, les usines de filtration d’eau de la Ville cessent de fonctionner, faute de courant.
La solidarité à l’œuvre
Dès les premiers jours de la crise, Lucien Bouchard livre quotidiennement un point de presse sur l’état de la situation, flanqué du PDG d’Hydro-Québec, André Caillé. Ce dernier porte son désormais célèbre col roulé à l’effigie de la société d’État.
C’est dans le cadre de l’une de ces conférences de presse que le premier ministre lance un appel à la solidarité des Québécois. Il invite ceux qui ont de l’électricité à accueillir leurs proches qui n’en ont pas. Plusieurs répondent à l’appel et offrent aussi généreusement cordes de bois, génératrices, nourriture et couvertures aux sinistrés.
Le 8 janvier, Québec appelle par ailleurs les Forces armées canadiennes en renfort. Plus de 11 000 soldats seront mobilisés dans la province pour déglacer les lignes, nettoyer les débris et assurer la sécurité. Il s’agit du plus grand déploiement de militaires en temps de paix de l’histoire du Canada.