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Sanctionné par le Canada, un avocat pointe du doigt son ambassadeur en Haïti

Photo: Leah Gordon, iStock

Une des 18 personnalités haïtiennes du monde politique et des affaires sanctionnées par le Canada, l’avocat Salim Succar, pointe du doigt l’ambassadeur d’Ottawa en Haïti, Sébastien Carrière, dans ce qu’il considère comme «un conflit d’intérêts».

En entrevue avec Radio Métropole, à Port-au-Prince, l’homme de loi affirme connaître la source des informations qui ont été rapportées au diplomate afin d’inscrire son nom sur la liste des personnes ayant des liens avec des bandes armées.

Métro a essayé, à plusieurs reprises, de joindre l’ambassadeur Carrière au téléphone, sans succès. Nous lui avons envoyé des messages WhatsApp, en vain.
Salim Succar Photo: Gracieuseté

Une des sources de ces accusations est une personne avec qui j’avais des liaisons et la relation s’est mal terminée, il y a près de trois ans. Par la suite, cette personne s’est rapprochée de l’ambassadeur et mon nom a commencé à être cité.

Salim Succar, avocat haïtien sanctionné par le Canada pour ses liens avec des bandes criminelles
L’ambassadeur du Canada en Haïti, Sébastien Carrière

Métro a essayé à plusieurs reprises de joindre l’ambassadeur au téléphone et par messages WhatsApp, sans succès. Un des journalistes de Radio Métropole a également essayé de recueillir sa réaction, en vain.

Un millier de fusils

Salim Succar a été conseiller et consultant de l’ancien premier ministre haïtien Laurent Lamothe (2012-2014), sous la présidence de Michel Martelly, tous deux sanctionnés par le Canada. Leur régime avait commandé un millier de fusils d’assaut de conception israélienne de type Galil.

C’est Salim Succar qui a supervisé l’acquisition au nom du gouvernement haïtien à l’époque. Depuis, des parlementaires et même des organisations haïtiennes de défense des droits humains ont déploré le fait que ces armes se retrouvaient entre des mains criminelles. Des affirmations dont Me Succar se défend, déclinant toute responsabilité quant à l’utilisation qui a été faite de l’arsenal.

«Ces équipements ont transité par le Canada, qui s’est assuré de la provenance et de la destination, dit-il. Il y a eu un accusé de réception de la part des autorités haïtiennes et de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTHA), qui était encore au pays.»

«Des recherches Google»

Salim Succar déplore la légèreté avec laquelle le Canada a procédé pour établir sa liste de personnes sanctionnées. Il a écrit au représentant d’Ottawa à Port-Prince pour connaître les faits et les preuves à son dossier d’accusation.

On nous a envoyé des liens Google. Donc, n’importe qui qui aurait écrit quoi que ce soit de négatif sur vous, pour le gouvernement canadien, c’en est une preuve. C’est une farce et ce n’est pas sérieux.

Salim Succar, avocat haïtien sanctionné par le Canada pour ses liens avec des bandes criminelles

L’ex-premier ministre haïtien Laurent Lamothe, sanctionné également, affirme lui aussi qu’Ottawa s’est «mal renseigné» et se présente en «victime». Dans une lettre publique, il accuse Ottawa de se baser sur «des recherches Google» pour prendre sa décision.

Affaires mondiales Canada s’est refusé à tout commentaire sur le sujet en raison du processus judiciaire en cours.

Au total, 18 personnes, dont deux anciens présidents, deux anciens premiers ministres, d’anciens sénateurs et de puissants hommes d’affaires, sont actuellement sous le régime de sanction canadien.

Le premier ministre Justin Trudeau a longtemps appelé les autres pays à faire de même, mais aucun n’a posé de geste similaire pour l’instant. L’ONU prépare de son côté un liste noire de personnalités haïtiennes qui tarde à être publiée.

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