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Avancez par en arrière

L’aviez-vous remarqué, on est présentement en pleine campagne électorale municipale. Non, vous ne rêvez pas, vous avez même le droit de vous pincer. Vivement, que coule du sang neuf dans les artères sclérosées de notre ville.

Ce qui est particulier cette fois-ci, c’est d’observer comment on trace le portrait idéal de celui ou de celle qui prendra la tête de l’Hôtel de Ville. Si j’ai bien compris, on veut du neuf, c’est entendu, en autant que ça puisse ressembler aux anciens modèles d’hier… Juste entre nous, tenez-vous vraiment à vivre un tel «back to the future» politique?

Croyez-vous vraiment que Montréal pourrait vivre avec une réincarnation de Jean Drapeau à la mairie? Un visionnaire enthousiaste, c’est incontestable, mais qui fonctionnait dans une autocratie qui serait parfaitement intolérable en 2013. Un vindicatif confirmé qui avait célébré sa victoire du 25 octobre 1970 (en pleine crise felquiste) avec arrogance en déclarant qu’il venait de recevoir un mandat comme il les aimait «net, clair et sans équivoque». L’homme venait de récolter 91 % d’appui et était allé chercher TOUS les sièges du conseil municipal. On a vu ce que ça a donné ensuite avec l’organisation lamentable des Jeux olympiques. La Commission Charbonneau vous écœure? C’est presque du petit change à comparer au dérapage des Jeux de 1976… Oui, l’homme aimait les grands projets au point même de s’approprier le crédit qui ne devait pas lui revenir. Si son bras droit de l’époque Lucien Saulnier était toujours parmi nous, il vous le dirait, lui, que le métro était son projet. Monsieur le Maire, de son côté, aurait préféré construire un monorail qui aurait surplombé une artère principale de la ville. Imaginez ça un instant… Finalement, c’est sous le long règne de Drapeau qu’ont été commis les pires crimes architecturaux. La vision de l’homme vers l’avenir devait l’empêcher de regarder ce qui se passait sous ses yeux et dans sa ville…

D’autres, qui ont une lecture plus angélique de la chose, souhaiteraient remonter encore plus loin dans le temps en élisant une copie conforme de Camilien Houde, Monsieur Montréal lui-même. Un homme simple qui allait dans les quartiers pauvres pour acheter des chaussures aux enfants dans le besoin – Pierre Bourque s’est fait reprocher son populisme pour moins que ça en allant dormir chez des immigrants – mais qui entretenait sans aucune retenue des sympathies fascistes…

Pour plusieurs, le modèle parfait serait plus contemporain et se trouve à l’autre extrémité de l’autoroute  20 en Régis Labeaume, le maire de Québec. Un gars qui serait capable d’en découdre avec Dieu le père en personne mais qui a quand même su embarquer une population de 500 000 habitants dans un projet immobilier de 400 M$ (l’Amphithéâtre) sans avoir de locataire principal (une franchise de la Ligue nationale de hockey). C’est bien beau les grands projets sauf que s’il fallait que cette balloune lui pète en pleine face, les résidants de Québec en auraient pour un méchant bout de temps à ramasser les débris…

Oui, tout le monde va s’entendre là-dessus, on veut du nouveau à la direction de la ville. Mais faudrait que ça commence immédiatement avec des signaux un peu plus concrets. Que Denis Coderre, par exemple, arrête de piger dans les rangs des anciens d’Union Montréal. Que Marcel Côté nous explique que ce n’est pas par simple opportunisme si son bras de distance de Louise Harel s’allonge dès qu’il s’approche de l’ouest de l’île. Et que Richard Bergeron et son Projet Montréal puissent se trouver une autre fixation que la circulation des bagnoles en ville.

À part de ça, tout devrait bien aller. Juste à voir, on voit bien…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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