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Quel est le portrait de la production d’énergie au Québec?

Photo: Hydro-Québec/Archives Métro

Alors que des séances de consultation publique sur les enjeux énergétiques du Québec auront lieu cette semaine à Montréal, Métro, en collaboration avec l’Institut économique de Montréal (IEDM), propose une série sur l’énergie. Cinq capsules factuelles, portant chacune sur un thème particulier, seront commentées par deux experts afin de lancer un débat qui se poursuivra sur l’internet.

La production énergétique du Québec se résume essentiel­lement à la production d’électricité. Les autres formes d’éner­­gie que les Québécois consomment, telles que le pétrole et le gaz naturel, ne sont actuellement pas produites au Québec.

Seule la bioénergie résultant de la combustion ou de la cogénération de biomasse, qui représente 7,4 % de la consommation d’énergie québécoise, est produite au Québec. Le secteur industriel est responsable des deux tiers de cette production, notamment le secteur des pâtes et papier qui tire de l’énergie des résidus de l’exploitation forestière, alors que le reste est constitué par exemple de bois de chauffage.

À l’échelle mondiale, le Qué­bec est le quatrième plus important producteur d’hydro­électricité, après la Chine, le Brésil et les États-Unis. En 2010, il s’est produit 180 TWh d’énergie hydroélectrique, ce qui représente 95,7 % de toute l’électricité produite au Québec.

Hydro-Québec, qui possède 59 centrales hydroélectriques, en produit la grande majorité.

Le reste de la production est assuré par des producteurs privés ou des municipalités. Par exemple, Rio Tinto Alcan est le deuxième producteur hydroélectrique du Québec alors qu’Hydro-Sherbrooke compte 81 500 clients.

Les producteurs privés d’énergie éolienne ont produit 2,5 TWh d’électricité en 2012, ce qui représente 1,2 % de toute l’électricité produite et achetée par Hydro-Québec. Pour la cogénération à partir de biomas­se, cette proportion est de 0,6 %.

En 2010, 97,3 % de la production électrique du Québec provenait de sources renouve­lables. Cette proportion est sans doute encore plus grande depuis la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2. À cet égard, le Québec se classe tout juste derrière l’Islande, au deuxième rang des pays de l’OCDE. (Texte de l’IEDM)

Sources : Ministère des Ressources naturelles du Québec, Hydro-Québec, Banque mon­diale, Rio Tinto Alcan, Hydro-Sherbrooke

Avis d’experts

Steven Guilbeault: «On est très loin de la coupe aux lèvres»

Steven Guilbeault est le porte-partole d’Équiterre

Le Québec devrait-il développer ses sources d’hydrocarbure?
Clairement, non. On ne peut pas, comme société, d’une part dire qu’on va couper d’un quart nos émissions de gaz à effet de serre ou, comme la première ministre a suggéré pendant la campagne électorale, s’engager à réduire la consommation de pétrole au Québec de 30 % d’ici 2020 et de 60 % d’ici 2030, ou dire qu’on va faire plus de place pour le transport en commun si on se revire de bord et on se lance tête baissée dans la production de pétrole. Si on fait ça, tout ce que je viens de dire n’aura aucun sens. On est très très loin de la coupe aux lèvres.

Le Québec devrait-il produire plus d’électricité de sources renouvelables?
Absolument. Le monde de demain va réduire sa dépendance aux combustibles fossiles en ayant recours à l’électricité, notamment dans le domaine des transports. La majorité des transports en commun au Québec fonctionnent au pétrole, ce qui est un non-sens total. La totalité des transports en commun au Québec devrait fonctionner à l’électricité.

Comment peut-on améliorer le bilan environnemental de la production d’énergie au Québec?
Il y a plein de technologies intéressantes qui se développent au Québec. Mis à part l’éolien, qui a fait ses preuves, il y a l’hydrolienne. Ça ressemble un peu à une éolienne, mais qui fonctionne dans l’eau, et au Québec, à Montréal, on a la seule hydrolienne au monde qui est branchée sur un réseau électrique. Il y a aussi plus de 200 brevets de recherche dans les universités québécoises dans le domaine solaire. Il y a d’autres formes d’énergie qu’on pourrait et qu’on devrait utiliser au Québec.
Propos recueillis par Jeff Yates.

Graphique production d'électricité

Étienne Bernier: «Faut pas être hypocrite»

Étienne Bernier est ingénieur junior et chercheur associé à l’IEDM

Le Québec devrait-il développer ses sources d’hydrocarbure?
Dans la mesure où le Québec a des gisements rentables, et ça reste à prouver, je pense que ce serait une bonne occasion de les développer. Les hydrocarbures, nous savons qu’on va les consommer de toute façon pour les transports. On ne peut pas dire que ces formes d’énergie sont trop sales pour être produites, mais pas trop sales pour être consommées. Faut pas être hypocrite.

Le Québec devrait-il produire plus d’électricité de sources renouvelables?
On est déjà en léger surplus de production d’électricité, alors tous les projets à venir vont être destinés à l’exportation. Si on construit de nouveaux projets éoliens, dans les faits on va payer beaucoup plus cher que ce qu’on va récupérer en revendant l’électricité aux États-Unis. Donc, on va subventionner la consommation de nos voisins, ce qui n’est pas une manière de s’enrichir. Si on peut produire autre chose que de l’électricité avec des ressources locales et que c’est rentable, là, comme peuple, on peut s’enrichir.

Comment peut-on améliorer le bilan environnemental de la production d’énergie au Québec?
Ni l’hydroélectricité ni l’éolien n’ont trop de répercussions environnementales. Si on regarde le pétrole et le gaz, sans parler du bilan de carbone, mais de choses comme le risque d’explosion, la qualité de l’air, la qualité de l’eau, la santé des travailleurs, les risques de conflits armés, le pétrole qu’on produit chez nous, on a plus le contrôle sur la façon de le faire et de le rendre le plus sécuritaire possible. Quant au bilan carbone, plus on produit nos ressources rentables, plus on se donne les moyens d’affronter les changements climatiques.
Propos recueillis par Jeff Yates.

Sujets à venir
Voici les cinq sujets qui seront abordés cette semaine.

  • Hier : Quel est le portrait de la consommation d’énergie au Québec?
  • Aujourd’hui : Quel est le portrait de la production d’énergie au Québec?
  • Demain : Quel est le coût des différentes sources d’énergie?
  • Jeudi : En route vers l’électrification des transports?
  • Vendredi : Allons-nous manquer de pétrole?

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