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Commission Ménard: demande de prolongation

Photo: Yves Provencher/Métro

MONTRÉAL – Même s’il a assuré lundi que les travaux de la commission qu’il préside se déroulaient rondement, Serge Ménard persiste et signe: le temps que lui a imparti le gouvernement Marois pour remplir son mandat est insuffisant.

Convaincu que la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012 (CSEEP) pourrait bénéficier de davantage de temps, il a donc officiellement interpellé le gouvernement du Québec pour demander une prolongation.

M. Ménard a fait parvenir la semaine dernière une requête écrite en ce sens au ministère de la Sécurité publique, a affirmé l’attaché de presse de la CSEEP, Jean Polloni.

Au bureau du ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, on a confirmé la réception du document.

«Pour le moment, c’est en analyse. M. Ménard a encore jusqu’au 20 décembre pour compléter son mandat», a affirmé Audrey Gagnon, l’attachée de presse du ministre.

Selon l’échéancier fixé par Québec, le rapport final des commissaires doit être déposé le 20 décembre, soit un peu moins d’un mois après la conclusion de la troisième et dernière semaine d’audiences publiques, qui prendra fin ce jeudi.

Serge Ménard a malgré tout tenu à spécifier dans son allocution d’ouverture que les travaux progressaient bien et que la CSEEP bénéficiait «d’une collaboration de plus en plus grande de tous les milieux».

Jusqu’à présent, 135 intervenants ont participé aux travaux de cette commission chargée de faire la lumière sur les événements du printemps étudiant de 2012.

Et le point de vue de ceux qui ont boycotté l’exercice sera pris en considération, a signalé l’ancien politicien.

Les commissaires se pencheront en effet sur les écrits d’acteurs et observateurs ayant refusé de témoigner devant M. Ménard et ses deux collègues, l’ancien juge Bernard Grenier et l’ex-leader syndicale Claudette Carbonneau.

«Comme souvent dans son histoire, l’ASSE a régulièrement eu recours au boycott. Elle n’a pas agi différemment avec nous. Par contre, des associations membres de la CLASSE ont collaboré», a indiqué M. Ménard.

«Et puis, son principal porte-parole pendant ces évènements, M. Gabriel Nadeau-Dubois, a écrit un livre que nous avons lu avec grand intérêt et dont nous tiendrons compte dans notre rapport final», a-t-il ajouté.

Le rapport de la Ligue des droits et libertés, de l’Association des juristes progressistes et de l’Association pour une solidarité syndicale, rendu public en avril 2013, sera également étudié.

La journée de lundi s’est amorcée avec un témoignage de trois policiers du Service de police de la ville de Sherbrooke.

En après-midi, un photojournaliste du quotidien Le Devoir, Jacques Nadeau, a parlé des difficultés qu’il a éprouvées à cohabiter avec les agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) pendant le printemps étudiant.

M. Nadeau a été poivré à de nombreuses reprises dans l’exercice de ses fonctions et a été renversé par un cheval de la cavalerie du SPVM lors d’une manifestation en face d’un hôtel du Vieux-Montréal.

Les commissaires ont également entendu le récit de deux ambulanciers qui étaient à pied d’oeuvre lors de l’émeute qui a éclaté le 4 mai 2012 à Victoriaville, alors que le Parti libéral du Québec (PLQ) était réuni en conseil national.

Pendant la plus explosive des manifestations du conflit étudiant, les agents de la Sûreté du Québec (SQ) ont largué 252 bombes lacrymogènes et tiré 33 balles en plastique. Les affrontements entre les protestataires et les forces de l’ordre ont fait une dizaine de blessés au total dans les deux camps.

Lors de l’audience du 26 octobre, la commissaire Claudette Carbonneau avait cuisiné Mario Laprise, directeur général de la police provinciale, en lui soulignant que des coups avaient pu être tirés alors que l’opacité du nuage de gaz était telle qu’elle empêchait les ambulanciers de repérer leur véhicule, dont les gyrophares étaient pourtant allumés.

À l’issue de leur témoignage, Simon Perreault-Beauchesne et Charles-David Deroy ont confirmé que par moments, ils n’arrivaient plus à distinguer leur véhicule, mais ont affirmé n’avoir pas vu ou entendu de projectiles de plastique alors que des nuages de fumée enveloppaient une partie de la ville.

Mais selon Claudette Carbonneau, l’analyse de la séquence temporelle des événements porte à croire que cela aurait pu se produire.

Entre 19h et 19 h 30, au moment où les ambulanciers intervenaient et qu’éclataient les bombes lacrymogènes dans les rues de Victoriaville, des balles de plastique ont été tirées, a réitéré la commissaire, rappelant que des normes d’utilisation strictes encadraient l’usage de ce type d’arme.

Il sera encore question de cette journée chaotique lors de la reprise des audiences, mardi. La commission entendra le directeur général adjoint de la SQ, Marcel Savard.

Son patron, Mario Laprise, a d’ores et déjà révélé que «la manifestation du 4 mai est considérée par la SQ comme l’une des plus violentes depuis la tenue du Sommet des Amériques en 2001» à Québec.

Le gouvernement de Pauline Marois a annoncé la création de la CSEEP en mai dernier.

Le Parti libéral du Québec a critiqué l’exercice à plus d’une reprise — à la fin septembre, l’opposition officielle a fait valoir dans un communiqué que la commission constituait «une attaque frontale contre des milliers de policiers du Québec qui avaient pour mandat de s’assurer de la protection de la population lors des manifestations du printemps 2012».

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