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L'UNHCR demande à Ottawa d'ouvrir ses portes

OTTAWA – La crise syrienne qui dure pousse le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à repenser son programme de réinstallation et à revenir frapper à la porte d’Ottawa.

Le haut commissaire Antonio Guterres a rencontré Chris Alexander, ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration, mercredi, dans le cadre d’une tournée qui le mène en Europe, aux États-Unis et au Canada, à la recherche d’un refuge pour 100 000 Syriens.

Jeudi matin, M. Guterres convoquait la presse pour exposer ses besoins.

«Nous espérons qu’il y aura, le moment venu, une réponse positive», a-t-il dit, refusant de préciser le nombre de réfugiés qu’il voudrait que le Canada accueille.

Le député néo-démocrate Paul Dewar, qui a lui aussi rencontré M. Guterres, dit que les attentes du haut commissaire sont élevées.

«Il a dit qu’il est venu ici (…) pour soulever la question avec le Canada parce qu’il pense que nous pouvons en faire plus», a relaté le député à sa sortie des Communes.

M. Dewar croit que le Canada pourrait accueillir 5000 des 100 000 réfugiés syriens qui quitteraient le Proche-Orient.

Au bureau du ministre Alexander, on ne semblait pas très accueillant.

Dans un courriel, la directrice des communications du ministre s’est contentée de rappeler les engagements passés du Canada, engagements pris lorsque l’UNHCR demandait à la communauté internationale de trouver de la place pour 30 000 réfugiés syriens.

«Nous nous sommes engagés à réinstaller 1300 Syriens d’ici la fin de 2014, dont 1100 places allouées pour le parrainage privé de réfugiés», a écrit Codie Taylor.

«Nous avons commencé à réinstaller les Syriens les plus vulnérables et travaillons activement à remplir nos engagements existants», a-t-elle ajouté dans ce courriel.

Selon le Conseil syro-canadien, aucun de ces 1300 réfugiés promis avant la fin de cette année ne serait encore au Canada. Les 200 réfugiés parrainés par le gouvernement canadien n’auraient pas encore traversé l’Atlantique. Pour ce qui est des parrainages privés, ils seraient presque impossibles à réaliser.

«Les obstacles sont énormes», a raconté Faisal Alazem dans une entrevue téléphonique. Les délais sont trop longs, selon lui, et les exigences financières imposées aux parrains sont trop élevées.

«On espère que Antonio Guterres (…) va vraiment pousser le gouvernement à prendre une décision politique d’accélérer ce processus», a plaidé M. Alazem.

Mais il n’y croit pas vraiment. Son organisation a demandé, en vain, de rencontrer le ministre Alexander. La rencontre avec le ministre précédent, Jason Kenney, a pris deux ans à se concrétiser et n’a produit aucun résultat.

À l’organisme montréalais Action Réfugiés, on aimerait que le Canada réponde à la demande de l’UNHCR.

«Un chiffre de 5000 ne semble pas illogique étant donné que l’UNHCR dit que c’est la (crise) de réfugiés la plus grande qu’ils ont vue», a fait remarquer le directeur de l’organisme, Paul Clarke, dans une entrevue téléphonique.

Mais il ne se montre pas plus optimiste que M. Alazem. «Je serais content mais surpris» de voir le Canada ouvrir grandes ses portes, a admis M. Clarke, dressant, lui aussi, la liste de problèmes pour faire venir les 1300 réfugiés déjà promis.

Pendant ce temps, M. Guterres parle d’urgence et de «partage de fardeau».

«Il faut que la communauté internationale démontre à ces pays (voisins de la Syrie) qu’ils ne sont pas laissés sans appui, sans solidarité», a-t-il dit en décrivant l’impact «gigantesque» de la présence syrienne au Liban, en Turquie et en Jordanie.

Au Liban, les Syriens représentent plus du quart de la population. Plus d’un million de ces Syriens sont inscrits auprès de l’UNHCR.

Le haut commissaire a décrit des écoles surpeuplées, des hôpitaux et des infrastructures qui ne répondent plus à la demande.

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