Soutenez

Financement: tous les partis veulent enquêter

QUÉBEC – Tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale sont d’accord pour ouvrir leurs livres et faire toute la lumière sur les méthodes de financement utilisées au Québec au cours des 20 dernières années.

Ce sera alors le Parti libéral du Québec (PLQ) qui aura le plus à perdre, selon les partis d’opposition.

L’examen des pratiques de financement des deux dernières décennies pourrait être confié au Directeur général des élections (DGE).

Il permettrait de voir dans quelle mesure des irrégularités, voire des pratiques illégales comme le recours aux prête-noms, ont pu avoir cours lors des collectes de fonds menées par les partis politiques depuis 1996.

En principe du moins, le premier ministre et chef du PLQ, Philippe Couillard, le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau, et le chef caquiste, François Legault, se sont mis d’accord, mercredi, pour revendiquer en choeur une enquête sur la conformité des dons faits au fil des ans au PLQ, au PQ, à la CAQ et à la défunte ADQ, qui a fusionné avec la CAQ.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Une motion en ce sens a été présentée par la CAQ mercredi matin, mais elle a été battue par les libéraux.

La motion clamait «la nécessité de déclencher, en collaboration avec le Directeur général des élections du Québec, une enquête assortie de tous les pouvoirs et moyens nécessaires concernant le financement des partis politiques», un exercice qui remonterait à 1996.

Elle disait aussi que tous les partis devaient s’engager à «rembourser toute contribution politique qui aurait été versée illégalement au cours de la période visée».

En point de presse, mercredi matin, M. Legault a dit qu’il s’attendait à ce qu’un tel exercice d’examen du passé serve à déterrer un véritable «musée des horreurs» quant aux pratiques de financement passées du PLQ, nommément celles du collecteur de fonds libéral Marc-Yvan Côté, accusé dernièrement de fraude et de corruption.

Il souhaiterait aussi que le délai de prescription pour intenter des poursuites en cas de dons illégaux et pour réclamer d’éventuels remboursements soit porté de cinq à 20 ans.

«Il faut qu’on aille au fond des choses», selon lui, pour rétablir la confiance de la population envers la classe politique.

Sur le rejet de la motion par les libéraux, M. Legault a qualifié M. Couillard de «spécialiste du flou», plus intéressé à défendre les intérêts de son parti que ceux de la population.

Il reste aussi à savoir si les partis politiques ont conservé aussi longtemps toutes les informations requises sur leurs donateurs, les pratiques et les contributions versées.

Le chef péquiste a dit ne pas avoir peur d’ouvrir les livres de son parti, puisque le Parti québécois a toujours eu à coeur de favoriser le financement populaire, a-t-il indiqué en point de presse.

Il a demandé au premier ministre Couillard de faire «toute la lumière, toute la transparence» sur sa formation politique, reconnue selon lui pour son «opacité» en la matière.

M. Péladeau juge que le vote des libéraux contre la motion fait douter des véritables intentions du premier ministre dans ce dossier.

Le PQ veut également savoir combien de ministres libéraux, dans le passé, et lesquels, avaient pour objectif d’amasser 100 000 $ ou 150 000 $ par an pour garnir les coffres du PLQ.

Le porte-parole de Québec solidaire, le député Amir Khadir, a dit qu’il était important que le PLQ effectue ce retour sur son passé, pour «rembourser l’argent mal acquis». Il tient pour acquis que l’exercice de vérification à venir sera très embarrassant pour le PLQ.

«Les Québécois sont rendus là, pensent que le Parti libéral doit ouvrir ses livres, doit dévoiler ses secrets», a-t-il commenté en point de presse.

En Chambre, M. Couillard s’est montré prêt à ce que toute l’information sur le financement de son parti soit rendue disponible, «sur toutes les périodes» visées. Et si la période est de 20 ans, il n’a «aucun problème avec ça».

Il a dit de plus n’avoir aucune objection «à avoir une attitude d’ouverture et de transparence complète», et à confier un mandat au DGE en ce sens.

Mais il est demeuré vague sur la mécanique, le mandat et l’objectif précis poursuivi.

Il a rappelé que le DGE recommandait de faire passer le délai de prescription de cinq à sept ans, et non 20 ans.

«On est disponible à ouvrir nos livres, comme on l’a toujours été», a commenté pour sa part la ministre responsable des Institutions démocratiques, Rita de Santis, ajoutant que le DGE était libre de mener les enquêtes qu’il voulait.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.