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Se former sur le tas: Quels domaines, quels débouchés?

Male hand on laptop keyboard Photo: Getty Images/iStockphoto

Se bâtir une carrière sans formation, est-ce possible? Avec une bonne dose de débrouillardise, de curiosité et de détermination, oui. Mais tous les domaines professionnels n’offrent pas les mêmes débouchés à ceux qui cherchent à se faire «tout seul». Tour d’horizon avec Mathieu Guénette, conseiller d’orientation et directeur des services professionnels chez Brisson-Legris.

Bouton-vert_01 Administration
Les petites et moyennes entreprises (PME) n’exigent pas forcément un cours en secrétariat à l’embauche de personnel administratif. Partant de là, on peut, à force d’implication dans la vie de l’entreprise, gravir les échelons et finir par accéder à davantage de responsabilités.

Bouton-vert_02 Compagnonnage
L’apprenti forge ses compétences en côtoyant un professionnel, qui l’initie de façon concrète à son métier. Les secteurs des métiers de l’agriculture ou de la mécanique sont de bons exemples. Au terme de la formation, un certificat de qualification professionnelle permet d’obtenir l’autorisation d’exercer dans les domaines réglementés. Le programme de reconnaissance des acquis et des compétences en formation professionnelle et technique du ministère de l’Éducation, et de l’Enseignement supérieur évalue les acquis et atteste des compétences maîtrisées, en comparaison avec le contenu des formations offertes au Québec.

Bouton-vert_03 Gestion
C’est aussi un domaine dans lequel les PME offrent davantage d’occasions que les institutions gouvernementales et les grandes entreprises. C’est souvent la débrouillardise qui amène à se développer, ainsi que des qualités humaines. Le savoir-être prime le savoir-faire. «Une grande entreprise sera plus encline à exiger un diplôme, alors qu’une structure plus petite va s’arrêter aux qualités de la personne, à ce qu’elle peut apporter à l’entreprise indépendamment de sa formation. C’est peut-être le domaine où c’est le plus éclaté, celui où on comprend que la connaissance et l’expertise peuvent se développer sur le tas et que ce qui compte vraiment, c’est l’humain. On est son propre instrument de travail.»

Bouton-vert_04 Arts
Dans ce domaine, la formation peut être un bon supplément, mais c’est souvent la personnalité et le talent qui sont décisifs. La passion et la détermination sont les meilleurs atouts. Sans oublier la pratique. Être l’assistant d’un artiste dont le travail nous inspire peut être une bonne porte d’entrée. C’est généralement à force d’observation et d’essai-erreur qu’on finit par développer une pratique qui est susceptible de mener à une carrière.

Bouton-vert_05 Technologies de l’information et de la communication
Si vous êtes un geek passionné, voilà un domaine où l’exploration en amateur peut conduire à un emploi. Le marché a néanmoins beaucoup évolué, et dans un domaine qui ne cesse de se diversifier, une formation peut permettre d’ajouter certaines cordes à son arc.

Débrouillardise et détermination : les meilleurs atouts pour apprendre sur le tas

CAHIER carole-arpinCarole Arpin étudiait en éducation spécialisée quand elle a bifurqué, un peu par hasard, vers une voie professionnelle tout à fait autre. Récit d’une formation sur le tas.

«J’ai remplacé un ami au pied levé, parce qu’il ne pouvait pas assurer son quart de travail et cherchait quelqu’un de toute urgence. J’ai accepté en voyant là l’occasion de
gagner un peu d’argent.» L’expérience, qui ne devait être que temporaire, dure depuis 1987.

L’ami en question s’occupait des décors sur des plateaux de tournage à la télévision et au cinéma. «Une job de bras dans laquelle il y avait peu de filles à l’époque», selon Mme Arpin, qui se retrouve ainsi sur le plateau d’une télésérie. Un premier contrat qui en amène un second, puis un troisième. L’étudiante poursuit néanmoins ses études et réalise en même temps qu’elle n’est pas certaine de son choix initial.

«Durant les stages, je me rendais compte que j’étais peut-être trop sensible à la réalité des personnes avec qui j’aurais à travailler comme éducatrice. Leur parcours de vie et leurs difficultés me bouleversaient beaucoup.» Sur les plateaux, Carole Arpin se montre curieuse du travail des accessoiristes. «Je les regardais faire, je posais des questions, je donnais un coup de main de temps en temps.» Jusqu’au jour où on lui propose de devenir assistante-accessoiriste sur un tournage.

De fil en aiguille, de plateau en plateau, elle se retrouve elle-même chef accessoiriste. «Les deux chefs avec qui j’ai fait mes armes ont été de bons formateurs. C’est un domaine où chacun a sa façon de travailler, et à force d’assister, j’ai fini par forger la mienne.»

De courtes formations existent (notamment une qui est offerte par l’Association québécoise des techniciens de l’image et du son), mais Carole Arpin estime que c’est un métier qui ne s’apprend pas sur les bancs de l’école. Débrouillardise, habiletés manuelles, imagination, sens de l’organisation, voilà autant d’atouts qui relèvent davantage de la personnalité que d’un apprentissage scolaire.

«Sur un plateau, il y a une façon d’être. La technique, c’est bien beau, mais c’est l’attitude qui compte pour faire sa place.» Faire face aux imprévus, respecter les exigences parfois changeantes du réalisateur ou des comédiens, composer avec de fortes personnalités, se tromper plusieurs fois avant de trouver la solution : «Je dis souvent à la blague que ma formation en éducation spécialisée, avec la part de psychologie qu’elle comporte, m’a aidée!»

Selon les contrats qui se présentent, il arrive encore à Mme Arpin d’être assistante sur des tournages. «Dans ce milieu, on est en formation continue tout le temps. À ceux qui voudraient se laisser tenter, j’ai envie de dire qu’il faut d’abord être passionné et déterminé. Il faut ensuite se faire connaître, frapper à toutes les portes, relancer les gens. Une première expérience amène la suivante, et ainsi de suite. Un stage non rémunéré, quand on est ouvert aux remarques, nous permet de vérifier si nos attentes correspondent à la réalité du terrain. C’est un métier qu’on peut apprendre sur le tas, à force d’observer, mais dans lequel on ne peut pas pour autant s’improviser.»

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