Les créateurs d’ici dansent dansent

Cela fait 20 ans que Danse Danse présente de la danse contemporaine sur les scènes montréalaises. Et la prochaine saison du diffuseur sera celle où, record, 15 spectacles seront proposés. Entre les compagnies vétéranes comme celle de Marie Chouinard ou de la regrettée Martha Graham se glissent de jeunes artistes d’ici, dont les créatifs du Patin Libre. Émus aux larmes de faire partie de la programmation.
«Bonjour! On est des anciens patineurs dits artistiques!» s’est présenté Alexandre Hamel au parterre du Théâtre Maisonneuve. «Notre but, c’était de nous réapproprier ce médium, cette virtuosité pour en faire quelque chose de vraiment artistique et cool.»
Il semblait d’ailleurs trouver ça «vraiment cool» que Le Patin Libre, compagnie qu’il a fondée en 2005, se retrouve parmi les choix de diffusion de Danse Danse. La première mondiale du show aura lieu en avril 2018, dans l’antre de l’aréna Saint-Louis. Mais tout est déjà en marche.
Intitulée Seuils, la création s’intéressera à ces paliers du titre. Une idée inspirée à la bande par la dramaturge Ruth Little, qui collabore à l’ensemble. «On est sans arrêt entre l’immobilité et le déplacement, a expliqué Alexandre Hamel. Étrangement, la glisse nous permet de faire vivre ces deux choses en même temps. On est aussi une gang de gens à l’aube de la trentaine, sur le seuil de quelque chose. Comme l’est notre monde d’ailleurs. Après 10 ans à créer une nouvelle forme artistique, ça y est!»
Sa collègue Pascale Jodoin a commencé par abonder dans le même sens, avec des mercis au directeur artistique et général Pierre Des Marais et à la directrice Caroline Ohrt, mais sa voix s’est brisée. Trop émue. «C’est la réalisation d’un très grand rêve pour nous, d’être présentés à Montréal par Danse Danse. En plus du spectacle, on vous prépare une programmation complémentaire à l’aréna Saint-Louis, dans le Mile End.» Parmi les activités proposées en parallèle? «Il y aura même du gentil hockey.»
Quelques mois avant le temps du gentil hockey, ce sera le temps, en décembre, de l’amour cosmique. Celui auquel donnera corps la chorégraphe et danseuse trentenaire Clara Furey. Présentée comme une «artiste à la feuille de route impressionnante qui propose un dialogue de contrastes», la jeune femme explorera «la noirceur en guise de liant philosophique» dans Cosmic Love.
«J’ai eu besoin de faire une pièce qui parle de notre besoin de connecter les uns aux autres, y compris les animaux, y compris tout ce qu’il y a, a-t-elle élaboré sur scène. Parler de la force de la noirceur. De sa force positive. Car, comme dit Rilke, la noirceur aspire tout. Les géométries, les feux, les animaux, moi-même. Je voulais montrer avec quelle facilité elle nous recueille. Nous rassemble.»
Entourée pour ce faire de quatre interprètes, et du compositeur Tomas Furey, Clara proposera de «travailler avec la conviction que ce que les yeux ne voient pas existe». Celle qui a effectué une résidence à l’Arsenal grâce au programme Créateur en Mouvement de Danse Danse s’est par ailleurs dite très inspirée par Cohen, et son Avalanche, dont elle a récité un extrait. «When I am on a pedestal / You did not raise me there…»
C’est par le tableau Le Radeau de La Méduse, du peintre français Théodore Géricault, qu’Alan Lake s’est quant à lui dit inspiré. Et c’est en s’appuyant notamment sur cet univers que le cinéaste, chorégraphe et artiste visuel de la Vieille Capitale a conçu son prochain spectacle. Pour ce Cri des méduses, le diplômé de l’École de danse de Québec en 2007 a rassemblé 11 interprètes. Ou, comme il les a nommés : «Ces valeureux guerriers et guerrières qui parcourent mes arènes depuis déjà plusieurs années.» Le résultat, qui sera présenté en mars à la Cinquième salle, est annoncé comme étant «un rêve éveillé». «Ce sera une grande forme, a ajouté le chorégraphe. Une pièce de groupe, un genre de rituel païen où, entre la fable et l’allégorie, on vous réserve, à tout le moins on va essayer, une grande épopée symbolique où le magnifique côtoie l’onirique terrifiant.» Intrigant.