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Seat at the Table: Le temps de discuter

Photo: Jean Bernier

Avec Seat at the Table, Martine St-Victor et Isabelle Racicot proposent à leurs invités de prendre place à leur table pour de longues conversations. Pas des entrevues. Des conversations.

Amies depuis 20 ans, adorant discuter, voulant «toujours avoir le dernier mot», Martine St-Victor et Isabelle Racicot ont animé tout l’été Seat at the Table (comme le titre de l’album de Solange, mais sans le A au début). Dans le cadre de cette baladodiffusion anglophone, elles ont reçu des invités aussi divers que Corey Hart, le vétéran du hip-hop Grandmaster Flash («On s’est gâtées») et l’avocate hollywoodienne spécialisée en droit de la famille, plus spécifiquement en divorce, Laura Wasser.

Leur approche? «On voulait faire de la slow radio», répond Martine. De la radio sans précipitation.

Un détail qui a particulièrement plu à Isabelle Racicot, habituée aux entrevues nettement plus rapides. «Je viens de la radio commerciale, où tout doit rentrer en trois minutes, rappelle celle qui est passée au micro de Rouge FM, de NRJ et de Virgin Radio. Avoir du temps pour parler, du temps, du temps, du temps, c’est vraiment extraordinaire. Je trouve que le podcast offre une liberté qui n’existe nulle part ailleurs.»

«Dans notre univers, tout est pressé – vite, vite en 140 caractères. Là, nous avons eu la chance de nous poser et de nous demander : “Qu’est-ce que nous avons appris? Qu’est-ce qui nous a surprises?”» -Martine St-Victor, sur les avantages qu’il y a à prendre son temps

Qui offre également la chance d’aller dans des zones plus personnelles, ajoute sa comparse. Comme, par exemple, lors de cet entretien qu’elles ont réalisé avec Kimberley Manning, directrice de l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia et maman. Notamment de Florence, une fillette trans.

Durant cet échange, les deux animatrices ont même demandé à leur invitée «quel était l’impact de cette situation sur son mariage et sur ses autres enfants». «C’est le genre de chose qu’on ne peut pas aborder quand on a deux minutes. Les gens risquent de se braquer», note Martine. «Ce qu’on a voulu, depuis le début, c’est recréer l’ambiance d’un souper, précise son amie. Ces moments où on se trouve autour d’une table, qu’on commence à poser des questions et que personne n’est sur ses gardes.»

Dans leur émission, placée sous le thème Médias et culture pop, les deux collègues ont également inclus une section où, en tête-à-tête, elles partagent leurs points de vue. Souvent divergents. Entre autres sur «la glorification de l’échec». Ou encore sur le désir de Christopher, le fils d’Isabelle, d’avoir un cellulaire. «Pas tout de suite», avait-elle tranché. «T’es trop sévère», l’avait réprimandé sa copine.

«Est-ce qu’on s’est déjà vraiment chicanées?» tente de se souvenir la première. «Pendant l’enregistrement? Non, rétorque la seconde. Mais il y a des fois où on continuait de discuter, même après la fin. C’est comme lorsqu’on parle au téléphone. C’est interminable!»

«Ça fait partie de nos personnalités. On rit de nous-mêmes, on rit l’une de l’autre. Quand une amitié est aussi ancrée, rien n’est pris personnel.» -Isabelle Racicot, sur «les taquineries qui font partie de l’émission»

Notons ici que le côté «pas en direct» a vraiment plu à Isabelle Racicot, qui compte plusieurs expériences au micro. «C’est le fun qu’après tant d’années dans le métier je puisse encore dire que je fais quelque chose pour la première fois», lance-t-elle.

Et, selon elle, le podcast permet-il une plus grande intimité? «C’est sûr que ça permet de faire de plus grandes entrevues.»

Concocté par une petite équipe, qui se résume pas mal aux deux animatrices et aux coproducteurs montréalais Allan Johnson et Mélissa Fundira, Seat at the Table a aussi été un lieu de discussion sur le rôle du présentateur de nouvelles télévisées (dépassé ou pas?). Un débat qui a réuni Stéphan Bureau, Debra Arbec de CBC et Justin Ling de VICE. «On a eu la chance d’organiser des croisements étonnants en raison de notre biculture», avance Martine St-Victor.

«Ça nous aide, approuve Isabelle Racicot. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui était intéressant pour les gens de CBC : la plupart de leurs émissions proviennent d’ailleurs que du Québec. Ils espéraient qu’on apporte cette saveur québécoise dans une émission anglophone pancanadienne.»

Ce dont elles sont le plus fières? Isabelle s’exclame : «Qu’après avoir travaillé aussi étroitement on reste encore amies! Ça, c’est extraordinaire. Ça devrait toujours être comme ça! Parce qu’il y a des coanimations plus compliquées que d’autres.»

Infos

Seat at the Table

Épisodes disponibles pour écoute en ligne ici.

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