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La Ligue d’improvisation des Pas Sages: La LIPS, le fun

Photo: Josie Desmarais

Depuis cinq saisons, la LIPS, soit la Ligue d’improvisation des Pas Sages, fait des folies tous les deux jeudis du mois. Comme demain.

Dans la LIPS, les joueurs s’impliquent «comme ils veulent, comme ils peuvent», résume Philippe Georgiades, qui fait partie de la ligue depuis ses débuts (mais qui, «dans la vie», fait de l’impro depuis 24 ans). Reste que ce n’est pas parce qu’il est un membre fondateur qu’il en porte le titre. «Tout le monde ici est PDG et tout le monde est ouvrier», résume-t-il.

Car au sein de cette ligue qui compte une vingtaine de joueurs, le désir général est de «faire partie de quelque chose de ben relaxe». Et surtout, précise Zoomba, une autre membre fondatrice qui n’en revendique pas le titre, «de quelque chose qui n’a pas de chef».

Ainsi, dans la LIPS, «anciens» comme «nouveaux» se trouvent sur le même pied d’égalité. Dans un rapport d’égalité, aussi, avec le public. Qui, une fois par match, est invité à monter sur scène.

C’est comme ça que Larissa Souline a joint les rangs. Le Philippe susmentionné, son ami, relationniste de presse pour Communications Coup Sûr (elle l’est pour Sixmedia), ne cessait de lui dire: «Viens don’, viens don’, viens don’ à l’impro.» Finalement, après les excuses («Je suis occupée, je n’ai pas le temps, il neige trop, il fait froid, c’est jeudi»), elle s’y est rendue en décembre dernier. «Dans un élan de spontanéité légendaire, je suis montée sur scène», 
raconte-t-elle.

Sa première impro? C’est un peu flou dans son esprit, mais elle se souvient avoir «créé un humain aux cheveux orange qui allait dominer la terre». OK. Sa seconde impro, alors? Elle portait sur l’énigmatique thème (choisi, lui aussi par le public) «rond-point-carré».

«J’ai réalisé à quel point la scène m’avait manqué, se souvient celle qui a étudié en arts et lettres, profil théâtre. Je me suis demandé mais pourquoi? POURQUOI j’avais arrêté pendant 
15 ans d’en faire? Le lendemain, j’ai écrit à Philippe pour lui demander: “Est-ce que vous recrutez?”» La réponse n’a pas tardé. «Oui.» Chouette. «On n’est jamais totalement complet, remarque à cet égard Zoomba. C’est ça qui est le fun. Tant qu’il y a du monde qui veut jouer, on joue!»

Car la LIPS fonctionne sans équipes fixes. Il y a les Noirs et il y a les Bleus. Quatre joueurs de chaque côté, qui alternent selon les disponibilités. Comme le font les maîtres de cérémonie, Anne-Marie Savoie et Jean-François Paradis, qui est également journaliste à Radio-Canada. Des MC qui font aussi office d’arbitres.

En fait, «arbitres» entre guillemets, précise Philippe. «Parce que, même si on s’est inspirés de l’impro classique, il n’y a pas de punitions.» «Mais quand c’est trop gros, ou qu’on est trop indisciplinés, on se fait dire d’aller réfléchir», ajoute Zoomba, sourire en coin.

À les voir discuter et se taquiner, on sent que l’ambiance dans cette bande est à la fête. Et c’est d’ailleurs sûrement pour ça que, depuis cinq ans, cette gang est suivie par un public régulier. Des gens pour qui ce «jeudi sur deux» est devenu un rituel. Qui se sont dit: «On forme un petit groupe, on se retrouve, on prend un café.»

Comme Kathy Lucas, surnommée «Madame Rires». Qui assiste aux réunions. Représente le public. Prend des photos.

Pour les joueurs, voir des passionnés comme Kathy (et tous les autres), c’est amusant. «Et rassurant», précise Philippe. «On se dit: “Oh. Ils sont là!” On les salue. C’est le fun.»

Et si Zoomba, Philippe et Larissa sont là aussi, c’est parce qu’ils y trouvent toujours, dans ce «là», un mélange de soutien, de camaraderie et de «mêmes valeurs».

«Le but, c’est de faire le meilleur spectacle possible. Amusons-nous.» –Larissa Souline, nouvelle recrue

Pour Zoomba, qui prendra une pause jusqu’à la fin de l’année, avant de mieux revenir en 2018, la LIPS, c’est «un club social multigénérationnel au processus démocratique complètement anarchique». D’ailleurs, toutes les fois où la bande a tenté d’organiser une pratique, ça s’est transformé en célébration. «La bouteille de vin s’ouvre toujours pas mal vite! s’exclame Philippe. C’est beau, ça soude le monde, ça se reflète sur le jeu.»

Un jeu qui lui permet d’exprimer son côté créatif. «Et les niaiseries auxquelles il pense dans sa tête», qui le font rigoler. «En général, l’impro me donne la chance de décrocher. Mais je n’en ferais plus si c’était une ligue traditionnelle avec un vice-président, un président et un machin-truc. Ça ne me tenterait pas de me taper une structure lourde. Je ne veux pas de chicane.»

Ce qu’il veut? «Me renouveler. Arrêter de faire juste des punchs et d’être, comme je m’étais autoproclamé, un “charognard de l’impro”. Raconter des histoires, incarner des personnages, faire quelque chose de pertinent.»

Larissa, elle, souhaite «vraiment s’exprimer». «Ça me fait tellement de bien! J’ai beaucoup misé sur ma carrière, me suis beaucoup accomplie dans mon travail au cours des 13 dernières années. Ici, on dirait que je me sens exister!»

Zoomba, qui a fait énormément d’impro pro, jouant 14 ans dans la LNI, où elle a aussi été coach pendant 2 ans, ajoute que ce qu’elle aime de cette discipline en général, c’est justement qu’elle lui serve de véhicule pour laisser libre cours à son côté artistique. «C’est tout sauf élitiste», remarque-t-elle, se souvenant de cette soirée où il a manqué d’électricité et où elle et ses collègues ont dû faire une impro dans le noir.

Et pour finir, ce qui fait une bonne impro selon eux, c’est quoi? Pince-sans-rire, Philippe répond: «Quand j’suis dedans.»

Et vous?

Le prochain match de la LIPS aura lieu jeudi 5 octobre à 20h au Bistro Mousse Café

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