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Union des artistes: des comédiens accusent la présidente Sophie Prégent de conflit d’intérêts

Photo: Mario Beauregard

Mercredi matin, Sophie Prégent, la président de l’Union des artistes, a été invitée à l’émission de radio de Paul Arcand afin de commenter les allégations d’inconduite du réalisateur Sylvain Archambault (Les pays d’en haut, Cheval-Serpent), dévoilées dans un article de La Presse.

En entrevue, Mme Prégent a dit qu’elle n’avait jamais été témoin desdits comportements de Sylvain Archambault, avec qui elle a souvent travaillé.

«Je suis habituée de travailler avec Sylvain, Quand je n’ai plus besoin de l’entendre, c’est mon volume à moi personnel que je ferme. Il n’a jamais été déplacé avec moi, Sylvain. J’ai entièrement confiance en Sylvain. Je peux comprendre que tout le monde n’a pas la relation que moi j’ai avec Sylvain. Là, il y a la présidente qui vous parle et il y a Sophie, moi, sur un plateau de tournage, je n’ai aucun problème à travailler avec Sylvain et je sais qu’il y en a aussi d’autres qui sont très à l’aise avec Sylvain», a-t-elle déclaré.

À la suite de cette entrevue, l’acteur Marc-André Grondin s’est tourné vers Twitter pour publier une lettre adressée à Sophie Prégent.

Dans sa lettre, il dit ceci: «Je vous ai entendue ce matin sur les ondes du 98,5 à l’émission de Paul Arcand commenter les allégations d’inconduite du réalisateur Sylvain Archambault. Votre rôle en tant que président de l’UDA est de défendre vos membres. En acceptant de relater vos expériences personnelles avec Monsieur Archambault, vous vous êtes placée en grave situation de conflit d’intérêt et avez failli à votre rôle.

Si on vous demande de commenter cette nouvelle, ce n’est pas pour avoir l’opinion de Sophie Prégent «l’actrice», mais bien comme présidente de l’UDA.

Un devoir de neutralité s’imposait.

Depuis plus de 15 ans circulent des allégations sur les comportements de M. Archambault.

Ayant bénéficié largement par le passé de contrats octroyés par ce dernier, vous n’êtes certainement pas sans l’ignorer. Peut-être avez-vous eu une expérience différente que bien d’autres actrices, mais en la relatant, vous venez minimiser la leur.

Par exemple, vous avez dit que vous n’aviez jamais, jamais, eu de problème avec M. Archambault, que vous aviez entièrement confiance en lui. Étant donné la situation, une telle déclaration n’avait pas sa place dans la bouche d’une présidente de l’UDA.

Pire, vous avez aussi dit que vous pouviez comprendre, si on est une jeune actrice de 20 ans, qu’on puisse se sentir mal à l’aise. Croyez-vous vraiment que c’est une question d’âge, et ainsi, de «maturité» de devoir accepter de tels comportements? C’est ce que votre commentaire laissait croire.

Vous vous êtes placée ce matin à la défense d’un réalisateur, au détriment de vos membres.

Dans un autre extrait, vous dites que vous êtes écœurée depuis quelques semaines que ces allégations sortent dans les médias plutôt que de recevoir des plaintes et de les gérer par les mécanismes mis en place par l’UDA.

Comment osez-vous vous étonner que certains de vos membres décident de passer par les médias plutôt que d’utiliser les mécanismes internes à notre syndicat lorsque notre propre présidente tient de tels propos? Si notre présidente est prête à aller en ondes pour défendre un de ses donneurs d’ouvrage accusé d’inconduites professionnelles, comment pouvons-nous avoir confiance dans les mécanismes qu’elle aura mis en place pour gérer ces plaintes?

Vous auriez pu simplement refuser de relater vos expériences personnelles par devoir de réserve. Vous ne l’avez pas fait.

Je m’interroge ce matin sur votre capacité à distinguer vos expériences personnelles de votre devoir syndical et remets ainsi en doute votre capacité à remplir le rôle pour lequel vous avez été élue.

S’il y a un mea culpa à faire aujourd’hui, ce n’est pas celui de l’UDA, mais bien celui de Sophie Prégent, sa présidente.»

Sophie Prégent réagit
Sophie Prégent a répondu à la lettre de Marc-André Grondin sur le site internet de l’UDA. Elle dit s’excuser si ses propos ont pu être interprétés comme un manque de compassion à l’endroit des victimes et a rappelé les mesures mises en place par l’organisation qu’elle chapeaute pour venir en aide aux artistes qui en ressentent le besoin.

«Ce que j’ai vécu en tant que comédienne – ou ce que je n’ai pas vécu – n’enlève rien à ce que d’autres ont pu vivre et ressentir. Et cela ne signifie en rien que toutes les choses que je n’ai pas vues ou entendues ne se sont pas produites. J’aurais pu décider lors de cette entrevue de ne pas répondre aux questions qui concernaient la comédienne que je suis. Je l’ai fait. Par souci de transparence, et parce qu’on m’aurait accusée de taire ou de cacher des choses, ce qui aurait fait dévier le débat et n’aurait en rien aidé les membres de l’UDA concernées qui décideront éventuellement de porter plainte au sujet de ce qui se serait produit», écrit-elle, répondant indirectement aux accusations de conflit d’intérêts.

«Ce que je retiens de votre commentaire comme de tous les messages d’appuis que je reçois depuis des semaines, c’est que nous sommes tous d’accord là-dessus. Et je vous assure que je reste tout aussi déterminée à ce que les choses changent, et à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver. Encore une fois, Monsieur Grondin, si j’ai dit quelque chose ce matin qui a pu être interprété par vous ou d’autres comme un manque de compassion, je m’en excuse sincèrement», termine-t-elle.

Réactions d’autres artistes
L’actrice Karine Vanasse a elle aussi soulevé des questions à propos du conflit d’intérêt de Sophie Prégent.

L’actrice Magalie Lépine-Blondeau a elle aussi commenté la nouvelle, tout en appuyant la demande de Marc-André Grondin.

«J’ai pris, en écrivant ces mots, connaissance de la lettre de Marc-André Grondin, que j’appuie en tous points. Je joins par conséquent ma voix à la sienne. Mais dans l’enjambée de ce débat, ne perdons pas de vue, de grâce, les victimes, et les actes odieux qui ont été courageusement dénoncés», a-t-elle ajouté.

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