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2 days in New York, le conte de fée de Julie Delpy

Photo: Métropole films

«Je peux parfois me montrer cynique, mais j’aime bien promouvoir les contes de fées», affirme Julie Delpy. À la barre de 2 Days in New York, la plus américaine des actrices françaises signe une histoire qui aurait pu être seulement mignonne si elle n’avait pas été aussi drôle.
Entretien.

«Être à la fois cinéaste, scénariste et actrice, non, ce n’est pas facile, mais au moins je n’ai pas à gérer une comédienne hystérique, un metteur en scène psychopathe et un écrivain chiant. Je suis les trois en même temps, donc c’est parfait, quoi!» lance Julie Delpy au bout du fil.

Dans 2 Days in New York, la femme à tout faire, réalisatrice-scénariste-actrice-productrice (que ça!), endosse de nouveau le rôle de Marion, la photographe névrosée qu’on avait rencontrée en 2007 dans le sympathique 2 Days in Paris. Mais tandis que dans le premier volet, elle était amoureuse d’un type incarné par Adam Goldberg, désormais, c’est avec Mingus (personnifié par un très comique Chris Rock) qu’elle partage sa vie.

S’étant rapprochés alors que le couple de Marion périclitait dramatiquement, les nouveaux amoureux ont emménagé ensemble dans un chic appart new-yorkais, avec leurs deux enfants issus de relations précédentes. Tout se passe sensiblement bien jusqu’à l’arrivée de la très franchouillarde famille de Marion. Il y a d’abord le papa, qui ramène du fromage et du saucisson dans son caleçon (le vrai père de la réalisatrice, Albert Delpy), puis la petite sœur, une psychanalyste nymphomane qui se promène fréquemment à poil (Alexia Landeau), et, finalement, le petit ami de cette dernière, un loser absolu qui fume des joints dans l’ascenseur (Alexandre Nahon).

Les manières très rustres de ce trio français clashent complètement avec celles, très américaines, de Mingus. Ce dernier est également traumatisé de voir que, dès que ses proches débarquent, sa copine devient une tout autre personne : agitée, criarde et insupportable. «Je pense que, lorsqu’une personne se trouve en compagnie de sa famille, ça peut être très révélateur. J’ai déjà vu des amis qui ne montrent jamais leurs émotions avoir des comportements complètement enfantins lorsque leur père ou leur mère était présent, nous confie Julie Delpy. Et puis, chaque fois que j’ai rencontré la famille de mes amants, j’ai toujours mieux compris ceux-ci. Tout d’un coup, ça m’a expliqué pourquoi ils se faisaient servir ou pourquoi ils ne nettoyaient jamais leur assiette!»

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Comme c’était le cas dans 2 Days in Paris, ce long métrage exploite quelques clichés tenaces sur les Américains et les Français. Les premiers, très conservateurs, puritains et politicaly correct. Les seconds, bruyants, sexuellement libérés et voraces à table. Mais ça, Julie Delpy en est consciente. Adorant rigoler et dire des choses «un peu choquantes», la réalisatrice française, qui habite depuis longtemps Los Angeles, affirme qu’elle «ne se prend pas au sérieux». «Je suis là, je fais des comédies, voilà. Big deal, quoi!» Elle reconnaît d’ailleurs avoir «fait fuir plus d’un homme avec son humour». «Les mecs préfèrent les femmes mystérieuses, calmes, qui ne parlent pas beaucoup, alors que moi, je parle beaucoup, beaucoup et ça les rend fous! s’amuse-t-elle. Mais franchement, je ne pourrais pas vivre ma vie autrement. Le quotidien est tellement difficile, on s’en prend tellement plein la gueule tout le temps, que si on n’a pas une certaine distance par rapport aux choses, on devient dépressif.»

Faite de situations cocasses et de chicanes épiques, la comédie de Delpy met aussi en lumière la complexité de la vie de couple. «Les relations sont faites de compromis», lance d’ailleurs Mingus à sa douce. Un commentaire que cautionne la cinéaste. «Être en couple, c’est constamment mener un dialogue de compromis!» dit-elle. Elle croit toutefois aux dénouements heureux. Du moins en amour. «Quelque part, je suis encore une petite fille dans ma tête. Je crois encore aux histoires de Cendrillon et à toutes ces conneries. C’est d’ailleurs ce que j’ai envie de dire aux gens : même si ce n’est pas parfait, même si on s’engueule tout le temps, soyons heureux, quoi! C’est mon côté un peu midinette. J’ai un autre côté de moi qui est très sombre, qui n’oublie pas que toute vie va de toute façon finir par la mort et qu’on court tout droit à notre perte. Alors, au moins, ayons une histoire d’amour avec une fin heureuse de temps en temps!»

Voyez la bande-annonce de 2 Days in New York
En salle dès vendredi

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