Cette année-là: de la variété éparpillée
Télé-Québec a offert à Marc Labrèche un grand plateau cet automne et le pari est intéressant: parler de culture le samedi soir alors que l’auditoire est moins présent devant son écran et, plus tôt que tard, le hockey du Canadien viendra kidnapper l’intérêt des téléphages.
Avec trois collaborateurs, Simon Boulerice, Émilie Perreault et Fred Savard, Labrèche est en performance devant un public rassemblé au Club Soda de Montréal pour une proposition difficile à bien cerner, c’est-à-dire celle de revisiter une année culturelle et de lui trouver des parallèles avec 2018 – ou pas.
Cette année-là, c’est donc une année par émission (1986 et 1999 lors des deux premières) et un/e invité qui rejoint le quatuor à la table. Pour le reste, l’heure va dans tous les sens avec de la nostalgie, de l’analyse, de l’observation et beaucoup de plaisir.
Ceci dit, aller dans tous les sens vient aussi avec certains défauts, notamment celui de s’éparpiller.
Après deux diffusions, je me demande encore l’auditoire ciblé par l’émission. Les nostalgiques semblent la réponse évidente, mais les raccords entre le passé et le présent me font dire qu’on cherche à plaire un peu tout le monde en même temps, vieux et jeunes, ce qui n’est pas forcément un service que l’on rend à l’émission.
J’ai évidemment du plaisir et Marc Labrèche est en grande forme, sauf que je ne peux pas dire que je suis en amour avec le concept qui, malheureusement, est plus un obstacle au contenu qu’un véhicule.
Je m’explique.
On se peinture un peu dans le coin en s’accrochant à une année fixe du passé alors que les trois collaborateurs à la table pourraient insuffler un vent d’air frais en traitant de l’actualité culturelle d’aujourd’hui. Les trois font peu de télé, jusqu’ici, et ils offrent un beau mélange de points de vue et de parcours. Pourquoi pas exploiter ce filon et se débarrasser de la béquille nostalgique presque obligatoire afin d’obtenir du financement de nos jours auprès des diffuseurs?
Parce que Cette année-là tire justement son épingle du jeu quand on n’essaie pas d’alimenter la flamme d’antan avec l’invité et de vieilles chansons. L’équipe s’amuse, visiblement, et la présentation d’une grande tablée culturelle est rafraîchissante la fin de semaine sur les ondes. Mais, on me perd un peu avec l’approche nostalgique et ça sent plus la récupération opportuniste que la véritable idée inspirée.
Avec le titre et l’horrible indicatif musical, j’imagine qu’on ne pourra pas trop s’éloigner de la formule, mais on pourrait mettre davantage l’accent sur la pertinence des propos des trois collaborateurs et leurs regards allumés sur l’actualité culturelle de 2018.
Ce n’est pas compliqué, osons parler de culture à la télé, tout simplement, sans s’encombrer d’un concept-gadget ou d’une accroche ludique pour élargir l’auditoire.
C’est tout de même un rendez-vous que je vous recommande et qui est en intégrale sur le site de Télé-Québec.