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The White Crow: la soif de liberté de Rudolf Noureev

The White Crow, mettant en vedette Oleg Ivenko. Photo: Collaboration spéciale
Maria Pozina - Metro World News

Le danseur et chorégraphe russe Oleg Ivenko personnifie le danseur classique Rudolf Noureev dans le film The White Crow (Le corbeau blanc), de Ralph Fiennes. Métro s’est entretenu avec le nouvel acteur au sujet de cette première expérience au cinéma et de ce personnage mythique, décédé en 1993 et surnommé «le seigneur de la danse».

Comment avez-vous été approché pour ce projet?
J’ai su très tard qu’il y avait un énorme processus d’auditions en cours partout en Russie afin de trouver un danseur étoile de ballet pour tenir un rôle dramatique. J’ai reçu une invitation, mais j’ai cru que c’était un pourriel. Quelques semaines plus tard, une connaissance m’a dit qu’on pensait à moi pour jouer le rôle de Rudolf Noureev. On m’a alors demandé d’envoyer une vidéo ainsi que des informations à mon sujet. Ensuite, le directeur de la distribution a tourné une vidéo de moi pour Ralph Fiennes. J’étais très nerveux, mais Ralph m’a beaucoup aidé. Juste au bon moment, il est venu me voir et m’a dit : «Ne t’inquiète pas; aie du plaisir dans ce processus. Ressens le Noureev que je veux voir. Essaie de trouver ce sale type en toi».

L’avez-vous trouvé?
Oui, il semblerait qu’il y en ait un en moi (rires). Peu après le processus d’audition, on m’a dit que j’étais parmi les trois candidats sélectionnés et que Ralph voulait me parler. On a discuté de ma vision de Noureev. Après ça, avec ma troupe, je suis parti en tournée aux Pays-Bas et là-bas, j’ai reçu un message comme quoi j’avais été choisi par Fiennes. J’étais sous le choc; je n’arrivais pas à y croire, car il y avait de très bons candidats.

Était-ce difficile de se préparer pour le tournage?
J’ai regardé plusieurs vidéos et lu des livres, notamment au sujet de Noureev. Ralph a beaucoup consulté la famille et les proches du danseur. Le travail était énorme. Mais, bien sûr, l’objectif n’était pas de créer une copie conforme de Noureev à l’écran, parce que cela aurait été tout simplement impossible. Nous montrons notre Rudolf, celui que Ralph Fiennes voit; celui que je vois aussi.

«C’est l’histoire d’un garçon­ qui a sauté à pieds joints dans la liberté, qui est allé à contre-courant­ du système.» Oleg Ivenko, danseur et interprète de Rudolf Noureev dans The White Crow

Savez-vous pourquoi Ralph a voulu réaliser un film à propos de Noureev?
Il était inspiré par l’esprit de cet homme et la force de sa personnalité. Après tout, Noureev n’est pas seulement célèbre pour ses talents de danseur, mais aussi pour ses déclarations et son comportement.

Noureev a été louangé pour ses aptitudes en danse, mais il a aussi été très critiqué pour son arrogance et son impolitesse…
La liberté était très importante pour Noureev. Il voulait danser partout, et il s’est fait dire : «Non, tu le feras seulement en URSS». C’est de là que lui vient son esprit rebelle, son côté insolent et grossier. Il n’avait jamais peur de dire tout ce qu’il pensait. Il n’avait pas peur d’offenser qui que ce soit, il s’en foutait. Il savait ce qu’il valait. Par exemple, il ne payait jamais ses repas au restaurant. Il disait : «Je suis la richesse de ce pays. Je paye des taxes; pourquoi devrais-je encore payer mes repas?» Et je le comprends. J’ai moi-même refuser de payer dans un restaurant une fois, pour comprendre comment il se sentait. Je me suis simplement levé, j’ai quitté l’endroit, et personne ne m’a arrêté. Une semaine plus tard, je suis retourné au même restaurant, mais ma conscience m’a dit : «Paye ton repas».

Vous avez visiblement pris votre travail et votre rôle très au sérieux!
Oui, et j’ai l’impression d’avoir réussi à intégrer cette personne en moi. Maintenant, quand j’ai besoin de remettre quelqu’un à sa place, j’ai recours à la méthode «Rudolf». Et ça peut mal virer. C’est un sentiment tellement cool! (Rires)

Comment s’est passé le tournage?
Étant un acteur novice, j’ai trouvé difficile de bien rendre les émotions de mon personnage. J’ai aussi dû travailler fort pour me souvenir que je suis Oleg et non Rudolf. Je me souviens qu’après une scène particulièrement lourde, je suis rentré dans ma roulotte en larmes. Puis j’ai entendu mon nom : «On doit refaire la scène». Je me suis dit que je ne voulais pas la refaire. Mais avec le temps, j’ai acquis de l’expérience. Et, bien sûr, Ralph Fiennes m’a beaucoup aidé. Je l’appelle mon «papa cinéma»; il m’a beaucoup appris sur le métier d’acteur.

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