À Mont-Laurier, le théâtre d’ici et d’ailleurs en effervescence
Des Philippines à l’Italie, en passant par Haïti jusqu’en Roumanie: le Festival international de théâtre de Mont-Laurier (FITML) propulse définitivement la culture d’ici et d’ailleurs. Du 5 au 11 septembre, des troupes venues de partout dans le monde y présentent des spectacles dans leur langue d’origine. Zoom sur l’événement culturel et régional de l’été.
Créé en 2003 et présenté aux deux ans, le FITML tire ses origines de la pièce «Douze hommes en colère», de Reginald Rose, que Double Défi monte et produit depuis 1997. Avec le temps et le bouche-à-oreille, l’organisme a rapidement été amené à présenter des spectacles en Belgique, puis au Maroc, dans des grands festivals de théâtre. Ce qui a fait germer une idée: pourquoi pas à Mont-Laurier?
«L’idée de faire notre propre événement est venue après avoir participé à plusieurs autres rendez-vous culturels bien installés. On s’est dits à un moment donné: et si nous, on essayait à notre façon?» -Marie-Claude Doré, présidente de Double Défi
Depuis un peu plus de 20 ans, son groupe a redistribué près d’un quart de million aux entreprises de la région sous forme de bourses. «Souvent, quand on veut faire un projet, on va vers des partenaires, des commerçants ou la Ville pour le créer. Double Défi a été mis sur pied pour inverser cette habitude. Chez nous, c’est le théâtre qui redonne au monde des affaires», illustre la présidente.
En plus de ses retombées touristiques et culturelles, le festival amène aussi une dose de multiculturalisme en régions, d’après Marie-Claude Doré. «L’italien et l’arabe sont des langues qu’on entend très rarement ici à l’épicerie. Pourtant, les gens ont l’audace d’aller découvrir, de se donner la chance de comprendre chaque pièce», soutient-elle.
«On dit que chaque dollar investi en culture équivaut à 7$ de retombées pour le milieu. C’est un peu ça, notre festival. C’est un gros événement malgré son petit budget.» -Marie-Claude Doré, présidente de Double Défi
S’il parvient à «monopoliser toute la ville et la région des Laurentides» le temps d’une semaine, le FITML attire de plus en plus de Montréalais, d’après ses organisateurs. Et pour cause: pour la première fois cette année, des autobus ont été offerts depuis la métropole afin de permettre aux festivaliers d’accéder plus facilement au site.
La culture en région, négligée?
Ce n’est un secret pour personne: en régions, il est souvent plus difficile d’accéder à des subventions gouvernementales en matière de culture. Pour l’organisatrice du festival de Mont-Laurier, la situation doit changer rapidement.
«On voit que les régions ne sont pas très favorisées, ou du moins qu’elles le sont beaucoup moins, même si les organismes ont des saines gestions, explique-t-elle. Ça devient tellement complexe d’accéder à du financement parfois qu’on aurait envie d’abandonner.»
En entrevue à Métro, le 3 septembre dernier, la ministre de la Culture Nathalie Roy a promis des «bonifications importantes» pour la culture en région, «partout où les gens considèrent qu’ils sont sous-financés».
«Les régions, c’est le temps qu’elles aient de l’argent. Les sous vont être mieux distribués à la grandeur du Québec pour toutes les organisations culturelles de façon équitable.» -Nathalie Roy, ministre de la Culture, en marge de l’annonce d’un investissement provincial de 11,9 M$ au Théâtre du Nouveau Monde (TNM).
Appelée à réagir sur cette question, Mme Doré s’est fait prudente, mais très enthousiaste. «Je souhaite de tout mon cœur qu’on voit des changements. Déjà, il y a deux ans, lors de notre dernière édition, c’était la volonté du gouvernement de développer des festivals en région, et d’être conséquent. On a besoin d’une réforme», envisage-t-elle.
Le Festival international de théâtre de Mont-Laurier se termine mercredi soir, avec un gala de clôture récompensant les meilleures représentations.