Victoria Charlton, la reine québécoise du «true crime»
La youtubeuse du crime Victoria Charlton publie en mars le deuxième tome de son livre Gardez l’oeil ouvert. Dans un style très oral, la Québécoise revient sur 15 affaires non résolues à travers le monde. Rencontre avec la reine du true crime francophone.
Gardez l’œil ouvert, car on ne sait jamais… des histoires mystérieuses, il s’en passe très souvent et elles peuvent ne jamais se résoudre. Victoria Charlton, la youtubeuse et auteure québécoise spécialiste des crimes, raconte 15 affaires non résolues dans son nouveau livre Gardez l’œil ouvert – Tome 2 (Les Éditions de l’Homme).
Pour ce second opus, dont la sortie est prévue le jeudi 18 mars, Victoria Charlton ne s’est pas restreinte aux disparitions comme dans le premier tome, car «cela limitait beaucoup les histoires à raconter». Son spectre s’est élargi aux meurtres non résolus et autres affaires mystérieuses, même si sa «spécialité» et ce qu’elle apprécie le plus sont les disparitions.
Dans ce nouveau tome, elle a aussi travaillé étroitement avec quatre familles concernées par des affaires. «Je voulais être en contact plus direct et obtenir des informations privilégiées», confie Victoria Charlton.
Parmi toutes les histoires qu’elle raconte dans ce livre, celle de la petite Pauline Picard la fascine le plus. En 1922, la fillette de 2 ans ne se présente pas au souper alors qu’elle a joué tout l’après-midi dans le jardin de la ferme familiale à Goas-al-Ludu, près de Brest.
Tout le village la cherche durant la nuit, sans succès. Trois semaines plus tard, une nouvelle parvient aux parents. Pauline Picard est retrouvée près de Cherbourg, à 400 kilomètres de chez elle. Mais est-ce vraiment Pauline ?
Un mois plus tard, un cycliste retrouve près de la ferme des Picard, un corps semblable à celui de la petite fille, dont les affaires correspondent à celles que portait Pauline Picard lors de sa disparition. «Ça n’a pas de sens, réagit Victoria Charlton, j’ai analysé cette affaire sous tous les angles, je ne comprends pas. J’étais bouche bée».
Mais impossible de résoudre cette affaire, même 100 ans après. A l’époque, beaucoup de journaux du monde entier ont raconté l’événement, ce qui permet à l’enquêtrice du web de trouver une multitude d’informations, souvent contradictoires. «J’ai eu de la chance, car c’est un cas à part, mais cela m’a demandé beaucoup de recherches pour clarifier le déroulement des événements», explique-t-elle.
Victoria Charlton a rédigé son deuxième livre dans un style très oral. Comme pour ses vidéos, la youtubeuse qui vit entre Québec et le Mexique crée un script et le «raconte avec [s]es mots». Elle préfère sans doute tourner des vidéos plutôt qu’écrire des livres, même si elle ne le dit pas clairement : «Je pensais qu’écrire était facile et ça a été la chose la plus difficile à réaliser. Je n’ai pas aimé écrire mon premier livre, c’était très dur».
«Je sais qui a tué ton père»
Victoria Charlton a commencé sur Youtube avec des tutoriels de maquillage, mais sans rencontrer de véritable succès. C’est en racontant d’obscures affaires criminelles, dont l’histoire d’Elisa Lam, que le nombre de vues commence à réellement décoller, au point d’être désormais la reine du true crime francophone. Aujourd’hui, elle cumule 546 000 abonnés sur Youtube, 111 000 sur Instagram et 35 000 sur Twitter.
Rien que ce mois-ci, 20 familles l’ont approchée sur les réseaux sociaux pour lui rapporter des affaires non résolues. Jusqu’au bout, elle essaye de répondre aux messages et commentaires, «bien souvent ceux négatifs», dit-elle.
Certains lui ont reproché d’avoir raconté des histoires dans son premier livre qu’elle avait déjà mises en ligne. «Mon livre s’adresse à un public plus large que ma communauté Youtube, mais je comprends pourquoi cela les a gênés», confie-t-elle.
Mais à part cette critique, la relation qu’elle entretient avec ses abonnés reste toujours positive. Elle conduirait même prochainement à la résolution de sa première affaire. «En ce moment, on est sur une bonne piste», explique-t-elle.
La reine du true crime a été approchée par une Québécoise de 20 ans, dont le père a été assassiné quand elle avait 11 ans. L’affaire est restée en suspens faute d’indices. «Je l’ai reçu récemment dans une vidéo, et quelqu’un lui a envoyé plein de messages juste après disant “je sais qui a tué ton père”».
Gardez l’œil ouvert donc, car on ne sait jamais… des histoires mystérieuses, il s’en passe très souvent et elles peuvent un jour se résoudre.