Le Mauritanien, c’est lui
L’ancien prisonnier de Guantanamo Mohamedou Ould Slahi croit que le récent film biographique met en lumière une guerre qui a été menée sous silence par les autorités américaines.
Mohamedou Ould Slahi, dont l’histoire vécue est la trame narrative du nouveau film Le Mauritanien, a lancé mardi qu’il espère que son histoire contribuera à fermer une fois pour toutes la prison tristement célèbre de Guantanamo où il a été torturé durant une détention injustifiée qui s’est étalée sur 14 ans.
«Nous voulons que ce film contribue à libérer les 40 derniers prisonniers de Guantanamo. Ce sont 40 personnes qui sont à cet endroit depuis trop longtemps», explique l’avocate de celui qui a passé plus d’une décennie injustement emprisonné, Nancy Hollander. Avec la récente sortie du film Le Mauritanien ainsi que My Brother’s Keeper, un court documentaire publié par The Guardian, elle croit que la prise de conscience soulevée par ces productions filmiques peut changer les choses. Malgré la promesse électorale de Barack Obama durant sa campagne présidentielle de 2008 de fermer la prison, elle accueille toujours des prisonniers à ce jour.
Fermer Guantanamo
L’équipe derrière le film Le Mauritanien ne cache pas les intentions derrière le film inspiré du mémoire publié par M. Slahi en 2015. «C’est le pouvoir des films d’Hollywood. Ils peuvent changer l’opinion publique», lance le réalisateur Kevin MacDonald. Il croit que le cinéma est une plateforme pour débattre d’idées et espère ainsi que la grogne populaire contribuera à fermer pour toujours la prison de Guantanamo.
«Mon énergie en ce moment est concentrée à fermer Guantanamo et empêcher à jamais les détentions indéfinies», a expliqué Nancy Hollander. Celle qui représente toujours un client détenu à la prison située sur l’île de Cuba croit que le film peut aider à sa cause. «À la sortie du mémoire, nous voulions que le livre contribue à le faire sortir de prison. Et ça a fonctionné!» Elle espère que Le Mauritanien aura un impact similaire pour les prisonniers restants.
Un cauchemar bien réel
L’histoire de Mohamedou Ould Slahi donne froid dans le dos. Il est arrêté dans son pays d’origine à la demande des forces armées américaines en novembre 2001. Après avoir transité par la Jordanie et l’Afghanistan, il aboutit en août 2002 à Guantanamo. On lui reproche d’être mêlé aux attaques du 11 septembre 2001 puisqu’en 1990, il a passé du temps dans un camp d’entraînement d’al-Qaïda et qu’il a déjà fréquenté la même mosquée que des terroristes connus pendant qu’il vivait à Montréal.
En 2006, Amnistie internationale se porte à la défense de M. Slahi. L’organisation accuse le gouvernement américain d’avoir «violé les lois internationales» et que sa détention a «mis en péril ses chances d’obtenir un procès». Les informations incriminantes obtenues contre le Mauritanien ont été obtenues sous le couvert de la torture. Ces appels à la justice restent sans réponse et M. Slahi reste à Guantanamo pour 10 autres années jusqu’à sa libération, le 17 octobre 2016. Même s’il est maintenant libéré, il ne peut quitter la Mauritanie.