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The Offspring toujours ancré dans son époque

Dexter Holland Photo: Corey Perrine/Getty Images

Après plus de 30 ans de carrière, les vétérans californiens du punk-rock The Offspring sortent un nouvel album aux guitares toujours aussi mal peignées et aux propos hérissés par la montée des mouvements «anti-démocratiques».

Dès que l’entrevue en vidéoconférence démarre, les deux leaders Dexter Holland (chant et guitare, 55 ans) et Noodles (guitare, 58 ans), installés dans leur studio d’enregistrement d’Huntington Beach en Californie, se montrent à l’image de leurs chansons: potaches mais aussi concernés par les tourments actuels.

Le titre de leur dixième album qui sort vendredi chez Concord Records, Let the bad times roll, colle à l’époque en détournant ironiquement Let the good times roll, standard popularisé notamment par Ray Charles ou Muddy Waters. L’invitation d’origine à profiter du bon temps est donc devenue une posture bravache face aux catastrophes en cascades.

«Le morceau a été écrit avant la pandémie, il faisait référence aux évènements politiques qu’on a vécu depuis quatre ans aux États-Unis et dans le monde», commente Noodles, cheveux hirsutes bicolores et lunettes de geek.

Comme il le détaille, les thèmes de «l’injustice raciale, sociale, économique; la montée des mouvements anti-démocratiques aux États-Unis et dans le monde» parsèment l’album.

The Offspring et le virus

À tout ça est venue se greffer la crise sanitaire. «Chaque année qui passe étant pire que la précédente […] on finit par se dire, “bon allez-y, envoyez tout!”. C’est quoi la suite, une météore géante?», poursuit-il.

Concernant la Covid-19, le jour où les deux comparses nous parlent, le guitariste a rendez-vous pour sa première dose de vaccin, tandis que Dexter Holland, boucle d’oreille et tignasse sculptée au gel, a déjà eu les deux siennes.

Dans le clip du morceau-titre du disque, des représentations du virus font d’ailleurs leur apparition. «Quand on fait une vidéo, on a le souci d’être ancré dans une époque, mais de ne pas faire daté non plus; mais, bon, on s’est dit que les gens n’étaient pas près d’oublier ce virus», ajoute Noodles.

À noter que Dexter Holland a repris ses études sur le tard et décroché ses diplômes de biologie moléculaire, en travaillant sur le VIH. Mais inutile de vouloir l’entraîner sur le terrain scientifique, le chanteur dégage directement en touche: «Je me suis juste assuré que le virus représenté dans le clip était correct». Et de s’esclaffer puisque le modèle représenté en animation possède des yeux et des dents…

«Ouvrir les yeux»

Mais d’autres messages passent dans cette vidéo à destination d’un jeune public: le téléphone mobile est un petit «Alien», inspiré du film de Ridley Scott.

«Cette technologie a de bons côtés, mais on peut aussi finir par être aliénés, tomber dans une existence virtuelle, voir notre façon de penser changer en fonction de ça», développe Noodles. Et de rebondir sur les menaces de la désinformation. «J’ai vu le documentaire d’HBO sur Qanon [NDLR: mouvement complotiste pro-Trump] : comment des gens ont pu s’impliquer là dedans, alors que ça ne repose sur aucune réalité?».

Ainsi va The Offspring, fort de 40 millions d’albums vendus, avec ses textes qui veulent «ouvrir les yeux» comme le souligne Dexter Holland (Behind your walls évoque la dépression) et ses hymnes taillés pour les stades.

Tout le monde a encore en tête leur accroche «You gotta keep ’em separated» déclamée sur leur tube Come out and play (1994). Cette fois, ils délivrent un refrain-détonation sur This is not utopia et une balade, Gone away requiem, pour tenter de gravir les palmarès par deux faces distinctes.

Se voient-ils encore faire ça pendant dix ans? «Dans dix ans, on fera la première partie des Rolling Stones, on traînera avec Keith [Richards] à boire de la vodka et fumer du hasch», se marre Noodles. On ne se refait pas.

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