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Lana Del Rey, la revanche de la diva pop

Lana Del Rey, la revanche de la diva pop
«Chemtrails over the Country Club», le septième album de Lana Del Rey, est sorti le 19 mars dernier. Photo: Collaboration spéciale Polydor

Taxée de produit factice à ses débuts, Lana Del Rey s’impose comme une auteure pop incontournable, hyper-productive, avec deux bijoux en trois ans, Norman fucking Rockwell ! et le récent Chemtrails over the country club.

Entre les deux, l’Américaine s’est même offert le luxe d’un recueil de poèmes — plus difficile d’accès — mis en musique, Violet bent backwards over the grass.

Chemtrails…, sorti en mars (chez Polydor/Universal), prolonge la magie de Norman… (2019). Deux albums co-produits avec Jack Antonoff, architecte sonore qui magnifie la mélancolie de la compositrice-interprète.

Dans son dernier opus, Lana Del Rey cueille d’entrée l’auditeur avec White dress, chanté d’une voix de cristal joliment ébréchée, et le morceau-titre Chemtrails… qui s’achève sur un souffle de batterie hypnotique.

L’artiste, qui reprend aussi Joni Mitchell (For free) en conclusion, s’est faite aussi rare en interview qu’elle est prolifique (elle promet encore un autre album pour 2021).

Un retrait médiatique qui s’explique par l’accueil critique cruel à l’époque de son tubesque Born to die (2012), entre railleries sur son recours à la chirurgie esthétique ou étiquette de starlette fabriquée par les studios.

«Je n’ai vraiment pas aimé ça»

«La façon dont les choses ont commencé pour moi, dans la façon dont j’ai été dépeinte, c’est que je feignais sensibilité et émotions. Je n’ai vraiment pas aimé ça», confie la chanteuse dans Mojo, revue musicale britannique, la seule à qui elle a accordé une interview pour la sortie de Chemtrails… .

«Le cas de Lana Del Rey est très parlant de la façon dont on traite les femmes dans la musique dès qu’elles ont la prétention d’avoir un minimum de culture. Comme elle est hyper-apprêtée, qu’elle joue sur une image de pin-up, on s’attendait à ce qu’elle feuillette seulement Variety, or elle lit beaucoup», analyse pour l’AFP Sophie Rosemont, journaliste et auteure de Girls rock (éditions Nil).

Elizabeth Woolridge Grant, son vrai nom, n’est pas la première à subir les foudres machistes d’une partie de la critique rock. «Rolling Stone avait cartographié tous les mecs (des musiciens connus, ndlr) avec qui était sortie Joni Mitchell au début se carrière…», rappelle Sophie Rosemont. Joni Mitchell, la surdouée de Laurel Canyon (quartier de L.A et fief d’une talentueuse communauté artistique), avait même été surnommée «Queen of El Lay», jeu de mots sexiste jouant sur les sonorités anglophones de «Reine de L.A» et «Reine des coucheries»…

Hommage à Nancy Sinatra

Lana Del Rey a aussi été passée au lance-flammes par Kim Gordon, ex-bassiste iconique de Sonic Youth. «Des nanas comme Lana Del Rey ignorent ce qu’est le féminisme et pensent que ça veut dire (…) coucher avec des hommes répugnants et plus âgés» écrit-elle ainsi dans son autobiographie Girl in a band (éd. Le mot et le reste). Même si dans ce cas, Sophie Rosemont nuance: «Kim Gordon, et c’est pour ça qu’on l’aime, est hyper-méchante avec tout le monde, une des rares qui dise que personne ne peut se blairer dans le show-biz (rires)».

Mais depuis Norman…, la critique est unanime et élogieuse pour Lana Del Rey (35 ans). «Elle explore davantage le territoire nord-américain, tout ce qui déconne, du patriarcat, à la non-mixité, elle s’interroge», décrypte Sophie Rosemont.

Et LDR sait toujours aussi bien s’entourer. A ses débuts, elle avait fait appel à Woodkid pour ses clips, qui profitent désormais de la patte du duo BRTHR (The Weeknd, Travis Scott, Selena Gomez, etc).

Pour la reprise de Joni Mitchell, elle est aussi épaulée par les voix de ses amies chanteuses Zella Day et Weyes Blood. Et Joni Mitchell n’est pas la seule de ses aînées à qui elle rend hommage, puisque Lana Del Rey se présente souvent comme une «Nancy Sinatra gangster». «Elle m’a fait un si beau cadeau en disant cela, elle a remis mon travail en avant», commente d’ailleurs l’interprète du mythique These boots are made for walkin’ dans Rolling Stone.

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