«Occupation Hood»: reflet de la diversité québécoise
Les activités étant restreintes depuis le début de la pandémie, les jeunes se tournent vers un nouveau divertissement: les diffusions en direct sur Instagram. Un utilisateur en a fait sa marque de fabrique en créant sa propre émission, nommée Occupation Hood.
Le concept s’inspire directement de l’émission de télé-réalité québécoise Occupation Double. Tai, l’animateur et fondateur de l’émission, invite les candidats à venir se présenter sur le direct afin de rencontrer leur potentielle moitié.
L’objectif est clair: être le prétendant parfait afin de conquérir le cœur de sa dulcinée, et ce, en seulement cinq minutes. Si le candidat n’est pas assez convaincant, Tai lui indique gentiment la sortie en écartant ce dernier de l’émission. L’idée est venue à son créateur lors d’un direct pour une autre occasion, où ses abonnés ont suggéré à Tai de créer une émission de rencontre pour les jeunes du quartier et lui ont donné l’idée de l’appeler Occupation Hood.
«Occupation Hood représente mieux le visage du Québec.» – Kininga Agnès Kiese, étudiante au collège Montmorency
Un format pour tous
Le format de l’émission est assez simple. Tai s’installe dans un coin de son appartement et lance le direct puis attend quelques instants afin qu’un maximum de personnes arrivent sur la plateforme. Lors de sa dernière émission, plus de 16 000 internautes étaient au rendez-vous. Laurianne Petit, 25 ans et coanimatrice d’Occupation Hood, avoue que c’est un format idéal qui marche sur Instagram.
«À la base, Tai avait déjà une grosse audience sur les réseaux sociaux, mais le fait que l’émission se déroule sur Instagram, cela attire beaucoup plus de jeunes, car tout le monde en général possède un compte Instagram», a-t-elle confié lors d’une entrevue accordée à L’Atelier.
Occupation Hood est une émission visant principalement les jeunes adultes de 18 à 30 ans. Toutefois, pour l’animateur, l’objectif premier est de cibler les jeunes issus de la minorité culturelle qui, depuis plusieurs années, montrent du doigt le manque de diversité dans les médias québécois. Pour cette raison, des jeunes comme Tai prennent l’initiative de développer leurs propres projets, à leur image au moyen de plateformes accessibles à tous.
«Le fait qu’il y ait beaucoup de diversité dans le direct est très divertissant, mais donne surtout l’occasion aux jeunes de partager les mêmes expériences et ainsi de créer une communauté», ajoute Laurianne Petit. C’est justement ce qui attire plusieurs candidats de l’émission.
«Selon moi, Occupation Hood représente mieux le visage du Québec puisqu’on voit des gens de partout et des accents de partout», a confié Kininga Agnès Kiese, étudiante au collège Montmorency.
«Quand tu écoutes Occupation Hood, tu as trois fois plus de chance de voir des Noirs, des Arabes, bref la diversité du Québec», a ajouté Eduarda Tavares, étudiante en comptabilité, qui avoue que, si Occupation Hood se retrouvait à la télévision, elle s’y inscrirait sans aucune hésitation.
Pour Kininga Agnès, la participation se fera uniquement si c’est Tai qui est à l’animation, et pas une autre personne. Pour cette dernière, il faut que le concept reste le même que sur Instagram pour conserver cette diversité.
Un public interactif
La section des commentaires du direct permet aux spectateurs d’interagir directement avec les candidats et l’animateur. Cependant, cela peut engendrer un certain danger, selon Fama Tounkara, étudiante à la maîtrise en neurosciences à l’Université McGill.
«Le désir de créer des liens avec les autres est normal, surtout dans les temps actuels, par contre, cette participation du public engendre souvent de l’intimidation à cause des commentaires méchants», a-t-elle souligné.
Selon Mme Tounkara, la présence du public a ses bons côtés comme ses mauvais, et cela peut vite changer la dynamique que peut avoir une émission de ce genre.
À l’inverse, le public qui regarde Occupation Hood recherche cette liberté d’expression et cette facilité à s’exprimer sur les sujets abordés lors des directs. C’est une particularité de l’émission que les auditeurs aiment, car il n’y a pas de tabous et tout le monde peut ajouter son grain de sel comme bon lui semble.
Ce texte a été produit par l’École des médias de l’UQÀM. Le texte original se trouve ici.