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Michel Tremblay met Tchekhov à la sauce québécoise

Michel Tremblay
Michel Tremblay Photo: Laurent Theillet

Le Théâtre Prospero accueillera sur ses planches la pièce Platonov, Amour Haine et Angles Morts d’Anton Tchekhov pour 15 représentations du 23 novembre au 11 décembre prochain dans une version traduite en québécois par le célèbre écrivain Michel Tremblay. Métro s’est entretenu avec lui au sujet de cette pièce si singulière dans l’univers de Tchekhov.

La metteuse en scène Angela Konrad revisite cette œuvre que le jeune Tchekhov avait commencée alors âgé de 18 ans et qu’il n’aura jamais terminée. Elle est allée chercher les thèmes qui l’intéressait pour proposer une nouvelle structure de la pièce et faire une synthèse de cette œuvre inachevée.

Diane Ouimet, Pascale Drevillon, Violette Chauveau, Marie-Laurence Moreau, Debbie Lynch-White et Olivier Turcotte – Platonov, Amour Haine et Angles Morts . Photo: Maxime Robert-Lachaîne

« Après avoir lu ma traduction en québécois d’Oncle Vania, [Angela Konrad] m’a demandé si ça m’intéresserait de faire une nouvelle traduction québécoise de façon à rapprocher le texte de nous ici au Québec et de rapprocher Tchekhov des spectateurs », explique Michel Tremblay.

C’est la structure que proposait Angela Konrad et l’excessivité des personnages de la pièce qui ont plu à Michel Tremblay.

« C’est très intéressant des personnages qui passent dans une même réplique de la douleur à la joie ou de l’espoir au désespoir, dit-il. Ce sont toutes des pièces qui ont une espèce de fond de mort qui est très intéressant pour moi ».

Selon Michel Tremblay, la structure que propose Angela Konrad fait du personnage principal qu’est Platonov, un « monstre d’égoïsme, mais généreux » dans sa relation avec les femmes.

Rapprocher Tchekhov des Québécois

C’est dans un désir d’adapter la pièce de Tchekhov non seulement au public, mais aussi aux acteurs québécois qu’il a effectué la traduction de la pièce.

« Les gens qui vont venir voir le spectacle pourront apprécier le fait que Tchekhov sonne un peu comme nous », dit Michel Tremblay. 

Loin de vouloir changer le sens des répliques, l’écrivain explique que la traduction cible l’accent et la structure des phrases.

« C’est plus facile aussi pour des acteurs de revenir à leurs racines, explique-t-il. Ces derniers peuvent aller plus loin dans les émotions, car cela sonne comme eux parlent ».

Renaud Lacelle-Bourdon, Violette Chauveau, Marie-Laurence Moreau, Pascale Drevillon. Photo: Maxime Robert-Lachaîne

Il souligne que le grand défi de la traduction d’une telle pièce est de « respecter l’auteur ».

« Il faut se contenter de dire dans sa langue ce que l’autre auteur a dit », ajoute-t-il. À chaque réplique, le défi était de redire exactement la même chose, mais dans mes mots ».

Pour Michel Tremblay, le plus important dans une pièce traduite est que « l’on n’entende pas l’autre langue » soulignant qu’un traducteur doit « se faire oublier ».

Il invite donc le public à venir voir cette pièce dans laquelle les émotions de l’époque se retrouvent au travers de comédiens et comédiennes d’aujourd’hui.

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