Dany Laferrière rend un dernier hommage à Marie-Claire Blais
Les hommages se multiplient à l’endroit de l’écrivaine Marie-Claire Blais depuis l’annonce de son décès mardi soir. Son confrère et ami Dany Laferrière salue avec poésie la mémoire de cette «nageuse en eaux glauques» dans une lettre ouverte.
Dans un texte intitulé «Marie-Claire jusqu’au bout de la nuit», l’auteur montréalais met en lumière l’immense talent de l’autrice des romans La belle bête, Une saison dans la vie d’Emmanuel et, tout récemment, Un cœur habité de mille voix.
Rappelons que Marie-Claire Blais a mené une riche et prolifique carrière durant une soixantaine d’années. Elle a notamment reçu le prestigieux prix Médicis en 1966. Ses romans ont été traduits dans de nombreuses langues.
«Proust fait pâle figure devant une pareille plongée dans l’encrier», écrit l’académicien à propos de sa consœur littéraire.
Dany Laferrière s’émeut particulièrement de la dernière phrase de son roman Petites Cendres ou la Capture, qui va comme suit: «…et que le soleil était rouge à l’horizon, tel un brasier».
Quelle grâce de mettre ainsi un point rouge à une œuvre déjà étincelante! On rêve tous d’une pareille finale.
Dany Laferrière
La «Folle espérance» de Marie-Claire Blais
L’auteur salue par ailleurs la «folle espérance» qui traverse l’œuvre de Marie-Claire Blais, reconnue pour avoir donné une voix aux sans-voix à travers ses dizaines de romans.
«On se demande, aujourd’hui, le cœur étreint, qui va parler d’eux, de manière si ferme, résolue et élégante.»
Dany Laferrière compare aussi l’écrivaine québécoise au grand auteur afro-américain James Baldwin. «Prenez garde à ces prophéties d’écrivains hantés. Celle de Baldwin annonçait les émeutes raciales des années 60, et celle de Marie-Claire, qui englobe les pauvres et les solitaires, est à venir.»
«Depuis hier, le soleil est en berne dans les quartiers misérables du monde où l’on peut croiser les Petites Cendres et autres désaxés», écrit-il en guise de conclusion.