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Koriass: trouver la paix dans le chaos

Photo: Félix Renaud

Koriass est de retour. Dans vos écouteurs, à la télé et sur une scène près de chez vous. Le rappeur lance son nouvel album Abri de fortune (pour fin du monde) la semaine prochaine en plus de reprendre son rôle de juge dans la compétition de rap télévisée La fin des faibles. Rencontre. 

À écouter les paroles de ton album, tu sembles être bien présentement, serein même. Est-ce que je me trompe? 

Tu ne te trompes pas. À la sortie de mes albums, on me dit habituellement que c’est sombre. Là, ça fait du bien d’entendre que ce n’est pas le cas. Le bonheur est toujours à travailler. J’aspire à maintenir mon bien-être. Pour l’instant, je vais bien et je veux que ça reste ainsi.  

Cette sérénité se trouve même sur la pochette de ton album, sur laquelle on te voit sur un fond rose te faire tranquillement un café alors qu’autour tout est noir, empreint d’une aura de fin du monde. 

«Si c’est la fin du monde, c’est pas la fin du monde», comme je dis sur l’album. Peu importe ce qui se passe à grande ou petite échelle, la seule chose que je peux contrôler, c’est comment moi je vais gérer les événements.  

Qu’est-ce qui explique ce désir de sérénité dans ta vie? 

C’est le résultat de beaucoup de travail personnel, de visites chez ma psy. C’est une écœurantite de tout le drame dans mon existence. J’ai envie d’une vie paisible. J’ai vécu des passes difficiles dans les dernières années. Je ne veux pas y retourner. Je préfère entretenir ce qui est bon, ne pas ruminer le passé, regarder en avant… Un discours peut-être cliché, mais qui est vrai.  

Qu’est-ce qui t’a inspiré pour l’écriture de cet album? 

L’état du monde qui ne va vraiment pas bien, qui m’affecte et qui vient teinter mes textes. J’ai toujours aimé la dystopie dans les œuvres d’art. Je trouve qu’il y a de la substance dans l’analyse du parcours de l’humanité. Sans être trop exploité, c’est un fil qui lie les chansons et le concept de l’album. 

Tu sembles en amour sur l’album. Ta copine a-t-elle eu une influence sur sa création? 

Partager son quotidien avec quelqu’un enrichit l’expérience humaine. Ce vécu commun vient également teinter ma création. De plus, ma blonde est artiste visuelle [@petit.myosotis, sur Instagram]. C’est d’ailleurs elle qui a fait la pochette de l’album. Toutes nos conversations ont contribué au processus créatif. Elle m’a initié à l’écriture automatique. Si j’avais fait cet album seul, il aurait été complètement différent.  

Elle n’est pas la seule à avoir collaboré à ton projet… 

En effet. J’ai proposé à ma fille de chanter sur quelques chansons parce qu’elle suit des cours de chant et de piano présentement. Elle était très contente. J’ai aussi fait des collaborations avec des artistes dont j’aime le travail. On retrouve notamment le vétéran Imposs, mon rappeur québécois préféré, une de mes idoles de jeunesse. C’est un privilège d’avoir sa voix sur mon album.  

Tu commences à être un vétéran toi aussi. Comment rester inspiré et motivé après tant d’années à faire du rap? 

Je me nourris de l’art en général. Par exemple, je m’intéresse au cinéma d’auteur étranger afin de m’inspirer pour mes vidéoclips. C’est important de rester curieux, de ne pas toujours faire la même chose, d’être audacieux. J’essaie d’aller plus loin dans l’écriture, d’être plus poétique, moins premier degré, pour trouver des images plus éloquentes. 

Toi qui es une figure de proue de la scène hip-hop au Québec, que penses-tu de l’émergence récente de nombreux nouveaux talents? 

Je me suis éloigné de l’esprit très compétitif qui m’incitait autrefois à regarder les chiffres des autres. Cette volonté de me défaire de mon ego, de le dégonfler, est aussi présente dans mon album. Le succès des uns est bon pour les autres dans le rap québécois. Il ouvre des portes par lesquelles tout le monde peut entrer par la suite. Le mouvement est présentement bien en selle. Je suis content de voir qu’il est plus inclusif et représentatif qu’avant. J’espère voir encore plus de filles dans les prochaines années.  

La deuxième saison de La fin des faibles sera-t-elle bien différente de la première? 

Oui. On nous a annoncé qu’il y aurait beaucoup de changements. J’avais hâte de les voir et je confirme qu’ils sont très positifs. Cette année, il y a huit candidats seulement au lieu de 16, et chaque épisode est consacré à une seule épreuve. Comme les candidats reviennent dans chaque épisode, on a plus le temps de les connaître et de s’attacher à eux. Chaque semaine, on reçoit aussi des juges invités qui sont super pertinents. Enfin, la façon de noter les points est grandement améliorée avec l’introduction d’un tableau de points comme dans le sport. C’est beaucoup plus objectif que l’an passé. En revoyant la première saison, j’ai constaté que j’aurais modifié certains de nos choix. 

Qu’as-tu pensé des candidats? 

Les candidats sont solides. J’ai été surpris du calibre. J’ai reculé dans ma chaise quelques fois, eu de grosses surprises, particulièrement en a cappella. Ils m’impressionnent par leur aisance. C’est tellement de pression. Je ne l’aurais pas fait à mes débuts. Voir des artistes qui se dépassent m’inspire beaucoup et me donne le goût de retourner en studio. Ils écrivent des punchlines que j’aurais voulu écrire. C’est du gaz pour continuer.  

Maintenant que l’album et le tournage de l’émission sont terminés, qu’est-ce qui s’en vient pour toi? 

Des spectacles. Mon horaire estival est très chargé. J’ai hâte de monter les nouvelles chansons avec mon band. Mais avant, il faut que je me remette en forme, que je fasse du sport et perde mon surplus de poids de pandémie. Les shows, c’est du cardio! L’aspect physique de la scène me stresse. Il y aura aussi des surprises, des projets secrets sont en préparation. Habituellement, de longs délais séparent mes projets. Cette fois, je prévois replonger dans la création assez vite. Je ne compte pas chômer. 

Abri de fortune (pour fin du monde) sera disponible sur les plateformes d’écoute dès le 1er avril. 

La fin des faibles sera diffusée dès le 29 mars à Télé-Québec. 

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