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Les muses d’Adam Cohen

Photo: Denis Beaumont/Métro

Adam Cohen est allé puiser dans ses racines pour créer We Go Home, son nouvel opus. Une œuvre d’une grande authenticité, dans laquelle il cherche à développer sa voix – qu’il avait trouvée grâce à son précédent album.

De ses trois albums solos précédents, seul le dernier, Like A Man (2011), lui avait apporté le succès. Parce qu’il avait – enfin – «trouvé sa voix», croit le principal intéressé. Cette fois, Adam Cohen voulait faire preuve de progression, aller plus loin, tout en demeurant fidèle à cette découverte. Il a trouvé comment faire en puisant à son essence. «Il fallait que j’identifie ma muse. Ma muse, il se trouve, c’est mes racines. Mes maisons, mon nom. Être père moi-même, me sentir fils et père en même temps. Essayer de créer mon terrain tout en étant très conscient de qui je suis, d’où je viens», explique-t-il.

Les liens avec son père, Leonard, et son fils, Cassius, sont au cœur de We Go Home. C’est d’ailleurs son garçon qu’on voit sur la pochette. «[L’inspiration], c’est chaque fois que je me consulte dans un miroir et que je vois mon père. C’est chaque fois que mon fils me retrouve à table, dans mes caleçons, avec une guitare; comme moi je retrouvais mon père en caleçons avec une guitare à la main à la table de cuisine. C’est… c’est répéter quelque chose, que ce soit inévitablement ou parfaitement… le destin», précise-t-il finalement, après avoir été un peu réticent à élaborer sur ce qui l’inspire. Cohen parle lentement, dans un français impec. Tout au long de l’entrevue, il fait des pauses, il réfléchit.

Sur Like A Man, Adam Cohen avait embrassé la tradition familiale dans un style épuré. Les critiques y avaient beaucoup vu une ressemblance avec le travail de son père. Sur We Go Home, on s’éloigne un peu de cette dynamique, pour en trouver une plus rassembleuse, avec des mélodies accrocheuses, qui restent agréablement en tête pendant des jours.

Mais le cheminement n’a pas été facile, et l’album est le résultat d’un sacrifice et d’un travail ardu. Un autre album, qui avait été complété – enregistré, mixé et masterisé – juste avant a pris le chemin de la poubelle. Manque de sincérité dans la démarche. «Je sentais une envie de plaire, je sentais trop de parfum, trop de gel dans les cheveux. Je sentais le trucage en fait, affirme sans gêne l’artiste. Il manquait l’âme et l’éthos que je cherchais. Il manquait surtout une fidélité au dernier disque où j’ai annoncé avoir trouvé ma voix.»

«Je ne fais plus ce job pour baiser les nanas, pour gagner de l’argent ou pour que les gens applaudissent. Je fais ça pour être bon, pour essayer d’honorer une tradition, honorer le père.» – Adam Cohen

Enregistré à la fois dans les deux maisons familiales, celle du Plateau-Mont-Royal – où se déroule l’entrevue – et l’autre, sur l’île d’Hydra, en Grèce, We Go Home est teinté de ces atmosphères. «Le but, c’était de ne pas construire des chansons. C’était de prendre des photos. De capter des performances au lieu de les construire. Donc, il est naturel que, si on fait une prise live dans un lieu précis, à un moment précis, avec un groupe de personnes, on sente le lieu.»

Le résultat de ces «clichés» confère une authenticité et une chaleur aux morceaux, effet très probablement accentué par la présence de ses collaborateurs, dont certains de longue date. «C’était non seulement important [d’être entouré], mais c’était le remède qui a changé la nature même du disque. Il fallait que je sois confortable, il fallait que je combatte mon angoisse. J’avais toujours, auparavant, vécu des défaites professionnelles et commerciales. Ce qui fait que j’étais doublement angoissé par le succès de Like a Man et que je me suis mis trop de pression. Donc, le remède et la formule étaient d’enregistrer les chansons en caleçons, en maillot de bain, en robe de chambre, dans mes salons, pieds nus, avec mes amis, dans un contexte familial, familier.»

En rafale
Les réponses d’Adam Cohen au sujet de…

  • L’avis de son père, Leonard. «Je pense qu’au dernier album, il a reconnu un changement de cap impressionnant et il m’a fait sentir sa fierté. Maintenant, il dit que j’ai complètement dépassé ce cap. Que le disque est pour lui non seulement mon meilleur travail, mais qu’il est à la hauteur des meilleurs qui ont fait ce genre de musique. Je pense que, finalement, il sait que mes chansons sont en dialogue avec les siennes, et la preuve, c’est qu’il me demande à moi, mon avis pour ses chansons. C’est la première fois.»
  • Ses souhaits pour son fils. «Je veux juste être digne de mon histoire. Je veux qu’il me respecte, que j’aie du succès ou pas, qu’il se souvienne que j’étais quelqu’un qui était sérieux, dévoué, discipliné, professionnel. Que son papa était bon.»
  • L’industrie musicale. «[Si mon fils veut suivre la même voie que moi], je ne vais pas lui dire non, mais je ne vais pas non plus l’encourager. Il n’y a plus de business. C’est trop dur.»

AdamCohen-pochetteWe Go Home
En magasin dès le 16 septembre
Spectacle de lancement à l’Église St-John the Evangelist le 18 septembre à 18h

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