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Matthew McConaughey : «Nous sommes les architectes de nos existences»

CANNES, FRANCE - MAY 16: Gus Van Sant, Matthew McConaughey and Naomi Watts attend "The Sea Of Trees" Premiere during the 68th annual Cannes Film Festival on May 16, 2015 in Cannes, France. (Photo by Pascal Le Segretain/Getty Images) Photo: Pascal Le Segretain/Getty Images

Dévoilé au Festival de Cannes vendredi soir, The Sea of Trees de Gus Van Sant a reçu un accueil… plutôt moyen. Durant la conférence de presse qui se tenait au lendemain de cette projection marquée par des huées (opinion personnelle: quelle pratique cruelle), on sentait qu’il y avait, comme diraient les Anglais, un éléphant – sans mauvais jeu de mots – dans la pièce. En marchant sur des œufs, quelques braves ont osé aborder la question. «Monsieur Van Sant… Par le passé, j’ai… adoré tous vos films… Tous sont des chefs-d’oeuvreGood Will Hunting… Last Days… Mais pourriez-vous nous expliquer… comment vous voyez ce film-ci par rapport aux précédents?» a demandé un confrère, slalomant dans les méandres du politiquement correct.

Histoire de dédramatiser la chose, le réalisateur américain, discret et poli, a rappelé cette délectable anecdote: «Certains d’entre vous étaient peut-être là, mais [en 2003], après la projection d’Elephant, il y a eu une bataille. Deux journalistes se sont mis à se donner des coups de poings. L’un criait: “Ce film est excellent!” L’autre hurlait : “Non! Il est nul!” Alors voilà. C’est Cannes.»

Assis à deux sièges de Gus Van Sant avec sa barbe broussailleuse, son accent texan et son peu de sourires (ce qui n’enlevait rien à son charisme), Matthew McConaughey a simplement noté: «On a le droit de huer autant qu’on a le droit d’ovationner». Voilà.

Il faut dire que c’est avec une réelle affection que l’acteur a parlé de l’homme qu’il incarne chez Van Sant. À savoir, un scientifique désirant s’enlever la vie, qui se rend dans la forêt d’Aokigahara, près du Mont Fuji, pour le faire. Qualifié de «fable» par certains («J’aime mieux le terme “parabole”», a précisé le réalisateur), The Sea of Trees explore les thèmes de mysticisme, d’amour à la dérive, de mort et du clash entre la science et la spiritualité.

Avouant «être un fan» de ces deux choses, McConaughey a confié, dans sa façon de parler quasi pastorale: «J’adore la logique. I llllloooooove logic. J’aime la science aussi. Et je crois que nous sommes les architectes de nos existences. En même temps, je sais que ce n’est pas moi qui ai écrit le scénario de ma vie. Il m’arrive sans arrêt des coïncidences. Et des choses qui n’ont aucune logique du tout. Dans ces temps-là, je me dis que ce n’est pas moi qui dirige. Que c’est God

Peu avant cet instant inspiré, une journaliste a voulu savoir: «Comment votre venue au Festival vous a-t-elle affecté?» «Comment ça m’a affecté?» a répété l’acteur en pouffant. Eh bien, je suis heureux d’être ici, heureux d’être invité. J’aime le film tout comme j’ai aimé l’expérience de tournage. Quand on m’a demandé: “Hey! Peux-tu venir faire un tour?” J’étais vraiment content!» Puis, usant d’une de ces images dont il a le secret (rappelez-vous la «tarte au citron et à la meringue» qu’il a mentionnée lorsqu’il a remporté l’Oscar pour son rôle dans Dallas Buyers Club), McConaughey a lancé: «Pour moi, venir ici, c’est comme… un dessert. Peu importe ce qu’on a fait, c’est ça qui est ça et merci de nous recevoir!»

Assise à sa gauche, celle qui incarne sa femme, la réservée et souriante Naomi Watts, a raconté que, pour mieux se préparer à jouer un couple qui s’entredéchire, «Matt» et elle ont échangé un grand nombre de courriels. Mais pas n’importe lesquels : c’étaient des messages que s’envoyaient non pas les deux acteurs, mais bien leurs personnages. «Parfois c’étaient de petites notes très courtes, parfois des poèmes, d’autres fois encore, de longues lettres. Tout ça dans les mots de nos personnages. Matt est un auteur incroyable.»

Les deux interprètes ont également dit avoir été fortement inspirés par Qui a peur de Virginia Woolf?, la célèbre pièce d’Edward Albee. Et pour ce qui est du thème de la mort, omniprésent dans The Sea of Trees? «Je pense que, dans toutes les formes d’art, explorer la mort est une merveilleuse façon de raconter une histoire, a remarqué délicatement Naomi Watts. Ça nous permet vraiment de trouver de meilleures façons de comprendre la vie.»

Ils ont dit…

«Elephant et Last Days étaient davantage des films faits en réaction au journalisme. Les journalistes pouvaient parler des morts, les investiguer, mais on ne laissait pas les dramaturges, comme moi, faire un film sur, par exemple, Columbine. On n’avait pas le droit d’enquêter de la même manière que les reporters.» – Gus Van Sant, revenant sur les raisons qui l’ont poussé à réaliser certaines de ses œuvres

 

Naomi Watts 2«Moi? Oui! Tout le temps! Tous les jours j’ai peur que quelque chose arrive à mes enfants.» – Naomi Watts, répondant à la question : «Avez-vous peur de la mort?»

 

 

 

Matthew McConaughey«Interstellar était une exploration de ça, là-bas (geste de la main vers le lointain), tandis que The Sea of Trees est une exploration de ça, ici (geste de la main vers son cœur).» – Matthew McConaughey, comparant le film de Chris Nolan (dans lequel il a joué) à celui de Gus Van Sant (dans lequel il a évidemment joué aussi).

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=7EvlAmCr_14

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