Musique autochtone: les 6 coups de cœur de Samian
Le rappeur et acteur Samian est à la barre de Minotan!, la toute première émission de radio entièrement consacrée à la musique autochtone sur ICI Musique.
Grâce à l’émission, dont le titre signifie «qui aime ce qu’il ou elle entend, qui aime comment ça sonne» en langue ojibwée, l’animateur promet de faire découvrir (ou redécouvrir) les riches répertoires d’artistes naviguant sur des eaux multiples allant du rap au rock, en passant par la pop, le country, l’électro et le folk.
Un nouveau rôle qui, sans contredit, l’émerveille. «Je capote parce que chaque semaine, je découvre des artistes. Je suis comme un enfant! Chaque fois que je fais des playlists, je buzze: “Oh, oh, c’est quoi ça?”, « Ayoye, c’est vraiment bon!”», nous confie en entrevue l’interprète de Jean-Charles Dumont dans la série télé Pour toi Flora.
«Et ce n’est pas la qualité qui manque, renchérit le mélomane. Chacune des chansons de Minotan! est d’une qualité qui n’a rien à envier à qui que ce soit. On jurerait que des chansons ont été enregistrées à Memphis ou à Nashville avec les plus grands réalisateurs tellement la qualité sonore est impressionnante.»
Déjà, il recueille avec bonheur les témoignages de gens ayant découvert des artistes. «Peut-être que sans un Minotan!, on ne les aurait jamais entendus. Je pense que ça contribue à ouvrir nos horizons musicaux. On est rendus là, au Québec», affirme la tête d’affiche du film L’Inhumain.
Voici six artistes issu.e.s des Premiers Peuples incontournables dans la vie de Samian.
Une pionnière: Buffy Sainte-Marie
«Buffy Sainte-Marie, sans hésiter. C’est l’artiste qui a le plus de couilles dans le milieu autochtone. Elle a été la première. Moi, on m’a présenté comme un artiste militant, engagé, mais Buffy Sainte-Marie a fait mieux dans les années 60 et 70. Elle montait sur scène en étant extrêmement engagée. Elle a été la première à parler de l’absurdité de la Loi sur les Indiens, à revendiquer les droits des Premières Nations. C’est important de savoir que c’est une femme qui a ouvert cette voie. Et c’est pour ça qu’elle restera toujours la plus grande de tous les temps. »
Son vigoureux album folk-rock Power in the Blood, paru en 2015, a valu à l’autrice-compositrice-interprète le prix Polaris, qui encense le meilleur de la musique canadienne.
Une révélation toutes catégories confondues: Fawn Wood
«Fawn Wood, ma découverte de l’année. Elle n’en est pas à ses premiers albums, mais j’ai découvert une de ses chansons en dansant avec ma petite fille, et c’est là pour rester. Je faisais une story pour Instagram, et il y avait dans mes suggestions Fawn Wood et sa chanson Remember Me. Ç’a été un coup de cœur, une découverte immense. Elle est dans le traditionnel, elle a une voix hallucinante, c’est magnifique.» L’Albertaine compte cinq albums à son actif.
Un nouveau venu: Matcitim
«Il s’appelle Tim Ruperthouse, mais son nom d’artiste, c’est Matcitim. Il a sorti un EP dernièrement avec Musique nomade. C’est un ami de Pikogan. J’ai fait les 400 coups avec ce gars-là. C’est drôle parce qu’il m’avait écrit pour savoir si on pouvait faire jouer sa toune à mon émission, et sans même coordonner ça, notre réalisatrice l’avait déjà incluse dans notre playlist. Il m’a vraiment surpris, il fait des tounes en algonquin, c’est vraiment bon, il est à surveiller.»
Sur son minialbum homonyme paru le printemps dernier, le guitariste explore des sonorités rock pesantes, influencé entre autres par System of a Down, Stevie Ray Vaughan et Megadeth.
Un groupe: Redbone
«Redbone, le premier groupe autochtone à avoir atteint le Billboard aux États-Unis. Come and Get Your Love, il faut absolument que les gens écoutent ça. Avec leur premier hit, il est rentré dans le top 5 du Billboard 100. Avant que ces deux frères autochtones partent leur band, ils faisaient de la musique pour Sonny and Cher, James Brown et Tina Turner. Je n’en avais aucune idée! Ils ont fondé le band aux États-Unis en 69. J’avais entendu cette chanson dans plusieurs musiques de film, sans savoir que c’était un groupe autochtone.»
Un coup de cœur québécois: Shauit
«Ça fait 15 ans que je connais Shauit. On faisait des shows ensemble. Je pense qu’il fait son nom, mais qu’il y a encore beaucoup de choses à faire connaître de lui. Il reste mon roi de cœur au Québec. Il touche au reggae, à la pop, au dancehall, au folk. C’est le genre d’albums qui fait faire des détours parce que tu veux réécouter des tounes. C’est vraiment bon.»
Des pionniers: Philippe McKenzie et Willie Dunn
«Philippe McKenzie, c’est le cofondateur du Festival Innu Nikamu à Maliotenam, [qui existe] depuis 38 ans. Il a ouvert la voie à des groupes comme Kashtin, à une génération de musiciens innus qu’on connaît aujourd’hui.» L’auteur-compositeur-interprète est une icône: il est en effet considéré comme le père de la musique innue contemporaine et un précurseur de la musique folk autochtone.
«Willie Dunn, c’est le Leonard Cohen de la musique autochtone, une des plus belles voix. Quand t’écoutes du Willie Dunn, t’as envie de partir en road trip dans un vieux Dodge Ram des années 60, 70. Sa musique est imagée. Ce sont les plus grands de la musique autochtone.»
Minotan!
Le samedi de 21h à 22h
(en rediffusion le vendredi à 23h)
Offerte sur l’application OHdio