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Êtes-vous une mauvaise personne «Sans le savoir»? 

Léane Labrèche-Dor. Photo: Photo: JF Galipeau/Métro

Vous essayez d’être une personne progressiste et respectueuse, mais peut-être que vous êtes raciste, grossophobe, classiste, toxique ou misogyne Sans le savoir. C’est le titre du nouveau balado de Radio-Canada OHdio animé avec humour et sérieux par Léane Labrèche-Dor, qui reconnaît ses propres erreurs afin de mieux avancer.  

«Assumer ma candeur et mon ignorance, je trouvais ça important, parce que le but, ce n’est pas de dire “vous êtes tous des twits!” Je suis une twit, je suis la reine des twits, je fais partie des twits», rigole Léane en entrevue avec Métro.  

Léane Labrèche-Dor aurait tout pour être parfaitement au fait de toutes les subtilités des diverses formes de discrimination. Elle évolue dans un milieu libéral, elle est elle-même une femme, elle a reçu une éducation de parents ouverts sur les autres, elle appartient à une génération qu’on perçoit généralement comme allumée sur ces enjeux… Si même des gens comme elle ont des angles morts, c’est que tout le monde en a.  

Apprendre des autres… sans les utiliser 

Pour apprendre à devenir une meilleure personne, Léane s’entretient durant chaque épisode avec des gens qui subissent la problématique qu’elle cible. Dès les premières minutes du balado, alors qu’elle aborde le racisme avec le musicien autochtone Samian, elle met le doigt sur toute une question: est-ce que c’est raciste de l’inviter? 

«La problématique est à même la question, soulève celle qu’on peut voir dans le film Les hommes de ma mère. Je ne peux pas parler de grossophobie et inviter trois personnes minces. Mais inviter quelqu’un qui est gros pour parler de ça, ça fait un peu comme si on l’invitait juste parce qu’il est gros.» 

Avant d’entrer en production, Léane et l’équipe de Sans le savoir – fait par Pamplemousse Média en collaboration avec Radio-Canada ont multiplié les rencontres avec des spécialistes de ce genre de questions.  

«Je demandais comment on peut inviter ces gens-là à partager leur expérience sans qu’ils se sentent comme un pion à qui on appose une étiquette grosse comme le bras en faisant “maintenant, parle-nous de cette étiquette qu’on a décidé que tu représentais”», explique l’animatrice et comédienne.  

Si elle n’a évidemment pas de réponse complète, elle a tout de même compris que de prendre le temps de réellement discuter avec l’autre de surcroît si l’autre est présent.e dans un contexte professionnel et payé.e pour s’exprimer sur le sujet enlève déjà une partie du problème.  

«Tout le monde a été d’une générosité sans pareil. Ce sont des discussions qui ont duré deux heures, parfois trois par intervenants», souligne Léane.  

C’est là la principale critique qu’on pourrait adresser à son balado: tout ce matériel est résumé en de courts épisodes de seulement 23 minutes. C’est très court pour des sujets aussi complexes qui exigent autant de nuances, et Léane elle-même aurait bien pris le double. «Il n’y a pas de bout à l’apprentissage de ça», dit-elle.  

Reconnaître ses propres biais 

Une des impulsions derrière Sans le savoir, c’est une discussion avec Pascale Renaud-Hébert, amie de Léane Labrèche-Dor qui lui a pointé plusieurs de ses angles morts.  

«C’était définitif dans mon cœur, dans ma tête, dans ma vie que je n’étais pas raciste. C’était impossible», affirme Léane, qui a depuis réalisé que la discrimination peut être beaucoup plus subtile que la haine de l’autre.  

Elle donne en exemple son amour pour les cheveux de femmes noires, qu’elle trouve magnifiques, mais dont elle ne saisissait pas toutes les implications politiques. «Moi, j’étais comme: “j’aime ça, je trouve ça beau, j’ai envie de me friser les cheveux ben serrés pour un gala.” Ça ne part pas du tout d’une place de discrimination, mais c’est ce que ça fait.» 

Autre exemple: elle ne croyait pas être grossophobe «j’ai la phobie des araignées, mais je n’ai pas la phobie des gros»  jusqu’à ce qu’elle soit confrontée lors d’une conversation qu’on peut entendre dans le balado.  

«Quand on m’a demandé si j’avais des réflexes grossophobes par rapport à moi, là, j’ai tout compris. Le “dégoût”  je m’excuse pour le mot, mais il faut que je sois dans ce processus d’être hyper honnête que j’ai envers ces corps-là, c’est si je l’appose à mon miroir à moi. Là, c’est sûr que j’ai des agissements qui vont dans le sens d’encourager la grossophobie.» 

Léane Labrèche-Dor. Photo: JF Galipeau/Métro

Pour son fils 

L’autre motivation derrière Sans le savoir, c’est la naissance du fils de Léane Labrèche-Dor, un petit bonhomme de deux ans à qui elle s’adresse dans la conclusion de chaque épisode.  

«Ce sont des réflexions que j’ai depuis longtemps, note-t-elle. Et là, quand je suis tombée enceinte, toutes ces idées bien aériennes, je devais les accrocher à quelque chose, parce que j’allais être obligée de les mettre en pratique. Avant d’apprendre des choses à quelqu’un, il faut que je les apprenne moi-même.» 

Ces segments contribuent à la légèreté générale qui ressort du balado, malgré le sérieux des conversations. Ce ton fait de Sans le savoir un contenu très accessible et, comme le dit Léane, «l’humour est l’un des plus grands véhicules d’information.» 

Un jour, comme elle, son fils se détachera de certaines des valeurs que ses parents lui auront inculquées, puisque la société aura évolué et que certaines notions seront dépassées.  

«Cette évolution-là, je ne peux pas la contrôler, reconnaît Léan Labrèche-Dor. Et je trouve ça vraiment beau, parce que ça sera à lui de m’apprendre des choses à un moment donné.» 

Sans le savoir est maintenant disponible sur l’application Radio-Canada OHdio.  

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