Il faut sauver l’industrie touristique du Québec. Maintenant.
Madame Caroline Proulx, ministre du Tourisme,
C’est avec impatience et mais aussi appréhension que nous attendons les chiffres de l’industrie touristique pour l’été qui s’achève. Ce secteur est parmi les plus touchés par les mesures sanitaires mises en place pour lutter contre la COVID-19. Certains parlent avec soulagement d’un été étonnamment chargé dans certaines régions, parce que les Québécois ont redécouvert les paysages majestueux de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des Îles-de-la-Madeleine, ou encore la vie trépidante des grands espaces de Charlevoix. Tant mieux. Mais six semaines ne font pas une saison touristique, encore moins une année. On rapporte que les restaurants ont été complets tout l’été en Gaspésie, mais avec une capacité d’accueil maximale de 40 %, il n’y a pas de quoi célébrer. Et que dire de la situation à Montréal! C’est un désastre, le taux d’occupation des hôtels et des restaurants est famélique.
Pour être honnête, il n’y avait rien à célébrer non plus de l’annonce du gouvernement caquiste en juin dernier qui promettait « 753 millions $ pour aider à la relance de l’industrie touristique ». Au-delà du titre illusoire, on a rapidement compris que 92 % des sommes annoncées étaient sous forme de PRÊTS.
La proposition du gouvernement du Québec pour aider nos 30 000 entreprises touristiques à traverser la pire crise de toute l’histoire est donc de les endetter davantage? Des entreprises qui il y a à peine un an étaient florissantes sont aujourd’hui confrontées à un manque inquiétant de liquidités. Madame la ministre, ce n’est pas au beau milieu d’une pandémie que ces entreprises qui luttent pour leur survie vont rénover leur spa ou remplacer leurs fenêtres comme vous le proposez. C’est d’une aide directe dont l’industrie a besoin. Finalement, du plan annoncé en juin, il n’est resté que 8 % des 753 millions $, soit 58,8 millions $, pour soutenir véritablement l’industrie. Trop peu.
Madame la ministre, inutile de se faire de fausses illusions ou de recourir au jovialisme qui caractérise fréquemment l’action de votre gouvernement, car la saison touristique estivale 2020 est gâchée. Toutefois, vous avez aussi le devoir d’agir dès aujourd’hui pour sauver ce qui peut encore être sauvé; qu’allez-vous faire pour la saison du tourisme d’affaires qui s’amorce? Et pour la prochaine saison des festivals? L’industrie touristique n’a pas le luxe d’attendre des semaines avant d’être fixée.
Il faut un plan, pas seulement des mesures à la pièce, et il le faut dès maintenant, parce que des milliers d’entrepreneurs québécois, qui représentent plus de 400 000 emplois partout sur notre territoire, ont besoin de connaître la direction que vous comptez donner à la relance touristique du Québec. Parce qu’une fois qu’on a fait le triste constat qui précède, aussi bien penser à l’avenir et aux beaux jours qui reviendront lorsque la pandémie sera derrière nous, lorsque les festivals battront à nouveau leur plein dans les rues de Montréal, quand des accents du monde entier se feront entendre dans les rues de Québec et quand les produits et les paysages de chacune de nos belles régions envahiront à nouveau les réseaux sociaux des visiteurs du monde entier.
Malgré le fait que nous soyons de formations politiques différentes, je vous offre mon aide afin de convaincre les ministres séniors de votre gouvernement du bienfondé d’une aide directe, immédiate et substantielle pour notre industrie touristique d’ici à ce que les beaux jours reviennent. Car ils reviendront mais encore faudra-t-il que notre industrie touristique soit toujours en position d’accueillir et de séduire ceux et celles qui viendront nous visiter.
Isabelle Melançon
députée de Verdun et porte-parole de l’opposition officielle en matière de tourisme