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Rémunération des employés de l’État: la crise des conditions de travail est confirmée

Sonia Ethier - Collaboration spéciale

Les temps sont durs pour le mythe persistant des « gras dur » à propos des travailleuses et des travailleurs des services publics! Le 26 novembre dernier, l’Institut de la statistique du Québec confirmait, une fois de plus, le retard salarial des employés en éducation, en santé et en enseignement supérieur. L’écart de rémunération globale (incluant les avantages sociaux) entre les personnes salariées du gouvernement et celles des autres secteurs se chiffre à 9,2 %. Si on exclut les avantages sociaux, la différence salariale atteint 16,2 %. Un tel fossé a de quoi semer l’inquiétude pour l’avenir des services à la population, surtout au regard des graves conséquences du sous-investissement qui ont été mises en lumière depuis quelques mois. Depuis la crise de la pandémie, nous sommes devant une véritable crise des conditions de travail dans les services publics.

Au nom de l’idéologie, les gouvernements demandent, depuis trop d’années, de faire plus avec moins. En parallèle, pendant que ça craque de partout, un électoralisme cousu de fil blanc pousse les gouvernements à sacrifier sporadiquement les revenus publics par des baisses d’impôts et de taxes. Mentionnons, notamment, l’harmonisation de la taxe scolaire, qui prive les écoles de près d’un milliard de dollars. Les besoins en services augmentent sans jamais correspondre aux revenus. Les premières victimes de ces choix politiques sont les citoyennes et les citoyens, mais également les centaines de milliers de personnes travaillant pour l’État québécois et qui ont pour mission d’offrir ces services. Faute de conditions de travail enviables, ces derniers sont confrontés à une crise générant des problèmes quotidiens d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre.

Un retard aux allures de discrimination économique

Il faut plus que jamais donner un coup de barre pour attaquer l’hémorragie. Sachant que les femmes occupent près de 75 % des 550 000 postes en éducation, en santé, et en enseignement supérieur, comment justifier un tel retard salarial pour nos milliers de travailleuses? Les problèmes liés au sous-investissement des services publics ne se limitent pas à la précarité. Ils entraînent également un coût humain : celui du décrochage et des lésions professionnelles. Les dépenses 2020-2021 du gouvernement confirment qu’un montant de 613 millions de dollars a été versé en assurance salaire… seulement dans le milieu de la santé. Alors que ces absences pour maladie connaissent une croissance troublante de près de 50 % depuis 2015, elles ne tiennent même pas compte des coûts liés aux accidents de travail, qui augmentent dramatiquement aussi de leur côté. Plutôt que de répondre aux enjeux, le gouvernement propose, dans le cadre actuel des négociations du secteur public, de pelleter le problème en avant.

La situation qu’entretient le gouvernement est inacceptable, dommageable pour les services à la population et, à terme, intenable pour maintenir le pouvoir d’achat des femmes. Plutôt que de nourrir les préjugés, la précarité et le cercle vicieux du travail qui rend malade, le gouvernement Legault a un rendez-vous avec l’histoire. Il détient actuellement le pouvoir de permettre aux milliers de femmes des services publics d’améliorer leur situation, en toute justice. Au bénéfice des dizaines de milliers de travailleuses œuvrant dans nos écoles, nos cégeps et nos établissements de santé : l’heure est à l’amélioration des conditions de travail, plus que jamais. C’est l’avenir des services aux élèves, aux étudiants et aux patients qui est en jeu.

Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

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