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François Giguère - Collaboration spéciale

De façon prévisible les groupes de défense des droits des locataires ont été seuls à sonner l’alarme pendant les deux premières années de l’actuelle crise du logement qui sévit au Québec. Heureusement nous avons vu au cours des derniers mois un changement de cap de la part d’organismes, de municipalités, d’élus et de médias qui observent et déplorent les nombreux problèmes auxquels sont confrontés des milliers de locataires québécois.

L’explosion des prix des loyers, les « rénovictions », la rareté de logements abordables, la spéculation déchaînée, les tactiques vicieuses d’un nombre grandissant de spéculateurs et la dégradation de la qualité du parc de logements composent une tempête parfaite dans laquelle sont pris les ménages locataires de toutes les régions, de toutes origines et de tous types de niveaux de revenus.

Face à la réalité la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec, madame Andrée Laforest, s’accroche à un argument pour réfuter qu’il y a une crise du logement : les taux de logements vacants ne sont pas dans les mêmes creux qu’ils étaient lors de la crise du début des années 2000. Agrippée à ses graphiques, elle résiste au vent de colère exprimée de plus en plus unanimement.

Au début des années 2000, contrairement à la ministre Laforest et à son entourage, parce que j’étais coordonnateur d’un comité logement en banlieue de Montréal et président du FRAPRU j’étais sur le terrain, avec les victimes de la crise du logement. Et puisque je suis encore dans le domaine du logement social je peux confirmer que les situations d’il y a 20 ans et celles actuelles, drames humains inclus, sont tout à fait identiques.

Pourquoi sommes-nous en crise du logement alors que les taux de logements vacants sont plus élevés maintenant qu’ils n’étaient il y a 20 ans? La réponse est simple pour qui veut la connaître. Pendant ces 20 années, il s’est développé un secteur luxueux dans le marché locatif privé. C’est tellement vrai, qu’après la pénurie de logements des années 2000, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a créé dans son étude du marché locatif deux catégories de logements différenciés selon le coût afin de pouvoir avoir un portrait qui exclut les logements très dispendieux. Or la ministre et le gouvernement qu’elle représente ont intérêt à ignorer cette distinction et à prétendre que des logements disponibles existent et qu’en conséquence il n’y a pas de crise.

Il y a 20 ans, face à la crise du logement, le gouvernement du Parti Québécois n’a pas répondu qu’il n’y avait pas de crise en se basant sur les différences entre celle-ci et la précédente en 1976

ou sur celle de l’après-guerre. En avril 2003, le nouveau gouvernement du PLQ ne s’est pas non plus acharné à nier l’évidence. Ces deux gouvernements ont pris acte de la situation et ont agi.

Nier aujourd’hui qu’il y a une pandémie de Covid-19 au Québec sur la base que la troisième vague est différente de la première est quelque chose que personne n’oserait faire. C’est pourtant l’équivalent que font la ministre québécoise responsable de l’habitation et le premier ministre face à la crise du logement vécue par les locataires québécois. C’est le danger qui guette des élus qui décident sur la base de ce que leur disent leurs amis courtiers immobiliers, leurs enfants et certainement aussi le lobby des grands propriétaires immobiliers.

François Giguère

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