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10 solutions à la pénurie de main-d’œuvre au Québec

Photo: Archives

Il ne se passe pas un jour sans que les médias ne rapportent une nouvelle démonstration de la pénurie de travailleurs. La démographie vieillissante du Québec est la principale cause de ce phénomène qui ne s’estompera pas avant au moins 2030. Comment stopper la vague avant qu’il ne soit trop tard?

Avec 181 030 postes vacants, en hausse constante, on ne parle plus de rareté, mais plutôt d’une crise de la main-d’œuvre. Notre taux de chômage est à un plancher historique et le taux d’emplois atteint un sommet inégalé, si bien que l’élastique atteint le point de rupture. Les impacts sont largement documentés : perte de contrats, annulation d’investissements, fermetures forcées, économie régionale affectée, employés et employeurs surchargés.

Les entreprises déploient déjà plusieurs solutions : hausse des salaires, ajout d’avantages sociaux, primes à l’embauche, etc. Ces remèdes déplacent les travailleurs, mais n’en créent pas de nouveaux.

Alors que l’après-pandémie était porteuse de grandes promesses de relance, bien des pans de l’activité économique pourraient être au contraire tués dans l’œuf. Des secteurs ne pourront pas concrétiser leurs plus grandes ambitions de développement sans capital humain. Quel que soit le domaine, quel que soit le salaire, quelle que soit la région.

Les solutions existent. Elles sont sous nos yeux, on l’a répété et martelé : elles impliquent formation, innovation, mais aussi de nouveaux travailleurs. Ce sont les ingrédients martelés depuis des mois. Mais qu’en est-il de la recette?

Le CPQ publie aujourd’hui ce qui nous paraît comme les 10 solutions les plus à même d’amoindrir les effets de la crise et d’espérer une véritable relance de tous les secteurs, partout au Québec. Mais comme toute recette, il ne faut négliger aucune étape. L’ampleur de la crise est trop grande pour ne viser que des demi-mesures.

1. Valoriser l’excellence en innovation et en virage technologique

Les entreprises québécoises doivent investir massivement dans les nouvelles technologies, l’automatisation et la robotisation afin de gagner en productivité.

2. Améliorer le niveau de littératie et de numératie des travailleurs

Près d’un Québécois sur deux est en situation d’analphabétisme. Ce chiffre est une crise à lui seul. Il rend ardue toute possibilité de formation ou de requalification. Il faut offrir des cours d’alphabétisation de façon à ce que ceux-ci puissent s’adapter à l’évolution technologique.

3. Miser sur l’entreprise comme lieu de formation

La main-d’œuvre qualifiée est trop rare. Les employeurs sont prêts à former eux-mêmes leurs ressources humaines, à condition de leur offrir le soutien adéquat.

4. Attirer et retenir les travailleurs expérimentés

Le taux d’emploi des 60-69 ans au Québec demeure plus faible qu’ailleurs au pays, et encore plus avec l’Ontario. En 2020, un rattrapage aurait représenté un apport de 75 200 travailleurs. Il faut encourager fiscalement ceux et celles qui veulent demeurer à l’emploi.

5. Faire de l’assurance-emploi un outil de formation

Le gouvernement du Canada amorcera sous peu une réforme du régime d’assurance-emploi (RAE). Profitons de cette révision pour y intégrer des mesures qui inciteraient les prestataires à suivre des formations entre deux emplois.

6. Adapter les programmes pour les jeunes ni en emploi ni aux études ni en formation (NEEF)

Les jeunes constituent 54 % de la nouvelle main-d’œuvre des 10 prochaines années. Bien que cette clientèle soit hétérogène, il faut adapter les programmes d’Emploi-Québec afin d’effectuer un suivi individualisé auprès d’eux et de leurs employeurs éventuels.

7. Accélérer le virage vers la diversité

Malgré de récents progrès, il est plus difficile pour les minorités racisées, les personnes en situation de handicap, les Autochtones, les personnes judiciarisées ou issues de la communauté LGBTQ+ de trouver un emploi. Nous proposons une série de mesures afin de corriger cette aberration.

8. S’attaquer au défi de la reconnaissance des acquis et des compétences

Trop de diplômes et d’expériences acquis hors du Québec ne sont pas reconnus. Une meilleure collaboration entre le milieu de l’éducation, des organismes d’aide à l’emploi et des employeurs pourrait mener à plus de certifications.

9. Adapter le PTET à la réalité du XXIe siècle

Le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) permet de répondre plus rapidement aux besoins des employeurs que les programmes d’immigration permanente. Toutefois, ce programme est extrêmement rigide et nécessite une urgente mise à niveau.

10. Ajuster les seuils d’immigration aux besoins de main-d’œuvre

Depuis 1991, le Québec fixe lui-même le nombre de nouveaux arrivants qu’il souhaite sur son territoire. Pour toute sorte de considérations politiques, leur nombre ne cesse de diminuer depuis 3 ans. On n’accueille désormais que 12 % de l’immigration qui entre au pays, alors que nous sommes 23 % de la population totale du Canada.

Nos seuils doivent être relevés. L’emploi demeure un excellent vecteur d’intégration, à la fois sociale, économique et linguistique. Le critère salarial ne doit pas être considéré comme un frein à l’entrée, car chaque maillon de la chaîne économique a besoin d’être soutenu.

Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ

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