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Le défi de l’intégration professionnelle des autistes

Agathe Tupula Kabola - Orthophoniste et la directrice générale à la Clinique multithérapie Proaction

À l’occasion du Mois international de l’autisme, Métro donne la parole à Agathe Tupula Kabola.

On trouve des gens atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) dans tous les secteurs de l’économie et dans tous les types d’emploi. Par exemple, un entrepreneur en informatique au Danemark a fondé une compagnie, Specialisterne, qui n’engage que des gens atteints d’un TSA ou du syndrome d’Asperger. À l’heure actuelle, son entreprise génère un chiffre d’affaires de 3 M$ par année. M. Sonne, lui-même père d’un autiste, assure que ses employés sont très productifs et efficaces, à condition qu’on leur procure un environnement de travail calme, que leur routine soit respectée et qu’on leur fournisse des consignes claires.

Il est intéressant de savoir également que certaines personnes autistes agissent comme chercheuses ou formatrices sur leur propre condition. C’est le cas de Michelle Dawson, reconnue comme une sommité mondiale dans la recherche sur l’autisme, et ce, sans diplôme universitaire.

Bien que plusieurs personnes autistes intègrent le marché du travail, seulement 10 % des TSA réussissent à se trouver un emploi. Les employeurs ont fréquemment des préjugés à leur sujet et sont réticents à les embaucher. Leurs comportements inhabituels peuvent heurter les conventions sociales et font qu’elles passent souvent pour des personnes «dérangées». Ainsi, plusieurs TSA vivent de l’aide sociale malgré leurs qualifications ou occupent un emploi pour lequel elles sont surqualifiées.

Néanmoins, malgré les apparences, les TSA, et particulièrement les Asperger, ont de nombreuses aptitudes pouvant bénéficier à une entreprise : honnêteté, ponctualité, garantie de délais, souci du détail, raisonnement logique, aisance dans les tâches répétitives… Cependant, les points faibles sont à considérer : difficulté à travailler en groupe, facilement manipulables, faible estime de soi et réticence aux changements. Leur incapacité à mentir et à saisir les sous-entendus peut aussi leur attirer des ennuis. Finalement, certains TSA ont tendance à tenir des discours interminables sur leurs sujets d’intérêt, des thèmes aussi étonnants que les ventilateurs, même si ces derniers paraissent anodins pour les «neurotypiques».

Le secret pour diminuer les difficultés d’une personne autiste au moment de son entrée en poste est de préparer le milieu de travail à son arrivée. Il faut l’encadrer davantage qu’un autre travailleur, notamment parce que ses lacunes sur le plan de l’imagination réduisent sa capacité de se représenter des solutions en cas d’imprévus. Il est également recommandé de lui présenter ses collègues, puisque faire leur connaissance sera pour elle communément plus long et moins spontané que pour un non-autiste. Par ailleurs, réaliser une visite guidée des espaces de bureaux s’avérera rassurant, en plus de l’énonciation des différentes consignes, même lorsque celles-ci semblent implicites. L’idéal est de désigner parmi les collègues de l’employé autiste un accompagnateur qu’il pourra solliciter pour ses interrogations, de façon plus régulière au début, puis ponctuellement par la suite.

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de comprendre l’autisme, mais heureusement, il est possible d’offrir aux TSA de meilleures méthodes pédagogiques pour mettre en valeur leur potentiel. L’autisme est une façon différente de voir le monde qui pourrait être mieux exploitée.

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